Les poules sont des animaux intelligents, dociles et agiles... En plus de fournir chaque matin des œufs frais, locaux, bios, sans antibiotique ni pesticide, les poules pondeuses sont pour plusieurs propriétaires un animal de compagnie apprécié. Élever des poules est une tendance en augmentation constante depuis quelques années au Québec, même en milieu urbain. Cette forme d'agriculture urbaine ainsi que les activités de production alimentaire à domicile (kombucha, pousses et germinations, légumes fermentés, etc.) et de culture potagère rencontrent un franc succès.
De nombreux Québécois en quête d'autonomie alimentaire ont sauté le pas, démontrant que ces activités sont réalisables dans toutes sortes de contextes. Mais avoir des poules dans sa cour, est-ce aussi simple qu'il n'y parait? Il est nécessaire de s'informer avant de se lancer, pour ne pas désenchanter une fois le poulailler installé. On vous présente aujourd'hui les bases pour assurer le bonheur de ces bipèdes, et une excellente qualité d'oeufs!
Comment élever des poules pondeuses: la base
Combien de poules avoir dans un poulailler?
Achetez au moins trois poules pondeuses. Elles sont faites pour vivre en groupe. Ainsi, si on perd une poule, les deux restantes pourront se tenir compagnie. En ville, le nombre pourrait être limité, comme par exemple à Québec, où un maximum de quatre poules par ménage est permis.
Avoir un coq est-il nécessaire?
Non, le coq ne joue aucun rôle dans la ponte des oeufs. Le coq est d'ailleurs interdit dans la plupart des municipalités qui autorisent les poulaillers urbains. Et comme il est bruyant, mieux vaut éviter cette source potentielle de conflits avec vos voisins.
Qu'est-ce que les poules aiment manger?
Les poules sont généralement nourries au grain, mais elles sont avant tout omnivores. En nature, elles raffolent des insectes et vers de terre, des fruits, légumes et herbes fraiches. Bref, elles mangent de tout. Elles ont ainsi besoin de viande et de végétaux, en plus de leur moulée qui leur fournit un bon apport en calcium (important si on veut qu’elles produisent de bons œufs).
Selon Martin Boisvert, permaculteur et fondateur de Néo-Terra, une poule peut ingérer 330 livres de résidus alimentaires par année (ne pas dépasser 20 % de leur alimentation journalière). Une excellente manière de détourner ses résidus des sites d’enfouissement ou de réduire le circuit du compostage. En plus, cela permet d'économiser de l'argent. En plus, vous en retirerez des œufs. Non mais qu’elle belle économie circulaire, vous ne trouvez pas? Surtout que bonifier la qualité nutritionnelle des aliments que vous donnez à vos poules bonifiera celle des œufs qu’elles pondront!
Outre une nourriture adaptée, les poules ont besoin d'eau fraîche tous les jours, été comme hiver.
Il y a tout de même certains aliments à éviter, comme les agrumes, les patates crues et épluchures, le céleri, les avocats, les tomates et les aubergines, les arachides, les fèves séchées et haricots secs, le chocolat, le café et le thé, la viande crue et les aliments transformées, le sel et le sucre. De même, la nourriture avariée ou périmée qui n’est pas bonne pour vous ne le sera pas plus pour vos poules.
Combien d'oeufs aurez-vous?
Dans de bonnes conditions, une poule produit entre 240 et 300 œufs par année (environ un par jour). Ce qui devrait amplement satisfaire la totalité des besoins de votre famille.
Quelle est la durée de ponte d'une poule?
Les poules commencent à pondre à partir de l'âge de 18 semaines, et pondent durant environ 3 ans. Mais comme elle peut vivre jusqu’à 10 ans, que faire avec sa poule qui ne pond plus? Certains groupes les récupèrent pour de la zoothérapie ou des formations, mais vous serez sans doute obligés de les garder à la maison comme animal de compagnie après leur période de ponte. Un élément important à considérer…
Garder des poules en hiver, c'est compliqué?
Élever des poules pondeuses en hiver ne présente pas de difficulté particulière. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les poules sont plus fragiles en été, quand il fait chaud et humide. Les espèces adaptées au Québec, comme la poule rousse, peuvent résister à des froids allant jusqu’à – 40 °C. Un simple plastique pour couper l’humidité et le vent suffira si le poulailler est bâti adéquatement (au sec). Car tout comme pour votre maison, la présence d’humidité est synonyme de moisissures, et donc de maladies.
Il faut éviter que l’eau gèle: des abreuvoirs électriques chauffants sont une excellente idée. Notez finalement que les poules produiront moins en hiver, par manque de luminosité naturelle.
Acheter ou construire un poulailler
Un poulailler adapté à tous les besoins des poules est indispensable: pour les protéger de la lumière, de la chaleur et du froid, mais aussi des prédateurs. Et pour des questions sanitaires, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) prévoit que le propriétaire doit garder ses poules dans un bâtiment ou dans un espace clôturé en tout temps. Les poules ne doivent pas pouvoir en sortir librement de leur poulailler.
Un poulailler doit être composé de deux espaces:
- L’un pour se percher et pondre: l'espace fermé. Prévoir 1½ p2 par poule pour un pondoir intime, Les perchoirs doivent être plus haut que le pondoir)
- L’autre pour passer la journée, manger et boire: la volière ou l'enclos. Des poules évoluants dans des endroits trop petits pourraient se blesser entre elles, et même se donner la mort. Mieux vaut aménager plus d’espace que pas assez. Prévoir 5 à 10 p2 par poule.
Il est possible de se procurer un poulailler tout prêt. Les prix varient entre 1 200 et 6 000 $ selon le modèle et la taille. Portez une attention particulière à la taille nécessaire pour accueillir vos poules: certains vendeurs offrent des poulaillers bien trop petits.
Construire soi-même le poulailler peut être une activité vraiment agréable. Et très avantageuse si on possède des matériaux récupérés. De nombreux plans sont disponibles sur le web: assurez-vous de choirisr un modèle dont le pondoir est élevé au-dessus du ol, de manière à le protéger de l’humidité et des prédateurs.
Les caractéristiques incontournables d'un poulailler
- Un toit bien étanche et des parois isolées
- Un emplacement mi-ombre, mi-soleil (de l’ombre est absolument nécessaire en été, et le soleil favorise la ponte)
- Une sécurité contre les prédateurs (loquets, clôtures…)
- Une ampoule céramique de 250 watts sans luminosité (à utiliser seulement lors de froids extrêmes)
- Du gravier au sol, sous le poulailler, pour faciliter le drainage et le nettoyage
- Un modèle en hauteur, plus adapté à l’hiver et plus facile à nettoyer
- De la broche calibre 16 au minimum pour l'enclos (la cage à poule ne résiste pas aux prédateurs)
Pour la litière, qui absorbera l’humidité et les déjections, les copeaux de bois sont un excellent choix. Ils neutraliseront aussi les odeurs.
Entretenir le poulailler, s'occuper des poules
Prévoyez entre 5 et 10 minutes par jour pour entretenir le poulailler et vous occuper des poules: changer l’eau et nettoyer les abreuvoirs, nettoyer la litière et tenir les lieux salubres, exempts de plumes, fientes et autre saletés, et apporter les restes de table pour les nourrir.
Notez que quoiqu’elles soient affectueuses, il faut éviter de trop cajoler ses poules car elles pourraient perdre l’huile précieuse présente sur leur plumage, qui les protège du froid et de l’humidité.
Quant aux œufs, ils doivent être récoltés tous les jours, nettoyés et séchés.
Que faire des déjections de poules?
En mangeant vos résidus de table, les poules fixeront l’azote dans leurs déjections, qui sera par la suite facilement assimilable par les plantes. Ici encore, un beau win-win. Attention toutefois. Il n’est pas conseillé de mettre le fumier dans le compost, puisque cela peut entraver le processus. Il faut donc prévoir une bonne manière d’éliminer le fumier, surtout qu’une poule peut produire près d’un kilo d’excréments par semaine (MAPAQ). Renseignez-vous auprès de votre municipalités pour les modalités d’élimination du fumier.
Avoir des poules à la maison: autorisations et règlementation
Pour éviter la propagation de certaines maladies, comme l’influenza aviaire, les propriétaires de poules doivent s’enregistrer auprès de leur municipalité. De l’information cruciale en lien avec la santé publique leur sera également fournie.
Il est également du devoir des propriétaires de poules de s’informer des risques liés aux contacts quotidiens en lien avec leurs pondeuses, comme par exemple la Salmonellose, et autres maladies transmissibles des oiseaux aux humains.
Quelles municipalités autorisent l'élevage de poules pondeuses?
Au Québec, une cinquantaine de villes et arrondissement permettent de posséder des poules à la maison. Ils participent ainsi à enrichir un mouvement agricole urbain fort depuis quelques années. Mentionnons par exemple Cowansville, Chambly, Carignan, Sorel-Tracy, Gatineau, Victoriaville, Drummondville, Québec, Granby, Saint-Jérôme, Terrebonne et les arrondissements Rosemont-La-Petite-Patrie, Ville-Marie et Mercier-Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Cette liste étant non exhaustive, et chaque municipalité disposant d'un cadre légal différent*, mieux vaut contacter la vôtre directement pour en savoir plus, ou encore consulter cette liste des législations fournie par Cultive ta Ville.
Avant de vous lancer dans l'aventure, il est nécessaire de vous assurer de votre droit à le faire car certaines villes, comme Laval, interdisent la présence de poules pondeuses dans les cours. Si c'est votre cas, n'hésitez pas à l'informer votre ville de la réalité des municipalités qui ont accepté les poules sur leur territoire et du cadre strict d’application de la règlementation. Vous pouvez également proposer un projet pilote, qui permettra de démontrer que les poules dans les cours ne sont pas une source de nuisance (propreté, sécurité, niveau de bruit et bonne cohabitation des poules avec le voisinage).
*Les cadres règlementaires sur les distances d’implantation à respecter, la grandeur requise, le nombre de poules, le traitement médical et les conditions d’abatage varient selon les villes et les arrondissements, mais tous les propriétaires doivent suivre les exigences provinciales et fédérales. Voir le Guide l’agriculteur urbain du MAPAQ pour en savoir plus.
Les poules: quand éviter d'en avoir
Avant de vous lancer, il faut savoir que les poules, bien qu’elles soient plutôt autonomes, requièrent un minimum de soins. Ainsi, évitez de vous lancez dans l’aventure si:
- Vous êtes souvent absent
- Votre espace ne permet pas une distance minimale avec la voie publique ou la propriété de vos voisins (entrée, fenêtre mitoyenne, etc.)
- Votre budget est restreint
- Vous n’avez pas d’intérêt à vous en occuper après leur courte période de ponte
Où acheter des poules pondeuses?
Vous avez fait le tour de la question, vous êtes renseignés, votre municipalité les accepte et vous voulez tenter l'expérience? Vous pouvez vous procurer des poules dans un couvoir, chez des éleveurs spécialisés (meuneries), dans un magasin agricole, ou encore dans les annonces classées en ligne.
Dans tous les cas, suivez ces recommandations:
- Prévoir des caisses pour les déplacer.
- Bien observer les poules proposées et choisir des poules provenant d’un couvoir accrédité, âgées entre 16 et 20 semaines, vaccinées et sans aucun signe de maladies (toux, conjonctivite, écoulement nasal, diarrhée, pattes rougeâtres ou gonflées, tête rentrée qui empêche de voir le cou, démarche déséquilibrée).
- Privilégier ces espèces : Leghorns (blanche ou brune), Bovans, poule pondeuse rouge ou noire, Golden Comet, Chantecler. Elles sont très bien adaptées à notre climat.
Assurez-vous que les poules achetées sont vaccinées et conservez la preuve d'achat. Certaines villes la demandent, comme Prévost ou Drummondville. Si les poules provennent d'une coop, d'une meunerie, d'un magasin agricole ou d'un couvoir, elles devraient être vaccinées.
Coût: entre 10 et 25 $ la poule hybride et entre 20 et 50 $ la poule de race. Mieux vaut réserver sa poule en avance, dès l’automne, surtout depuis le confinement.
En savoir plus sur les poules
Si vous ne connaissez rien aux poules, il serait pertinent de se former un peu. La Ville de Québec a produit un Guide sur la garde de poules. Les sites de la MAPAQ, poulesenville.com et cultivetaville.com contiennent de nombreuses informations pertinentes, des webinaires ainsi que des formations.
Néo-Terra offre également des formations et conférences en ligne sur la garde de poules. Tous les détails sur leur portail web.
Vous en savez maintenant un peu plus sur l'élevage des poules pondeuses. Trouvez plus de pages sur l'autonomie alimentaire ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable. |
Commentaires (0)
Inscrivez-vous pour commenter