Posséder une piscine chez soi, cela en vaut-il vraiment le coût?

Avec nos étés chauds et parfois caniculaires, les québécois décidant de se procurer une piscine sont toujours plus nombreux : on retrouve plus de 500 000 bassins de baignade au Québec, ce qui en fait l’endroit ayant le plus grand nombre de piscines par habitant en Amérique du Nord. Pourtant, posséder une piscine chez soi n'est pas de tout repos, ni rentable ou avantageux pour son portefeuille, en plus d'avoir un impact négatif sur l'environnement. 

Premier inconvénient des piscines : des coûts significatifs

Vous avez déjà une piscine chez vous ou vous songez à en installer une? Avez-vous considéré tous les coûts connexes chaque année? Bien sûr, le prix d’acquisition d’une piscine est très dispendieux. Néanmoins, les frais ne s’arrêtent pas là et il est important de tous les considérer afin d’évaluer réellement le prix d’une piscine. En effet, les coûts d’entretien de votre piscine sont significatifs et s’accumulent rapidement, tels que les coûts :

• coûts d’installation de la piscine, qui débutent à 1000$ et peuvent aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars selon le type de piscine à installer.
• coûts d’ouverture et de fermeture annuelles, qui peuvent représenter plusieurs centaines de dollars par année.
• coûts d’entretien hebdomadaire ; la filtration et l’ajout de chlore ou de sel, l’achat d’outils de nettoyage, de toile solaire, de chauffe-eau, etc.
• coûts d’électricité liés à son fonctionnement et potentiellement à son chauffage, qui peuvent ensemble représenter jusqu’à 70 % de votre facture d’électricité estivale! 
• coûts de réparations et de remplacement de pièces en cas de bris ou de fin de vie d'une composante ou d’un appareil ; dans certains cas, vous devrez faire affaire à des professionnels pour ces réparations et débourser davantage pour leurs services.
• coût d’aménagement des installations autour, comme les escaliers, les terrasses connexes, les clôtures, le pavé ou les roches, etc. Cela peut représenter des frais assez importants.
• coûts des assurances habitation, qui peuvent augmenter significativement, jusqu’à 20% ; elles sont indispensables pour couvrir les frais en cas de dégât causé par un bris de votre piscine.
• certaines municipalités imposent maintenant une taxe aux propriétaires de piscines dont la résidence est desservie par le réseau d'aqueduc.

Rappelez-vous que nous payons déjà collectivement pour les piscines ou plages municipales à travers nos taxes municipales et nos impôts. Il est définitivement plus économique de profiter de ces lieux publics que d’investir plusieurs dizaines de milliers de dollars dans l’achat et dans l’entretien annuel d’une piscine.

La durée de vie des piscines, souvent limitée

Les piscines hors terre ont une durée de vie assez limitée, qui varie normalement entre 10 et 15 ans. La toile de celles-ci peut avoir besoin d'être remplacée plus rapidement, jusqu'à aussi peu que 5 ans après l'achat. En plus des coûts reliés, cela représente une quantité non négligeable de déchets lorsque l’on s’en départit en fin de vie utile.

Les piscines creusées ont une durée de vie plus longue, selon le type de matériaux utilisés, mais maintenir une piscine creusée en bon état demande régulièrement l'intervention de professionnels qualifiés.

Dans tous les cas, évitez les piscines gonflables, leur durabilité n’est pas du tout au rendez-vous, en plus d’être constituées de matériaux qui ont un impact négatif sur l’environnement.

Il est important de prévoir le remplacement de plusieurs pièces ou appareils dont la durée de vie utile est arrivée à terme, puisque celle-ci est loin d’être impérissable. Choisir une option non durable n’est certainement pas rentable, puisque vous devrez débourser à nouveau pour remplacer les items désuets.

Un désavantage important des piscines : l'impact écologique!

L’impact environnemental de ces baignoires géantes n’est pas à négliger puisqu’elles sont une source de plusieurs effets nuisibles sur l’environnement :

La consommation d’électricité

Faire fonctionner les pompes, les filtres, les appareils de nettoyage et les systèmes de chauffage contribue à la consommation d’énergie.

Les produits chimiques et polluants

Alors que le chlore s’avère très efficace pour conserver une eau de baignade saine, ce produit doit être utilisé avec précaution. En effet, sa trop grande concentration dans l’eau, l’air et les sols peut être toxique pour les écosystèmes et la santé humaine. Il est non seulement très toxique pour les organismes aquatiques, mais, de plus, il réagit avec la matière organique présente dans l’eau pour former des composés organochlorés, également toxiques pour l’environnement.

Pour l'humain, ce bactéricide est irritant pour les yeux, la peau et les voies respiratoires, et certains des composés organochlorés générés par la présence de chlore dans l'eau sont des substances cancérogènes probables chez les humains.

Les alternatives de piscines au sel sont moins nuisibles, mais elles polluent aussi les sols lors du déversement de l’eau utilisée à la fin de la saison.

L’énergie grise des matériaux de construction et des appareils d’entretien

L’énergie grise est la quantité d’énergie consommée lors du cycle de vie d’un matériau. Or, les matériaux utilisés pour la fabrication des piscines ont un impact environnemental significatif. Pour les piscines creusées, il s’agit principalement d’une grande quantité de béton, qui est le matériau de construction le plus énergivore dans sa fabrication.

Les piscines hors-sol sont généralement faites de plastique, soit une matière qui dégage des micropolluants dans l’environnement. Les piscines traditionnelles nécessitent aussi plusieurs appareils pour leur entretien : filtres, pompes, systèmes de chauffage, aspirateurs, toiles protectrices, etc.

La consommation d’eau

La quantité d’eau utilisée pour remplir ces grands bassins est astronomique! Une piscine résidentielle contient entre 20 000 et 100 000 litres d’eau ; cela représente la consommation quotidienne d’entre 30 et 160 Québécois. Pourtant, les Québécois sont malheureusement reconnus parmi les plus grands consommateurs d’eau au monde, avec une moyenne d’environ 400 litres par personne. Les enjeux de préservation de l’eau sont très préoccupants et il est important de changer certaines de nos habitudes pour la conserver.

Un entretien fastidieux et régulier

En plus d’avoir des impacts négatifs sur l’environnement, entretenir une piscine n’est pas de tout repos, et ce, malgré une automatisation des appareils nécessaires. L’entretien du chlore est exigeant, puisqu’il demande d’ajuster la concentration de ce produit chimique dans l’eau presque tous les jours, le nettoyage des débris qui s’y accumulent peut devenir fastidieux et les filtres sont à changer plusieurs fois par saison. Pour 25 heures de baignade, vous devrez fort probablement mettre le temps équivalent en entretien, soit 25 heures.

Des enjeux de sécurité à respecter

Les piscines sont la source de risques importants de noyades chez les jeunes enfants. En 2023, la Société de sauvetage a recensé 83 noyades, comparativement à 81 en 2021 et 61 en 2022. Les noyades sont à la hausse dans les dernières années, entre autres due au retard des cours de natation pour plusieurs jeunes enfants en raison de la pandémie. Assurer la sécurité de tous chez soi est donc un autre aspect important à considérer lorsque l’on pense à installer une piscine dans sa cour arrière. Il s’agit d’une gestion qui peut être complexe et source de stress.

Pour la construction de piscine ou d’une installation connexe, il est nécessaire de faire une demande de permis auprès de votre municipalité. De plus, qu’elles soient hors terre, creusées ou démontables, les piscines sont assujetties au Règlement sur la sécurité des piscines résidentielles, et ce, peu importe leur date d’installation. Ce règlement vise principalement à contrôler l’accès aux jeunes aux piscines résidentielles, dans le but d’assurer leur sécurité. À la suite d'un report de deux ans, des règlements supplémentaires sur l’obligation d’installation de clôtures autour des piscines seront en vigueur dès le 30 septembre 2025. Tous les propriétaires de piscines devront modifier leurs installations pour correspondre aux critères d’ici cette date.

Ce règlement exige que les clôtures doivent limiter l’accès à des jeunes enfants, entre autres en :

• ayant une hauteur minimale de 1,2m
• empêchant le passage d’une balle entre les barreaux ou en dessous
• n’étant pas conçues de manière à pouvoir l’escalader aisément,
• ayant une distance maximum de 30 mm si elle est faite en mailles de chaîne
• n’étant pas constituée de haies ou d’arbustes

D’autres restrictions sont exigées au niveau des portières et des aménagements aux abords.

Inévitablement, l’achat de clôtures et les matériaux nécessaires pour répondre adéquatement au règlement s’ajoutent aux frais d’achat et d’entretien d’une piscine, en plus de devoir orchestrer des travaux de rénovations ou de constructions complexes pour répondre à ces obligations.

Pour ou contre la piscine?

En résumé, l’installation et l’entretien d’une piscine à la maison engendrent des frais importants, de nombreuses heures dédiées à la nettoyer et à la maintenir, un sérieux impact sur l’environnement et des enjeux de sécurité complexes à prévoir. Tout ça, pour seulement quelques heures de rafraîchissement par été.

Est-ce que tout cet investissement en temps et en argent en vaut vraiment la peine? C’est un pensez-y-bien : avez-vous vraiment envie de passer votre temps à vous occuper d’une piscine plutôt que de profiter du beau temps pour faire des activités amusantes à l’extérieur? Il est peut-être plus sage pour votre portefeuille et plus intéressant pour vos temps libres de se tourner vers des solutions pour se rafraîchir autrement, tout en profitant de l’été, et ce, sans piscine!

Si vous décidez tout de même de faire l'achat d'une piscine résidentielle, assurez-vous d'opter pour des méthodes de traitement et de chauffage de l'eau qui soient plus écologiques et le moins énergivore possible.