L’OSB laminé : un produit dont il faut se méfier

L’apparition de l'OSB laminé

Bien qu'il existe des différences dans les codes du bâtiment provinciaux, des changements ont été apportés au Code pour les petits bâtiments (Partie 9) avec l'adoption de la Partie 11 par Québec en 2012, pour ajouter l'exigence d'une rupture thermique sans soudure aux enveloppes du bâtiment et une valeur R totale plus élevée, soit l’exigence de mettre un isolant rigide à l’extérieur de R4 au minimum. Apprenez-en plus sur le rôle de l'isolation en cliquant ici. 

Le marché s'est alors adapté pour répondre à ces codes et de nouvelles alternatives sont apparues : notamment, un panneau de particules orientées, aussi appelé OSB (Oriented Strand Board), avec un panneau intégré de polystyrène expansé. Une colle reliant les deux produits ensemble, le produit correspond à une valeur thermique R4, ce qui concorde avec les nouvelles exigences de l'époque. L’OSB est utilisé pour remplir la fonction de contreventement; il fait donc partie de la structure intégrante des murs et de la maison. Le polystyrène expansé (ou PSE), soit un produit issu de la pétrochimie, aussi appelé « styrofoam », est utilisé pour son excellente capacité d’isolation, dont la résistance thermique varie selon la densité. De plus, son coût est très accessible et il est facile à installer.

Après les changements aux codes, ce produit d’OSB laminé est devenu très populaire dans la composition des murs extérieurs des maisons neuves. Cependant, malgré sa popularité, nous sommes d’avis que l’installation de ce produit dans nos maisons devrait être remise en question, puisqu’il y a possibilité que cela crée des dommages collatéraux importants. La problématique repose non pas sur l’augmentation de la résistance thermique exigée par le Code, puisque ceci est bénéfique pour nos maisons, mais plutôt sur les doutes quant à la capacité du produit à remplir les fonctions d’un mur adéquatement.

Problèmes d’installation de l'OSB laminé

Pour installer le produit, les fabricants conseillent de placer le polystyrène du côté intérieur et l'OSB du côté extérieur. Cependant, cette configuration peut-être questionnée, notamment sur le placement d'un matériau à faible perméance à la vapeur d'eau du côté froid du mur, pouvant entrainer une accumulation excessive de condensation dans le mur, phénomène également connu sous le nom de point de rosée.

Dans une coupe de mur classique des maisons après 2012, en partant de l’intérieur de la maison vers l’extérieur, on retrouve les composantes suivantes :

1. Gypse
2. Fourrures
3. Pare-vapeur
4. Charpente 2x6
5. Isolant en natte
6. Contreventement
7. Isolant extérieur continu
8. Pare-intempérie
9. Fourrures extérieures verticales
10. Fourrures extérieures horizontales
11. Revêtement extérieur vertical

Or, la pose du produit d’OSB laminé combine non seulement les étapes 6 et 7, mais il les inverse aussi. Cela crée deux problèmes principaux : la condensation dans les murs et, généralement, une absence d’isolation du côté froid.

L'isolation est-elle réellement au bon endroit? 

Comme le produit correspond aux exigences d’isolation de R4 apparues au Code en 2012, dans la plupart des cas, les personnes ayant utilisé le produit n’ont pas ajouté d’isolant entre l’OSB et le revêtement extérieur, puisque le produit suffit aux normes d’isolation. Cependant, ne pas mettre d’isolant directement à l'extérieur laisse le froid traverser l'OSB. Comme le transfert du froid n’est pas empêché par un isolant, il y a un potentiel que le chaud rencontre l’intérieur des murs, créant le fameux point de rosée non désirable.

Pour contrer cet effet et respecter la science du bâtiment, on doit toujours mettre un isolant en premier du côté froid, avant de mettre un matériau à faible perméance. Ainsi, on empêche la rencontre entre des conditions froides extérieures et la chaleur des pièces de l'intérieur (lors des saisons de chauffage) qui se propage vers l’intérieur des murs. Grâce à l'isolant extérieur, la surface de condensation est maintenue à une température plus chaude et les risques qu'une présence d'humidité condense sont réduits.

Dans les faits, pour respecter les principes du Code avec ce produit, il faudrait au minimum placer la partie en polystyrène vers l'extérieur et la partie en OSB vers l'intérieur de la maison. Cependant, même si l’installation était exécutée dans le bon sens, des composantes techniques empêcheraient une mise en place adéquate du produit.

De plus, il ne semble pas que de tels produits soient conformes aux exigences énoncées à l'article 9.25.2.1 du Code du bâtiment, qui stipule que 20 % de l'isolation totale doit être située à l'extérieur du revêtement, alors que ces panneaux sont conçus avec celui-ci sur l'intérieur. Placer l'isolant à l'extérieur garderait le revêtement plus chaud et réduirait le risque de formation de condensation. Le placer à l'intérieur du revêtement pourrait avoir des résultats imprévus et indésirables.

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Faible perméance et emprisonnement de l’humidité

La principale problématique reliée à l'installation de ce produit réside dans la formation de condensation indésirable à l'intérieur des murs, notamment par l'endroit où l'isolation se retrouve, tel que mentionné ci-haut.

De l’humidité est généralement présente dans tous les murs de maisons; par contre, dans un mur bien construit selon les règles de l’art, c’est-à-dire conformément aux étapes d’une coupe de mur adéquate, cette humidité n’est pas surabondante puisque le mur a la capacité d’en assécher le surplus. La présence de l’OSB laminé expose un risque de condensation excessive, ce qui ne permet pas au mur de s’assécher correctement.

Pour mieux saisir le phénomène de condensation dans les murs, amplifié par l'installation du produit en question, on peut le comparer à la condensation qui se forme sur un verre de bière l’été : les gouttelettes sur le verre sont simplement le résultat du contact entre l'air plus chaud et humide et la surface froide du verre, ce qui entraîne la formation de gouttes d'eau visibles à la surface du verre.

Création d'une double barrière

L'OSB, associé au polystyrène expansé, présente une faible perméabilité, pouvant ainsi jouer un rôle de pare-vapeur. Couplé à un pare-vapeur déjà installé du côté chaud, il crée une double barrière : l'OSB placé du côté froid extérieur peut empêcher l'humidité de s'échapper, tandis que le plastique du pare-vapeur limite également son évaporation. Cette configuration rend difficile l'évacuation de l'humidité, qu'elle soit vers l'extérieur ou l'intérieur.

Bien qu'un certain taux d'humidité soit inévitable dans tous les murs, il est crucial que la vapeur puisse s'échapper pour éviter des dégradations. Si l'humidité est piégée sans possibilité de s'évaporer, elle compromet la performance du système d'isolation. Par exemple, la laine de verre perd de son efficacité lorsqu'elle est saturée d'eau, car ses fibres ne peuvent plus isoler efficacement.

Il est donc important de ne pas créer une double barrière à faible perméance de la vapeur, car cela entraîne l'accumulation de l'humidité. Une gestion adéquate de l'humidité est essentielle pour garantir l'efficacité énergétique, la durabilité des matériaux d'isolation et la santé du bâtiment; il est primordial que vos murs extérieurs puissent sécher.

Selon le guide de construction de maisons à ossature de bois de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) sur la perméabilité des murs, « certains produits isolants rigides, tels que le polystyrène extrudé, sont relativement imperméables à la vapeur. Lors de leur utilisation, il est important de bien choisir les matériaux de revêtement et les détails pour éviter qu'une quantité significative d'eau n'atteigne l'interface entre l'isolant et la membrane perméable à la vapeur. »

En remplaçant l'OSB par un matériau plus perméable à la vapeur, on réduit le risque d'accumulation d'humidité. Un seul pare-vapeur, situé du côté chaud des murs, est alors suffisant.

Une solution qui s’avère inefficace

La plupart des fabricants ont intégré des trous percés dans le panneau de bois, pensés comme des valves d'assèchement. Cependant, l'efficacité de ces trous est questionnable. De plus, la perforation ne permet pas nécessairement le séchage de la migration de la vapeur, qui est une migration principalement surfacique. L'humidité qui ne se trouve pas directement sous un trou ne va pas traverser le panneau, ce qui peut ainsi le saturer et finir par contaminer les autres matériaux.

En effet, la technologie de ce produit fait plutôt migrer l'humidité à travers le polystyrène, qui se condense sur le revêtement d’OSB. Malgré l'ajout de ces petits trous sur le produit, il y a toujours une forte possibilité de condensation et de dégradation de la structure par la pourriture.

L'OSB laminé est-il recyclable?

Même de façon séparée, les deux composantes du produit sont difficilement recyclables. En vie de fin utile, l’OSB est traité comme du bois, il peut donc être valorisé pour chauffer des fours industriels. De son côté, le polystyrène expansé est somme toute très peu recyclé, même si cela demeure une avenue possible.

La problématique de récupération est cependant encore plus grande une fois que ces produits sont laminés, car, en collant les deux composantes ensemble, chacune d'elles ne peut plus être récupérée ou recyclée adéquatement. Ce sont alors des matériaux qui se transforment en déchets, puisqu’ils s’en vont directement à l’enfouissement.

Dans tous les cas, nous conseillons de questionner l'utilisation de ce type de produit, simplement parce qu’il est potentiellement problématique à d’autres fonctions clés d’une coupe de mur efficace et sans risques. Bien que ce concept puisse être amélioré, de la recherche serait recommandée pour assurer que ces panneaux laminés ne posent pas de risque de condensation interstitielle.

Comment vérifier si notre maison est faite avec de l'OSB laminé?

Si votre maison a été construite pendant ou après 2012, il est possible que votre maison soit construite avec ces panneaux installés à l’intérieur de vos murs. Plus la maison est neuve, plus le phénomène de condensation dans la cavité du mur risque d'être accentué; en effet, plus le bois est neuf, plus le taux d’humidité est élevé.

Pour vérifier si c’est le cas ou non, vous pouvez effectuer le test suivant :

1. Retirez délicatement une petite section de votre revêtement extérieur. Généralement, les sections autour de la sortie de sécheuse sont plus faciles à prélever.
2. Vous y trouverez normalement le pare-intempérie, soit de longues feuilles de plastiques collées sur une autre composante du mur, par exemple, de marque Tyvek ou Typar.
3. Soulevez une section de ce pare-intempérie afin d’avoir accès à la section en dessous, si cela est possible. Si vous observez un OSB directement en dessous du pare-intempérie, cela signifie fort probablement que le panneau potentiellement problématique est installé dans vos murs.
4. Si ce n’est pas possible pour vous de soulever une section du pare-intempérie, vous pouvez simplement appuyer avec un objet rigide sur le pare-intempérie : si vous sentez que ce que vous poussez est rigide, il s’agit peut-être d’un OSB laminé. Si vous sentez que la structure sur laquelle vous poussez est plutôt molle, alors il s’agit plutôt d’un isolant et, dans ce cas, le panneau n'a probablement pas été utilisé dans votre maison.

Notez qu'il est aussi possible de retrouver de l'OSB dans la composition de votre toiture ou de votre sous-plancher. 

Quoi faire si de l'OSB laminé est déjà installé dans votre maison?

Une fois que vous avez validé que ces panneaux isolants sont bel et bien installés dans vos murs et qu’il n’y a pas d’isolant supplémentaire entre le revêtement extérieur et la section d’OSB, ou bien, si vous ou un(e) expert(e) a constaté de l'humidité interstitielle, il est possible de rajouter de l’isolant entre le panneau d’OSB et le revêtement extérieur. Il n’est pas nécessaire de retirer l’OSB laminé : en rajoutant une couche d’isolant, cela empêchera le froid de pénétrer à travers votre revêtement d’OSB vers l’intérieur des murs. Ainsi, il n’y aura pas de risque de condensation à l’intérieur de vos murs.

Vous pouvez donc retirer le revêtement extérieur dans un premier temps. Puis, ajoutez un isolant supplémentaire, tel qu'un polystyrène expansé R10 pour améliorer l'isolation contre le froid. Cela protégera le panneau d’OSB adéquatement et permettra à ce dernier de remplir sa fonction de contreventement. Ensuite, installez une fourrure verticale et replacez le revêtement d'origine.

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Les alternatives à l'OSB laminé pour les maisons neuves

Lors de la construction d’une maison neuve, vous devriez donc vous assurer que les étapes 6 et 7, soit le contreventement et l’isolant extérieur continu, soient traitées séparément, c’est-à-dire avec deux produits différents et positionnés dans le bon ordre.

Contreventement

Pour ce qui est de la fonction de contreventement, soit de la portion OSB dans le produit, les panneaux structurels peuvent ne pas être nécessaires dans tous les cas de figure. Certaines conceptions plus créatives utilisent du contreventement par l'intérieur, ou bien des contreventements métalliques en L ou « windbrace ». Ces approches permettent de limiter les problèmes potentiels au niveau du séchage. Attention, néanmoins, à bien valider la conformité aux Codes et aux bonnes pratiques avec votre ingénieur en structures.

Par exemple, vous pourriez mettre des panneaux dans les coins pour contreventer la charpente, pour ensuite venir renforcir les coins avec des L en acier. Finalement, installez des revêtements intermédiaires en matériaux perméables à la vapeur d’eau.

Il existe également des solutions avec de la fibre de bois, qui sont nettement plus perméables à la vapeur d'eau. Selon les produits utilisés, ils peuvent parfois respecter également les exigences en contreventement. Les produits de fibre de bois sont par ailleurs de bons produits environnementaux; ils sont produits avec des contenus recyclés, ont de bonnes qualités isolantes et sont souvent produits par des industries de la province.

Vous en savez maintenant plus sur l'OSB laminé et les raisons pour lesquelles il faut s'en méfier. Trouvez plus de pages sur l'isolation des murs extérieurs ci-dessous et dans nos guides sur la construction écologique. Comment éviter et supprimer les ponts thermiques?  Peut-on avoir trop d'isolation?  Survol des matériaux isolants les plus communs Le programme de subventions Rénoclimat pour l'isolation de votre maison Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.