Écohabitation parle souvent de l’impact de la localisation d'une habitation dans son empreinte écologique. En somme, 55 % de l’énergie dépensée par une famille vivant dans une maison éloignée provient de ses déplacements. Et le chiffre tombe à 26 % pour cette même famille vivant dans un quartier où l’on peut joindre son travail et les principaux services à pied ou en transports en commun.

Bien entendu, on recommande de préconiser ces derniers, mais nous savons que ce n’est pas toujours possible. Surtout si on habite la banlieue. Selon une étude de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), les habitants de nombreuses banlieues ont recours à la voiture dans plus de 90 % de leurs déplacements. Comment l’imiter les émissions de gaz à effet de serre dans ces situations ? 

Loin d'être une panacée (pollution lors de sa production, accumulateurs, individuelle, toute puissante, coûteuse et favorisant l’étalement urbain) une option intéressante reste celle de la voiture électrique. Certains disent toutefois que la voiture électrique serait plus polluante que celle à essence… 

Alors favorable ou non la voiture électrique ?

La réponse est oui… mais si on habite au Québec, et qu'on l'utilise pendant quelques années ! Car tout dépend de la source du « carburant » et de la batterie. 

SOURCE DE L'ÉLECTRICITÉ

Au Québec, 95 % de l’électricité provient de sources renouvelables. En matière d’émissions de gaz à effet de serre, une voiture électrique devient ainsi avantageuse sur le plan environnemental après environ deux à trois ans d’utilisation, selon les études. Soit environ 30 000 km.

En deçà de cette distance, l’empreinte de la voiture électrique est plus élevée, même au Québec. Mais une fois passé ce cap, l’empreinte écologique occasionnée lors de la fabrication de l’automobile électrique (et de ses fameuses batteries – extraction des matériaux, fabrication…) passe théoriquement sous la barre de celle de la version carburant au pétrole. 

Toujours au Québec, après 150 000 km parcourus,
la voiture électrique émet donc 18 050 kg de CO2, alors que la voiture à essence en émet 50 330 kg !

Attention toutefois. La même voiture électrique, alimentée par une électricité découlant des énergies fossiles (gaz naturel, charbon), sera plus polluante qu’une voiture à essence.

© Jonathan Petersson, Unsplash

TYPE DE BATTERIE

Selon la firmes Ricardo (2011) la fabrication d’un moteur à essence produit 5.6 tonnes de CO2 et un moteur électrique, 8.8 tonnes. Ceci s'explique en partie du fait que la plupart des usines fabricant les batteries électriques est pour le moment alimentée de source charbon… Pour réduire cet impact, la compagnie Tesla vise à assurer sous peu 60 % de la production mondiale des batteries lithium-ion via son usine située au Nevada, entièrement alimentée par des énergies solaire, éolienne et géothermique. 

CAPACITÉ DU RÉSEAU

À savoir si le réseau Hydro-électrique au Québec est apte à intégrer une nouvelle flotte de véhicules électriques, il est à noter que l’énergie est disponible en surplus pratiquement à l’année longue. De fait, sauf en périodes de pointe, la quantité d'hydro électricité produite au Québec suffit amplement à fournir le réseau actuel de même la flotte de 500 000 véhicules électriques attendue par le Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation d’ici 2030.

Quelle voiture consomme le plus de ressources ? Électrique ou à essence ?

Selon une étude parue dans Le Devoir en 2021 : « les voitures à carburant fossile gaspillent des centaines de fois plus de matières premières que leurs équivalentes à batterie. La perte de matières premières au cours du cycle de vie d’une batterie lithium-ion utilisée dans une voiture électrique n’est que d’environ 30 kilogrammes une fois le recyclage pris en compte, contre un minimum de 17 000 litres de pétrole pour une voiture à essence. Alors qu’une batterie est recyclable à 95 %, le pétrole brûlé est recyclable… à 0 %. ». En fait, l’impact écologique d’une voiture électrique comparée à celle à essence serait amorti après moins de 30 000 km.

Coupler habitation et voiture électrique

Écohabitation voit dans l'habitation une solution intéressante pour accélérer l'adoption de véhicules électriques. L'organisme a réalisé en 2017 une étude qui démontre que de libérer des kWh dans les habitations pour la recharge de véhicules électriques, en exploitant le faible taux du bloc patrimonial d’Hydro-Québec (sous la barre des 30 premiers kWh) permettrait au propriétaire de se chauffer et de se déplacer au coût d’environ un café par jour ! 

© Tomoko Uji, Unsplash​​​​

Les économies réalisées avec une maison ayant par exemple une cote Énerguide de 87 et une automobile électrique (comparée à une maison typique et une automobile à essence) pourraient ainsi s’élever à 1 596 $ annuellement. En termes de GES, cette combinaison représenterait 12 fois moins d'émissions, soit seulement 306 kg d'équivalents de CO2 par année ! Emmanuel Cosgrove, directeur chez Écohabitation en a fait lui-même l’expérience avec sa maison située à Edelweiss. 

L’EXEMPLE EDELWEISS

La performance énergétique d’Edelweiss est telle qu’elle a recueilli un maximum de points dans cette catégorie malgré sa situation géographique en périphérie, à 33 km du Parlement du Canada. Emmanuel Cosgrove explique : « Bien que son emplacement ne soit pas idéal, la performance énergétique de la maison permet de palier à son principal défaut en permettant de recharger une voiture électrique à même la borne installée à la maison, pour un prix dérisoire ».

Ainsi, la facture totale en énergie pour la maison Edelweiss et le déplacement en voiture électrique (sur une base de sept allers-retours Wakefield-Ottawa par semaine), ne revient qu’à 2,30 $/jour. 

Ses émissions de GES se chiffrent à 0,3 tonnes CO2 équivalent par an, pour une famille de cinq personnes (0,2t pour chauffer et électrifier la maison, et 0,1t faire rouler la voiture). En comparaison, le transport en voiture à essence pour le même kilométrage annuel générerait plutôt 5,1 tonnes CO2 eq/année.

NOUVEAUTÉ SIGNÉE MITSUBISHI : LE SYSTÈME DENDO DRIVE HOUSE

L’entreprise vient tout juste de dévoiler un système solaire intégré pour la maison et la voiture qui permet de générer, stocker et partager une énergie propre.

Des panneaux solaires génèrent de l’électricité pendant la journée, qui est ensuite stockée dans les batteries domestiques, ou dans celle de la voiture, qui est donc rechargée à peu de frais. La maison et la voiture sont connectées : grâce à un chargeur bidirectionnel, le courant peut passer de la batterie domestique à la voiture, ou de la voiture à la maison ! 

© Mitsubishi

Pratique en cas de panne de courant, ou pour éviter les frais élevés en période de pointe tarifaire. On pourrait par exemple recharger la voiture la nuit et l’utiliser pour faire fonctionner les électroménagers énergivores lors de grands froids ! Autres avantages ? Coûts en carburants et en électricité réduits, et moins grande dépendance au réseau.

« L’écosystème » Dendo Drive House n’est pas encore disponible en Amérique et le prix n’a toujours pas été annoncé, mais Écohabitation a très hâte d’en savoir plus. On suivra le dossier de près ! 

© Mitsubishi

QUELQUES CHIFFRES

(31 décembre 2018, Source AVÉQ)

  • 39 175 véhicules électriques sur les routes du Québec et 93 091 au Canada
  • 26 % de tous les VÉ sont en Montérégie
  • Croissance annuelle de 80 % pour le nombre de VÉ circulant sur les routes du Québec

Portrait trimestriel de l'électromobilité au Québec et bilan de l’année entière basé sur les données d'enregistrement de véhicules électriques (VÉ) de la SAAQ 

Voitures électriques, la route à prendre

Connecter une borne dans une tour à condos ou un immeuble à logements

Recharger les VE sans place de stationnement privé ou en déplacement

Pour en savoir plus :