La variété de pelouse Kentucky, le grand classique de nos cours et jardins, présente de nombreux inconvénients, pour peu d’avantages au niveau écologique. Certes, elle offre un bon terrain de jeu (résister au piétinement, c'est non négligeable), et donne fière allure à notre terrain, mais là s’arrêtent les avantages. En effet, le gazon nécessite en moyenne:
- 4 à 5 litres d’eau par m2 lors de l'arrosage. C’est énorme! Surtout lorsqu’on considère qu’il y a de plus en plus de périodes de grande sécheresse en été. Pour donner une idée, saviez-vous qu’utilisé à plein régime, un boyau d’arrosage débite 100 litres d’eau potable à l’heure? C’est plus que la consommation d’eau recommandée pour une personne pendant plus d’un an.
- beaucoup d’entretien. Certains adorent tondre la pelouse, mais pour la majorité, il s’agit d’une tâche dont on se passerait bien.
- des équipements de jardinage à essence. Du tracteur à la tondeuse en passant par le coupe-bordure, les moteurs de ces appareils sont de grands émetteurs de polluants, de COV et de CO2
- l’ajout d’engrais chimiques. Ça pollue les nappes phréatiques, les cours d’eau, l’air et le sol et fait disparaître les insectes*, véritables alliés des jardins.
Opter pour des couvre-sols, des plantes succulentes ou autres alternatives au gazon permet en fait de sauver bien du temps en entretien, des coûts, des maux de tête, de l’eau… en plus de bénéficier d’une surface fertile pour faire pousser des plantes qui ont une réelle utilité (voir les jardins comestibles, l’hugelkultur, ou la permaculture, par exemple). En prime, les abeilles les aiment aussi. Quelles sont les options?
Des alternatives accessibles pour remplacer le gazon
Les couvre-sols, nombreux, résistent bien à la sécheresse et aux périodes humides, s’adaptent à différents types de sol (sec, humide, rocailleux), nécessitent peu ou pas d’entretien ni engrais, attirent les bons insectes et éloignent les nuisibles, évitent les espèces envahissantes et réduisent la demande en eau, préviennent l’érosion provoquée par le ruissellement et améliorent même la qualité des sols, en fixant l’azote.
À cet effet, on vous a déjà parlé du thym, une brillante alternative au gazon. Même s’il s’agit d’un des préférés d’Écohabitation, ce n’est pas l’unique alternative. Voyons voir...
Notez que de restreindre l’utilisation du gazon en plaques conventionnel permet d’aller chercher 3 points dans la certification LEED V4 !
Couvre-sols: l'embarras du choix
Cette catégorie comprend de nombreuses plantes rampantes qui nécessitent peu d’entretien tout en se propageant rapidement. Elles étouffent ainsi naturellement les mauvaises herbes et remplissent les sentiers sans avoir besoin de recourir à de mauvais herbicides.
Le climat dans lequel vous vivez et l'orientation de votre jardin détermineront les couvertures de sol les plus adaptées dans votre cas. Si vous avez une zone ensoleillée et lumineuse pour remplir de plantes couvre-sol, vous avez beaucoup d'options: la lysimachia munnularia (Creeping Jenny), les herbes rampantes (thym, origan), l’acore à feuilles de graminées (japanese sweet flag), la buchloé faux-dactyle (buffalo grass), et le trèfle. On parle également de fétuque, des prairies fleuries, de jasmin étoilé, ou de cotonéastre.
Dans les climats chauds et secs, les succulentes et le lantana à croissance rapide sont tout indiqués. Dans les zones ombragées, le muguet et l’aspérule odorante développeront une épaisse couverture de feuilles et de fleurs.
Plantes verdoyantes
La menthe corse, par exemple, constitue une excellente alternative au gazon Kentucky. Les petites feuilles vertes arrondies servent de toile de fond verdoyante à ses minuscules fleurs violettes. Vous avez peut-être entendu dire que la menthe se répand comme une folle, mais la mentha requienii (menthe corse) est considérée comme une plante relativement bien élevée - juste assez folle!
Cette option de couvre-sol pérenne doit être implantée dans les zones faiblement piétinées, car, bien qu’elle puisse supporter quelques passages, elle ne tolérera pas une circulation excessive. L’un des atouts de la menthe corse est qu’elle peut être plantée à la fois en plein soleil et à l’ombre, à condition que le sol soit humide et fertile.
Mousses à feuilles persistantes
En dépit d'être l'ennemi juré de la plupart des jardiniers, surtout sous les arbres, la mousse a l'avantage de rester verte. Elle prospère à l'ombre et pousse bien dans pratiquement tous les types de sol. Offrant un tapis moelleux, la mousse est une option qui nécessite peu d’entretien: aucune tonte, désherbage, arrosage, fertilisation ou prévention des parasites! Avec la mousse, il ne reste plus qu’à s’assoir, se détendre, et regarder ses voisins ronger leur pelouse tandis que le nôtre pousse doucement. Sauf après une grosse pluie bien sûr!
La plupart des jardiniers ne réalisent pas qu’il existe de nombreuses variétés de mousse disponibles pour les couvre-sols. Nombreuses variétés offrent un tapis épais et plat, des nuances de vert sans fin, des nuances dorées de vert pâle aux belles teintes émeraude profondes. On adore !
Trèfle à 3 ou 4 feuilles
Souvent planté comme culture de couverture verte pour fixer l'azote dans le sol des cours arrière, le trèfle peut également constituer une option idéale pour l'aménagement paysager respectueux de l'environnement. Le trèfle pousse rapidement et très tôt dans la saison, supprime les mauvaises herbes, enrichit la terre et aère le sol grâce à un système racinaire profond. Il en existe une nouvelle variante, le trifolium pipolina, très court, avec des feuilles plus petites et rarement des fleurs. Cela supprime l'inquiétude des piqûres d'abeilles si les enfants courent pieds nus. En plus, c'est bien joli!
Le trèfle blanc des Pays-Bas est la variété la plus commune pour les plantations de gazon. Nous vous conseillons de rechercher le trèfle blanc nain, un trèfle qui a l’avantage de ne pas exiger de tonte à l’année. Si vous aimez le look de la pelouse aux fleurs sauvages, découvrez les variétés de trèfle rouge et de fleur jaune (pouvant atteindre jusqu'à 36 pouces). Elles sont parfaites pour cet aspect de prairie sauvage.
Le trèfle nouvellement planté nécessite un arrosage deux fois par jour, mais ne nécessite que peu ou pas d’arrosage une fois qu’il est établi. Il s'agit d'un couvre-sol qui reste vert toute l'année, sans fertilisation ni fauchage. C'est l'option idéale pour planter et oublier dans l'espace vert de votre jardin, en particulier si vous préférez regarder et en profiter plutôt que de sortir la tondeuse tous les week-ends.
Vivaces indigènes
On est plus dans le massif que dans la pelouse à proprement parlé, mais il est rare qu'on marche sur toute la superficie de sa cour, non? Une plante indigène est une plante qui a évolué avec son écosystème local pour une survie optimale. Elle fournit de la nourriture et un habitat aux oiseaux, aux papillons et aux abeilles locaux, assurant ainsi la diversité des espèces sur lesquelles nous comptons tous. Les plantes indigènes ont l’avantage de s’épanouir dans le sol et le climat locaux, nécessitant peu de fertilisation ou d’entretien au-delà des travaux de nettoyage occasionnels.
Demandez à votre centre de jardinage local, à une coopérative ou à un club de jardinage ou à une société de plantes indigènes de votre région pour des recommandations sur les fleurs et arbustes indigènes qui donneront de bons résultats dans votre jardin. Pour faciliter l’entretien, vous devriez choisir des plantes qui n’ont pas besoin d’être taillées et qui n’ont pas besoin de piquetage pendant leur croissance. L'avantage des plantes vivaces, vous le savez probablement, est qu'elles réapparaissent d'année en année…
*Faites-vous des alliés!
Trop souvent considérés comme nuisibles, on oublie que certains insectes et animaux peuvent être de véritables alliés dans le jardin. Les vers de terre favorisent une bonne aération du sol et la transformation des matières organiques. Les coccinelles se nourrissent en moyenne d'une centaine de pucerons par jour, ce qui en fait un insecticide très efficace, peu onéreux et écologique. Les crapauds se nourrissent de limaces, perce-oreilles et autres insectes.
Quant aux abeilles et aux insectes polinisateurs de toutes espèces, ils comptent sur des plantes mellifères pour se nourrir! Si vous voulez les voir bourdonner dans vos massifs et plate-bandes, et contribuer à polliniser les végétaux qui ont besoin d'elles pour produire des fruits, pensez à planter ces plantes indigènes qui contiennent du nectar et du pollen quand vous magasinez au centre de jardin.
Et bien sûr, l'utilisation de pesticides ou produits chimiques peut les faire disparaître et leur tâche devra être effectuée par votre main ou des produits! Il est donc bien de penser son aménagement de manière à préserver ces espèces animales. Vous trouverez une liste des plantes mellifères ainsi que des conseils pour créer des abreuvoirs et des zones d'habitat qui leur sont favorables dans notre article sur le sujet.
Conseils généraux
- Optez pour des espèces locales (indigènes), elles sont mieux adaptées aux conditions des sites.
- Récupérez l’eau de pluie pour arroser vos plantations. Vous économiserez ainsi de nombreux litres d’eau.
- Si vous n’êtes toujours pas convaincus et que vous voulez quand même poser de la pelouse, choisissez un gazon écologique. Dans ce cas, il est bon de savoir que pendant la sécheresse, le gazon jaunit, mais ne meurt pas. Nul besoin de l’arroser, il reverdira avec les pluies. Si vous avez besoin de le tondre, laissez les résidus au sol. Cela réduit l’utilisation d’engrais et la quantité d’ordures ménagères.
- Acceptez le fait que les « mauvaises herbes » ne sont pas nécessairement nocives pour la pelouse! Le trèfle, par exemple, favorise la fixation d’azote, et les pissenlits sont d’excellentes sources de nourriture pour les abeilles et autres polinisateurs.
- Si vous voulez pousser plus loin l’idée d’aménagement écologique, regardez du côté des piscines naturelles.
Vous en savez maintenant plus sur les différentes options de couvres-sol pour remplacer le gazon.Trouvez plus de pages sur l'aménagement paysager écologique ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
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Merci pour ces infos, c'est vraiment très instructif!
J'ai une question au sujet des "mauvais herbes" justement. Nous pensions--par soucis de simplicité-- laisser nos vieilles dalles en béton (12 x 12) sous notre futur patio en cèdre. Il n'y a presque rien qui pousse entre les dalles présentement (à peines quelques herbes ici et là), ça draine déjà correctement, et elle sont déjà à découvert. donc, on se disait que si on installe notre patio au dessus des dalles, il n'y aurait pas vraiment plus d'herbes qui survivraient sous le patio. Serait-il vraiment mieux de mettre la traditionnel 6" de gravier avec géotextile sous le patio? Est-ce que des mauvaises herbes tenaces pourraient vraiment endommager notre patio en cèdre au fils des ans?
Merci d'avance :)
Benoit