Vouée au développement d’un art de vivre durable, la ferme florale Humming Hill dont le bâtiment résidentiel a été certifié LEED® Or en 2019, est née du talent conjugué des deux fondateurs de la firme de design et construction Les Ensembliers. Le domaine enchante. Découverte.
Retour aux sources: un concept en lien avec la nature
L’histoire de la propriété remonte à 1930, soit la colonisation de la région par les loyalistes. Maxime Vandal et Richard Ouellette, fondateurs de la firme de design et construction Les Ensembliers, ont racheté cette propriété en décrépitude en 2016.
Pour les propriétaires, l’idée de la ferme était de créer un lien symbiotique avec la nature, source inépuisable d’inspiration. En retrait de la fébrilité urbaine, le milieu est propice à la réflexion et à l’observation. Dans l’esprit des architectes et designers, le lieu amplifie la sensibilité aux textures, aux couleurs, aux formes et aux proportions. Bref, l’envoûtement est total, esprit et corps sont nourris et stimulés.
« Inspirée des bâtiments de ferme des Cantons de l’Est, la coach house se veut un exercice de simplification architecturale. On voulait créer un bâtiment inspirant et inspiré en utilisant un langage architectural basique, dicté par les bâtiments agricoles du début du 20e siècle. » Maxime Vandal, architecte, cofondateur Les Ensembliers
Parcours inspirant
Les Ensembliers ont d’abord été impliqués dans le design et le décor de La Ferme des 4 Temps. Cette ferme, située à Bolton-Ouest, est une référence majeure pour eux. Le modèle de production maraichère à petite échelle, établie par son fondateur Jean-Martin Fortier, constitue un axe structurant et porteur d’avenir dont on devrait tous s’inspirer au Québec.
Le duo Richard Ouellette et Maxime Vandal ont aussi été au cœur d’importants développements de domaines privés au Québec. Ils ont eu l’extraordinaire privilège de visiter des fermes et des jardins prestigieux en Amérique et en Europe. Leurs coups de cœur: le Stone Barns Center for Food & Agriculture dans l’État de New-York et les Jardins de Monet à Giverny. L’un pour la production maraichère et l’autre pour la production florale.
« On gagne notre vie à créer et construire les rêves de nos clients. C’est un privilège exceptionnel de faire ce métier… Et notre ferme représente un peu notre façon de montrer au monde comment Richard et moi construisons notre propre rêve! » Maxime Vandal
Durabilité
Jadis, la durabilité était pratique courante chez nos ancêtres, tout le contraire du « produire-consommer-jeter » d’aujourd’hui. Dans un contexte d’économie et de pérennité, acheter des produits de qualité, réduire l’entretien et les frais d’opération et d’entretien et de remplacement par un bon design constitue pour les Ensembliers la seule façon de soutenir un projet comme la ferme Humming Hill.
Une rénovation majeure qui conserve l’esprit du lieu
La maison originale était en fait composée d’un garage triple surmonté de l’appartement du gardien. Murs pourris, dalle contaminée… Le bâtiment était dans un état de décrépitude avancée.
Rien n’a été conservé de l’ancienne structure, hormis les fondations et un mur de bloc de béton sur lequel était montée l’entrée électrique. Les concepteurs ont ainsi fait table rase : toutes les divisions intérieures et la répartition des pièces ont été repensées.
Le rez-de-chaussée est organisé autour des fonctions de production et de préparation agricole, alors que le deuxième étage est constitué de chambres et d’un atelier autour d’un foyer central inspiré de la typologie des maisons coloniales. Les murs extérieurs sont neutres et libres de divisions afin de maximiser l’expérience du panorama. La cuisine centrale, relie deux secteurs de la propriété tout en s’ouvrant vers l’extérieur : le bâtiment y a été percé par un axe vitré qui suggère une porte cochère, qu’on peut fermer par une porte coulissante monumentale.
Matières nobles et design épuré
« Nous avons conçu le bâtiment comme une interprétation d’une grange, soit forme et fonction dans leur plus simple expression. » Maxime Vandal
Une recherche particulière a été portée au design de l’extérieur de la maison, pour lui donner un caractère sobre. Un beau contraste a été créé entre matériaux naturels et design très épuré. Maxime Vandal explique que le bardeau de cèdre, un matériau vernaculaire, a été choisi pour la patine qu’il gagne avec le temps: sans entretien, il offre une texture intéressante.
La fluidité des lignes signe le caractère contemporain de la ferme. L’œil glisse sur les façades à la régularité quasi parfaite : « la hauteur des fenêtres a été calculée pour correspondre aux modules des bardeaux afin d’éviter des coupures aux linteaux » et les gouttières sont encastrées dans le toit pour amplifier la simplification de la forme.
Alors que la pente des toits reprend les proportions classiques, un caractère contemporain se dégage de sa forme: « L’absence de débord de toit voulait exprimer l’abstraction du bâtiment de ferme dans sa plus simple expression…. Sobriété, humilité, et solidité. »
Le potager est délimité par une clôture en cèdre massif au fini brut, reliée à la ferme par une pergola en cèdre massif, se fondant avec le bardeau de cèdre du revêtement.
Permaculture, potager biologique et ferme florale
En plus d’être une maison d’invités, le bâtiment a pour vocation d’être un lieu de production maraîchère : jardin en permaculture, apiculture, potager biologique de 7000 pieds carrés et production de fleurs… Le projet, réalisé avec la firme Écomestible et Caroline Gosseline, experte en permaculture, est récent. Mais les activités de production et de transformation, comptant du miel, des œufs, des fleurs et du bois de chauffage, ont commencé cette année.
Les propriétaires reconnaissent que la rentabilité agricole exige un travail colossal « ce n’est vraiment pas un mythe », avoue Maxime Vandal, qui souligne que ces activités agricoles ne sont encore qu’un passe-temps. Il espère toutefois qu’à terme, « cela va devenir quelque chose… ».
Nouveau modèle d’exploitation agricole collaboratif
La ferme Humming Hill fait partie du Collectif de Bolton Ouest qui vise à créer un nouveau modèle d’exploitation agricole collaboratif, par le développement de synergies durables avec les autres fermes du village.
« C’est un nouveau modèle d’exploitation agricole qui vise à créer des synergies entre propriétaires par la mise en commun de leurs forces et expertises », explique Maxime Vandal. Il ajoute que comme la grande majorité des membres du collectif sont des « fermiers du dimanche » cette structure leur permet d’unifier leur force, partager leurs connaissances et réseaux et développer d’une façon durable leur propriétés. Dans les faits, le collectif forme une méga ferme par l’assemblage de 20 petites fermes… mais avec des valeurs écologiques.
Certification LEED® Or : témoignage des propriétaires
Le projet de rénovation résidentielle de la ferme, situé au 108, chemin Argyll à Bolton-Ouest, a obtenu la certification LEED® Or en 2019 (voir ci-dessous, la fiche de valeur écologique du projet). Entrevue LEED Or d’Évaluations Écohabitation avec Maxime Vandal.
Parlez-nous des éléments stratégiques pour optimiser votre gestion de l’eau intérieure et extérieure
MV : Il faut dire que l’eau ne manque pas chez nous ! Néanmoins, on se rend compte que la stratégie d’économie limite la consommation de produits chimiques du système de traitement d’eau. Le potager est alimenté avec un système goutte à goutte programmable multizones; les eaux de ruissellements sont gérés par des tranchées drainantes autour du bâtiment; les descentes pluviales récupèrent l’eau de pluie et à l’intérieur, l’emploi de robinetterie à faible débit (on s’y habitue!) limite la consommation.
Les matériaux de finition intérieure sont-ils locaux? Comment avez-vous sélectionné les fournisseurs et les matériaux?
MV : Une de forces chez Les Ensembliers est de mettre à contribution nos artisans et de maximiser le contenu local : béton poli, chêne blanc, tuiles de terrazzo, granit noir, éviers en béton coulés et acier patiné ont été utilisés dans l’ensemble du projet.
Vos 10 éléments de durabilité les plus intéressants du projet?
- Économie d’énergie: maison passive et récupération de chaleur;
- Technologie du bâtiment avec performance accrue grâce au choix des matériaux et à la conception des assemblages;
- Choix de matériaux durables et sans entretien;
- Chauffage radiant avec masse thermique et grand confort en hiver
- Climatisation naturelle – la climatisation ne fonctionne pratiquement jamais!
- Gestion des eaux de pluie et irrigation des jardins;
- Modèle innovateur de bâtiment maraicher : potager valorisé fusionnant avec le bâtiment;
- Intégration des contraintes de la certification dans l’expression architecturale;
- Prototype pour nos clients – rien de mieux que de visiter pour comprendre
- Rayonnement Web du projet dans l’industrie :
- 200 000 visionnements sur YouTube,
- et de multiples publications montrant qu’on peut jumeler le design à l’écologie sans tomber dans la simplification.
Que recherchiez-vous le plus dans la rénovation de ce bâtiment?
MV : Créer un milieu de vie novateur tout en apprenant sur la certification LEED® habitations.
Pourquoi avoir choisi la certification LEED®?
MV : Comme entrepreneurs en construction, on nous a souvent demandé cette certification. Nous avons donc décidé de tenter l’expérience pour ensuite l’offrir à nos clients.
Ce dont vous êtes le plus fier ?
MV : Ce bâtiment a changé notre façon de vivre !
Quels ont été vos défis ?
MV : L’apprentissage terrain : par exemple les contraintes de la hotte de cuisine ou le test d’étanchéité démontrant qu’un simple mauvais ajustement des pentures des fenêtres peut annuler la performance énergétique qu’on s’est efforcé d’obtenir tout au long du projet.
Vos commentaires sur votre expérience avec le processus de certification et l'accompagnement que vous avez reçu?
MV : Ça n’a pas été simple mais je pense que c’est un processus qui s’améliore et qui a sa place dans l’industrie. Merci à toute l’équipe d’Écohabitation de nous avoir guidé dans ce processus!
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