Tassement différentiel et retrait du bois dans la construction résidentielle : comment éviter le pire?

Tassement différentiel : le cas du bâtiment de Boisbriand

Un ensemble d’immeubles à condos construit à Boisbriand il y a une quinzaine d’années a récemment révélé de sérieux signes de détérioration. Du fait d'infiltrations d’eau, des moisissures ont envahi la structure de bois. Résultat : les dommages sont tels que plusieurs copropriétaires ont été forcés d’évacuer leur unité. Les vingt-sept bâtiments nécessitent aujourd'hui des travaux d’une valeur totale de plus de 54 millions de dollars. Un réel cauchemar pour ces résidents !

Selon Guy St-Jacques, expert en construction, une situation aussi catastrophique est possiblement due à la combinaison d’une enveloppe peu performante et d'un tassement différentiel du bois mal planifié. Il nous a fait partager ses conseils pour éviter de rencontrer de telles situations.   

Qu’est-ce que le tassement différentiel du bois?

Le tassement est un phénomène naturel bien connu dans le domaine de la construction. Il est provoqué par l’assèchement du bois, qui contient environ 19 % d’eau lors de son installation et en perd jusqu’à 14 % au cours de la première année.

Puisqu’il s’agit d’une caractéristique fréquente, le rétrécissement des matériaux doit être pris en compte lors de la construction du bâtiment et du choix de ses composantes. En cas de négligence, l'affaissement de la structure est amplifié, ce qui peut engendrer d’autres problèmes, notamment des infiltrations d’eau. 

Les infiltrations d'eau ne sont pas à prendre à la légère, car elles sont souvent à l'origine de la présence de moisissures. C'est le cas de figure présenté par les bâtiment de Boisbriand. À partir du moment où des champignons se forment dans une structure, on observe des conséquences à la fois sur l'esthétisme et la capacité portante du bâtiment, de même que sur la santé des occupants.

Préparer un bâtiment au rétrécissement de la structure en bois

Pour prévenir les problèmes liés au tassement du bois, tout débute par le bon choix de matériaux. Guy St-Jacques nous explique qu’il existe différents calibres de bois selon l’usage requis. Pour les murs porteurs, les ingénieurs en structure spécifient la catégorie « Select Structural #1 », permettant l’espacement des colombages à 16" et l’isolement adéquat de la cavité.

De plus, il n’est pas recommandé d’installer de l’éthafoam, une bande d'étanchéité en mousse de polyéthylène, sous les lisses inférieures. Ce matériau se compresse facilement sous la charge et absorbe l’humidité, ce qui peut provoquer le pourrissement des membrures. Le scellement se fait plutôt avec un calfatage de silicone. Selon les conditions du chantier, il est également conseillé de vérifier l’humidité relative de la structure avant de fermer les murs.

Par ailleurs, Guy St-Jacques soutient qu’il faut être prudent lors de l’utilisation de l’acier, car les poutres ne se déforment pas avec le temps, contrairement au bois. L'association des deux matériaux peut donc se révéler aussi une source de problème. Notre expert propose, pour des résultats optimaux, de supporter les poutres d’acier par des colonnes de bois calibré pour la charge requise.

Quand s’inquiéter du tassement de la structure?

Malgré tout, Guy St-Jacques nous rappelle qu’il est tout à fait normal qu’un bâtiment bouge avec le temps. Quelques fissures dans le gypse, surtout au niveau des derniers étages, peuvent apparaître. Leur présence ne signifie pas toujours une dysfonction de l’enveloppe ou de la structure, mais plutôt le vieillissement normal du bois. Si vous avez des doutes, il est tout de même important de faire vérifier votre résidence par des spécialistes en structure. Car il existe d'autres causes à l'affaissement d'un bâtiment, comme conséquence de mouvements de terrain, d'infiltrations d'eau dans la toiture, d'isolation et de ventilation défectueuses, voire de modifications inadéquates de la structure au cours de sa durée de vie...