Au Canada, l’environnement bâti contribue à 17 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Par conséquent, le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa)* vise à réduire ces GES via la construction de bâtiments performants à faibles émissions et via la modernisation du parc immobilier existant en veillant à ce qu’il soit plus résilient face aux changements climatiques. Avec des investissements ciblés, le gouvernement fédéral réduira les émissions, stimulera la création d’emplois et intensifiera les investissements et l'innovation. De très bonnes nouvelles en soi. Écohabitation est content de vous en parler !

Politiques innovantes

Pour le CBDCa, généraliser l'étiquetage de la performance énergétique des bâtiments, moderniser les codes du bâtiment et offrir un financement à faible coût pour les rénovations sont à la base de l’évolution du secteur de la construction et de la rénovation. Des bâtiments performants et intelligents sont essentiels pour une transformation vers une économie sobre en carbone et pour favoriser la création d’emplois.

Dans le budget de 2020, le Canada a la possibilité de mettre en œuvre des initiatives de construction écologique techniquement faisables, financièrement viables et qui offrent des avantages socio-économiques clairs, en plus d’inclure la capacité de constituer un réservoir de travailleurs qualifiés.               

Recommandations du CBDCa au gouvernement canadien

1. Investir 20 millions de dollars sur deux ans dans le développement de la main-d’œuvre et de la formation pour construire des bâtiments à faible empreinte carbone

© Guiherme Cunha, Unsplash

Le marché du travail oblige les travailleurs à s’adapter, à se recycler ou à se former à l’intérieur d’une économie en évolution. Il exige une main-d'œuvre compétente ayant la capacité de développer, de construire et de gérer des bâtiments performants. La Canadian Home Builders Association prévoit, d’ici 2027, le départ de 122 100 travailleurs dans le seul secteur résidentiel. Dans cette perspective, tous les métiers de la construction vont devoir s’adapter : ingénieurs, architectes, concepteurs, chefs de projet, modélisateurs énergétiques et exploitants d’immeubles.

Bonne nouvelle : les bâtiments à haute performance peuvent réduire les émissions de GES jusqu’à 91 % quand ils sont correctement conçus, construits et installés avec une vérification opérationnelle des systèmes. Par contre, ils sont relativement nouveaux et souvent mal compris au niveau des conditions nécessaires à leur mise en œuvre et à leur fonctionnement. Par ailleurs, il existe un écart entre les offres de formation et la participation effective et rien n’encourage les gens de métier, n’étant pas payés, à se perfectionner ou adapter leurs compétences en poursuivant leurs études.

Le CBDCa recommande donc de combler ces manques au niveau des compétences des travailleurs avec un investissement de 20 M $ sur deux ans pour développer la main-d’œuvre. Ce montant soutiendra :

  • Le développement et l’évaluation de nouvelles approches en matière de construction écologique et de compétences des professions traditionnelles pour transiter vers une économie faible en carbone;
  • Les programmes de formation existants où les investissements fédéraux peuvent être rapidement déployés via les ministères fédéraux, les programmes et les intervenants : CBDCa, Institut canadien de Formation en Énergie, Passive House Canada, établissements de formation, corporations professionnelles et syndicats;
  • L’enseignement de connaissances en matière de construction intelligente par des ajustements aux programmes existants, par de nouvelles activités de communication et de sensibilisation et par des approches de renforcement des capacités ;
  • Les initiatives et les programmes de développement de la main-d’œuvre pour profiter des occasions de création d'emplois offertes dans la construction de bâtiments performants.

2. Prendre un milliard de dollars de la Banque d’infrastructure du Canada (BIC) pour moderniser les immeubles publics/privés afin de renforcer la confiance des investisseurs dans l’économie de la rénovation au Canada

© Milivoj Kuhar, Unsplash

Rénover les bâtiments existants est une excellente occasion de diminuer les d'émissions de GES liées au bâtiment. Dans une étude récente, le CBDCa affirme qu’avec la mise en place d’incitatifs pour favoriser les rénovations, cela engendrera une réduction de la consommation d'énergie et des GES en plus de créer de nouveaux emplois et de développer une nouvelle expertise dans le secteur immobilier. Faciliter l’accès au financement gagnera la confiance des prêteurs pour que le secteur privé puisse intégrer dans leurs critères l'efficacité énergétique et les réductions de GES.

Dans son projet Investor Confidence Project (ICP), le CBDCa rassemble les normes et les pratiques existantes pour souligner et mesurer la rénovation sous l’angle de l’efficacité énergétique. Ces normes et pratiques donne l'assurance qu'un projet atteindra ses objectifs d’efficacité énergétique ou de réduction de GES.

La priorité fédérale est de généraliser l’établissement de mesures d'efficacité énergétique et de réduction des GES. Aussi, pour augmenter la confiance des investisseurs, le CBDCa recommande au gouvernement que la Banque d’infrastructure du Canada (BIC) prenne 1 milliard de dollars des 35 milliards alloués à la BIC pour financer la modernisation d’équipements des immeubles commerciaux et multi-résidentiels. De cette façon, la BIC catalysera la confiance des investisseurs en soutenant des prêts à la rénovation.

3. Adopter la Norme Bâtiment à carbone zéro du CBDCa pour toutes les constructions du gouvernement fédéral

© Anthony Ginsbrook, Unsplash

Les recherches effectuées par le CBDCa démontrent que les bâtiments zéro carbone sont faisables et viables financièrement. Un bâtiment « zéro carbone » est caractérisé par :

  1. la démonstration d'un bilan zéro carbone dans ses opérations;
  2. l’intégration d’une conception qui donne à la fois la priorité à la réduction de la demande en énergie et à la satisfaction des besoins en énergie;
  3. l’utilisation de l'énergie renouvelable sur place;
  4. et dans le cadre de la conception, l’évaluation de l’empreinte carbone dans la fabrication des matériaux de structure et de l'enveloppe.

Il est possible maintenant de construire des bâtiments zéro carbone et les économies en coûts d'exploitation couvriront les investissements initiaux. Quand le coût du carbone augmentera, la rentabilisation de ces bâtiments sera d’autant plus grande.

La mise en place d’un solide marché du bâtiment zéro carbone créera aussi des conditions favorables à l'adoption généralisée de la technologie et à l'accroissement des investissements et de l'innovation.

En finançant la construction zéro carbone, le gouvernement fédéral fera preuve de leadership en prouvant le bien-fondé économique des bâtiments zéro carbone et en normalisant les processus et technologies pour faire en sorte que ces bâtiments soient la norme de l'industrie.

En conclusion

Les recommandations du CBDCa sont axées sur la transition vers des bâtiments à faibles émissions. Elles ont pour but de favoriser la croissance économique et l’adaptation aux changements climatiques. L’économie de la rénovation offre de nouvelles sources de richesse et d’emplois en autant qu’une main-d’œuvre adéquate et des incitatifs fiscaux soient en place pour réaliser le plein potentiel d’une construction sobre en carbone.

Consulter ici le document original complet présenté par le Conseil du bâtiment durable du Canada.

*Le CBDCa

Le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) est un Organisme national à but non lucratif dirigé par l’industrie et dédié à la construction écologique. Ses études et ses analyses de marché, ses programmes de certification et ses efforts de renforcement des compétences contribuent à la construction de bâtiments performants partout au Canada.