Québec entend électrifier en partie les secteurs industriels et résidentiels ainsi que le transport pour atteindre ses cibles de réduction des GES. Du côté des transports, les objectifs incluent 40 % des taxis, 65 % des autobus scolaires et 55 % des autobus urbains de la province fonctionnant à l'électricité en 2030, en plus de la flotte de véhicules personnels. Il y aura donc des millions de véhicules électriques nécessitant une recharge sous peu. Outre les impacts sur l’économie et l’emploi, quels seront les impacts sur le réseau électrique de cette transition énergétique ?
Quel sera l’impact de 5,2 millions de véhicules électriques sur le réseau électrique ?
Au Québec, 45 % des émissions de GES sont présentement attribuables au transport. Vouloir électrifier l'entièreté du parc automobile de la province d'ici 2050 représente pas moins de 5,2 millions de véhicules routiers (voitures et camions légers personnels). Bruno Detuncq, professeur à la retraite de Polytechnique Montréal, a réalisé une analyse sur la demande électrique qu’auraient 5,2 millions de VÉ sur nos routes au Québec. En somme :
- Consommation moyenne pour une voiture électrique : 21 kWh / 100 km
- Distance moyenne parcourue par automobiliste au Québec : 15 000 km / année
- Énergie consommée par les 5,2 millions de voitures électriques : 59 PJ / année
- Rendement de conversion énergétique depuis la source jusqu’aux roues : ~ 60 %
- Énergie électrique à produire par Hydro-Québec pour le parc d’auto électrique : 98 PJ/année = 27,3 TWh
Cela représente environ 14 % de la puissance électrique actuelle d’Hydro-Québec pour satisfaire les besoins d’électrification complète du parc automobile. Mais si la somme de toutes les voitures électriques attendues au Québec ne demandera qu'une portion de la puissance actuellement installée d’Hydro-Québec, elle ne prend pas en compte le transport des marchandises (environ 35 % du total de l’énergie consommée dans le secteur des transports), ni de celle de l’industrie, des commerces, des résidences… des secteurs qui tentent tous de se tourner vers l’électrification de leurs systèmes.
Construire de nouveaux barrages électriques pour répondre à la demande?
L'électricité québécoise est un atout précieux dans le processus de décarbonation de la province ainsi que pour les voisins s'approvisionnant chez nous. Par contre, la construction de nouveaux barrages présente des enjeux importants autant au niveau environnemental, social que financier. Avant de produire plus d'hydro-électricité pour répondre aux besoins grandissants, il est impératif de se pencher sur les mesures permettant une meilleure efficacité énergétique, en plus d'opter pour d'autres modes de production tels que la filière éolienne ou solaire.
Le problème de la pointe et de la demande électrique
Le véritable défi de l'électrification consiste en grande partie à gérer la demande en période de pointe plutôt que la consommation totale. La pointe de consommation électrique est la période où la demande est la plus élevée (le matin et le soir) et peut poser problème lors des grands froids hivernaux. La production d'Hydro-Québec, couplée aux achats effectués auprès des partenaires québécois de production (éolienne, biomasse, etc.) ne suffisent généralement pas à alimenter tous leurs clients lors de ces périodes critiques. L’enjeu pourrait être encore plus important suivant l’électrification de tous les secteurs.
Hydro-Québec offre déjà des options de tarification dynamique pour encourager la réduction de la consommation lors des périodes de pointe. Du côté des véhicules électriques, la recharge devra éventuellement se faire hors des périodes de pointe pour ne pas contribuer à augmenter la demande lors de ces moments cruciaux. Des options pour adapter les habitudes de recharge sont nécessaires, car si l’électrification des véhicules personnels contribue à réduire l’empreinte écologique des Québécois (es), le dévelopement des infrastructures électriques peut avoir des impacts non négligable et doit se faire de façon réfléchie.
Favoriser les transports actifs et en commun
Favoriser les transports actifs et les transports en commun doit être une priorité. La voiture électrique n'étant pas une solution miracle, l'idéal reste encore de limiter son utilisation! Mais cela doit passer par des stratégies gouvernementales, autant pour limiter l’étalement urbain que pour faciliter les stratégies de transport faible en carbone, qui limitent les émissions de GES individuelles.
La réduction de la consommation énergétique
Pour limiter la nécessité de construire de nouveaux barrages, la réduction de notre consommation est encore et toujours la priorité numéro 1. L’électrification, même si elle permet de décarboner les activités humaines, ne doit pas être perçue comme une panacée. Le Québec doit avant tout réduire sa consommation, car de vouloir électrifier tous les secteurs, dont les secteurs du transport, tout en continuant à consommer comme on le fait actuellement est impossible. Sans parler des pertes (environ 50 % de notre énergie est perdue à travers le réseau sans n’être jamais utilisée), de nombreux moyens existent pour réduire en amont la consommation d’énergie, autant au niveau du transport que des résidences.
Pour réduire la consommation du secteur résidentiel, les habitations doivent être efficaces. Les rénovations résidentielles permettent d'améliorer l'efficacité énergétique d'un bâtiment et de nombreuses aides financières sont disponibles pour encourager les propriétaires. Du côté des maisons neuves, les bâtiments respectant des normes telles que celles des maisons nette-zéro, des maison solaires passives ou des maisons certifiées Leed ont une consommation d'énergie beaucoup plus faible par rapport aux habitations répondant simplement au code de la construction.
Vous en savez maintenant plus sur l’électrification des transports et les impacts attendus au Québec. Trouvez plus d'information sur les voitures électriques et les bornes de recharge dans les articles ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable. |
Sources :
Énergie et GES au Québec – Quelques chiffres et quelques idées. Bruno Detuncq, novembre 2021
Les plus grands défis de l’électrification des transports, Daniel Breton, PDG de Mobilité électrique Canada, ancien ministre de l’Environnement du Québec, août 2021
Le calcul de consommation n'est pas très éclairant. On connait les kwh et les Twh mais les PJ c'est quoi?
Pouquoi calculer en Joules?
L'efficacité de transmission de l'électricité est de l'ordre de 90% non de 60%. Les autos électriques dépenses autour de 21 kwh/100km en hiver seulement. En été c'est plutôt 16 à 17 kwh/100km. Bref ça ressemble plus à une publicité négative qu'à une information utile.