Bien que le Mimosa du Quartier ne présente pas d’innovations ou de performances exceptionnelles du point de vue écologique et éconénergétique, il a tout de même su obtenir une certification LEED Argent de même qu’une certification Novoclimat. Avec une valeur d’isolation au-dessus des normes du Code du bâtiment, des fenêtres doubles, une assez bonne étanchéité à l’air et un indice solaire passif (ISP) de 48,3 kWh/m²·an, l’immeuble peut se targuer d’être performant malgré le budget limité dont il disposait.

Le Mimosa en construction | Source le Mimosa du Quartier, 2015

Un bâtiment sain qui consomme peu d'eau

Côté confort et santé, des échangeurs d’air dans chaque unité, l’utilisation d’une peinture à faible COV et le choix de matériaux de construction sans émanations toxiques assurent une bonne qualité de l’air intérieur pour les locataires. L’immeuble contribue aussi à l’économie d’eau avec l’installation de toilettes double chasse et de pommeau de douche à faible consommation.

La cuisine collective du Mimosa | Source Lapalme et Rheault architectes associés, 2015

Une bonne gestion des déchets, une protection contre le radon et un toit blanc

En cours de construction de projet, un tri des déchets de chantier a permis d’obtenir des points supplémentaires sur la grille Leed et, élément atypique pour ce type de projet, on a aussi ajouté une colonne à radon, évitant ainsi des complications potentielles liées à ce gaz toxique. Un toit blanc permet aussi de limiter la surchauffe des logements en été et évite d’accentuer les îlots de chaleur dans ce secteur de Gatineau qui est déjà très asphalté et vulnérable aux vagues de chaleur qui frappent de plus en plus le Québec.

Toit blanc du Mimosa en construction | Source Écohabitation, 2015

Indice solaire passif (ISP)

Après avoir modélisé l'édifice pour mesurer son indice solaire passif (ISP), l'ingénieur Denis Boyer d'Écohabitation a constaté que le bâtiment consomme 48,3 kWh/m²·an, ce qui en fait un bâtiment performant selon les normes de l'ISP. Ce résultat peut s'expliquer selon les facteurs suivants :

Compacité

Le bâtiment Mimosa est d’une compacité exemplaire. La compacité se mesure en divisant la surface extérieure de l’enveloppe du bâtiment par son volume. Dans le cas de Mimosa, la superficie de l’enveloppe est de 2 445 m2 pour un volume intérieur de 5 793 m3, ce qui résulte en une compacité de 0,42 [m-1] (le critère pour songer à la certification Passivhaus est de 0,75 [m-1]).

Fenestration

L’orientation du bâtiment a largement désavantagé le bilan énergétique des fenêtres, la façade la moins vitrée étant orientée plein sud. La surface la plus fenestrée, avec près de 110 m2 au total, est la façade ouest, suivie de près par la façade nord avec plus de 90 m2 de surface vitrée. L’est (14 m2) et le sud (4 m2) suivent loin derrière. Une orientation optimale aurait permis d’atteindre un ISP de 36 kWh/m2·an, simplement en opérant une rotation de 135° du bâtiment dans le sens antihoraire. À la défense du Mimosa, ce genre de rotation aurait été difficile étant donné le lot exigu qu'il occupe et les exigences d'urbanisme.

Perte d'énergie

Les sources principales de pertes d’énergie sont, par ordre croissant :

  1. Les fenêtres
  2. Les murs extérieurs hors sol
  3. La ventilation (incluant l’infiltration)
  4. La toiture
  5. La dalle du sous-sol
  6. Le plancher en porte-à-faux

Cet exemple témoigne encore une fois de l'importance des portes et fenêtres avec plus de 36% des pertes occasionnées par celles-ci! Écohabitation recommande de toujours soumissionner auprès de plusieurs fournisseurs pour les produits de fenestration. En effet, certains choix sont plus onéreux que d'autres et en considérant plusieurs options on réussi à trouver un équilibre entre l'investissement initial et la performance sur le long terme.  Éventuellement la question de les rénover ou de les changer se pose. Cependant cela demande un autre investissement important, des fonds qui sont rarement disponibles dans le secteur du logement communautaire.

Ponts thermiques

Jonction entre les murs et le sol

On constate que la température de surface du mur du côté intérieur (+19,6 °C) est en tout point très près de la température de consigne (+20 °C) même par une température extérieure de –20 °C, ce qui est un gage de confort intérieur et d’économie d’énergie. On peut donc considérer cette jonction comme n’ayant pas de pont thermique.

Jonction entre les murs de fondation
Jonction entre les murs et le toit

À la jonction entre le mur et le toit, on constate à nouveau qu’il n’y a pas d’incursion du froid vers l’intérieur de l’enveloppe thermique. Il s’agit donc à nouveau d’une jonction presque exempte de pont thermique.

Au coeur de tous les services

Au final, ce qui fait que ce projet se démarque du point de vue écologique est surtout que dans une perspective holistique (en fonction du rôle du particulier dans la totalité), il incorpore des éléments souvent délaissés en habitation durable. D’une part, il est localisé dans un secteur urbanisé et bien pourvu en services et commerces et, d’autre part, la proximité d’une piste cyclable et de lignes de bus, en font un projet qui contribue à réduire l’empreinte environnementale des occupants en réduisant leur dépendance à l’automobile ! Ces critères sont énoncés dans le Guide de construction AccèsLogis et sont souvent appliqués dans le logement communautaire. De ce fait, ce programme de la SHQ contribue à créer un cadre bâti plus écologique et favorise la transition vers des collectivités plus durables!

Un bâtiment esthétique !

Par ailleurs, loin d’être un bâtiment terne auquel les ensembles de logements sociaux des années 1960-1970 nous ont habitués, le Mimosa est un bâtiment coloré et lumineux auquel les résidents s’identifient ! De fait, il y a désormais au Québec une grande variété de logements sociaux qui se distinguent de cette image stéréotypé du logement social qui est malheureusement bien implantée dans la mémoire collective. En valorisant ce genre de projet, nous espérons contribuer à changer cette perception !

Modélisation du Mimosa | Source Lapalme Rheault — Architectes associés, 2015

Comme nous l’a dit Judith Lapierre en entrevue : « L’architecte a été vraiment exceptionnel, il apportait des idées pour que ce soit adapté pour chaque famille, pour que les enfants puissent reconnaître leur logement, que ce soit pas totalement uniforme ! Il a amené des éléments particuliers à l’immeuble qui fait qu’il a l’air d’un chez soi plutôt que tout un bloc gris. Il voulait faire chaque unité différente à l’extérieur, on n’a pas pu faute de moyens, mais avec la texture et les matériaux ça donne un côté moderne et chaleureux ». Bien que cela ne change rien à sa performance écoénergétique, l’apparence du bâtiment contribue à l'appartenance des résidents à leur milieu de vie, à l'acceptation sociale du projet auprès des riverains, mais aussi au changement de la perception populaire face au logement social et communautaire. En cela aussi, le Mimosa est un projet duquel on peut s’inspirer !

Financée par la Société d’habitation du Québec (SHQ) dans le cadre du Programme d’appui au développement de l’industrie québécoise de l’habitation (PADIQH), cette deuxième étude de cas sur une série de quatre présente les enseignements des professionnels œuvrant dans le logement social et communautaire du Québec.