En termes de comptoirs, le matériau parfait n’existe pas. En plus de l’esthétisme, du prix et de la durabilité, l’impact sur l’environnement et la santé doivent aussi être pris en compte : teneur en COV et autres éléments nocifs, produits de finition et d’obturation ajoutés, provenance, énergie grise… De quoi être complètement perdu… À moins de lire cet article avant! Que vous recherchiez un comptoir pour la construction ou la rénovation d’une salle de bain ou de la cuisine, nous avons passé en revue pour vous les options classiques sur le marché québécois, et leur avons attribué une note globale sur 5. Vous pouvez aussi découvrir de nouveaux produits de comptoir dans cet article.

Considérant que la pose du comptoir peut représenter 75 % du coût total, et ce, peu importe le matériau choisi, nous considérons qu’il est plus sage de choisir une option durable vous permettant de garder votre comptoir le plus longtemps possible! 

Le bois

Plaqué ou massif, le comptoir en bois confère sans conteste un look chaleureux. Il est un excellent choix du point de vue écologique, particulièrement s’il est régional et FSC (issu d’une forêt exploitée de façon responsable). Le bois est aussi très hygiénique, son acidité naturelle ralentit la prolifération bactérienne et cette ressource gagne à être recyclée.

Résistant et renouvelable, il demande toutefois beaucoup de soins et est moins résistant à l’eau, à la chaleur et aux égratignures que ses alternatives. Prévenir les dommages causés par les accumulations d’eau sur le comptoir sera le principal défi ; il faudra le nettoyer quotidiennement et effectuer un entretien périodique avec un traitement protecteur végétal (huile d’abrasin - tung, huile de lin, cire, etc.).

comptoir en bois
Le comptoir de bois, une option écologique, mais difficile d’entretien.

Lorsqu’on pose du bois dans une salle de bain ou une cuisine, on gagne également à choisir une essence de bois franc résistant! Du côté des bois locaux, l’érable ou le merisier performent bien à cet égard.

Prix au pied carré : $$ 

($ étant le moins cher, $$$$$ étant le plus cher)

Note Éco : 4/5

Et le bois de bambou?

Le bambou est un produit rapidement renouvelable, dense et durable. Sa surface est plus dure que le bois traditionnel et il est maintenant disponible en version FSC et/ou sans colle formaldéhyde. Par contre, il vient toujours d’Asie ; son bilan carbone est donc défavorable. Par ailleurs, les pays dans lesquels il est coupé et transformé sont assez peu regardants sur les conditions de travail des ouvriers et l’utilisation des produits chimiques.

Prix au pied carré : $$ 

Note Éco : 3/5

Les carreaux de terre cuite (céramique, porcelaine)

Naturels, sains et très durables, ils n’émettent aucun COV et sont faciles d’entretien, malgré le fait qu’une accumulation de saleté peut se faire dans les joints (ni hygiénique, ni pratique). 

Devoir ajouter du coulis entre les joints est un inconvénient non négligeable. Assurez-vous de ne pas mettre un coulis à base d’époxy qui peut transférer des agents à la nourriture que l’on poserait dessus.

Le processus de fabrication des carreaux (jamais de provenance régionale) requiert beaucoup d’énergie. Il faut donc préférer des tuiles à contenu recyclé, quoiqu’il soit très difficile de trouver des carreaux de terre cuite qui sont faits à plus de 40 % de matières recyclées.

Cliquez ici pour voir des céramiques à contenu recyclé sur le marché québécois

Prix au pied carré : $$

Note Éco : 3/5

La pierre naturelle (granit, ardoise, pierre à savon et marbre)

comptoir en pierre

La pierre naturelle est probablement le matériau le plus chic et le plus apprécié pour les plans de travail, elle est évidemment sans composante chimique et est à très faible énergie grise. Pratiquement inusable, l’application de produits d’étanchéité parfois hautement toxiques la rend toutefois moins attirante (l’utilisation d’une planche à découper est aussi conseillée). De manière générale, le transport et l’extraction de la pierre elle-même ont des répercussions environnementales importantes : il s’agit de ressources limitées qu’il faut extraire du sol, ce qui cause des dommages permanents aux habitats naturels. Vous trouverez de la pierre saine et régionale (extraite de carrières québécoises et fabriquée ici).

  • La stéatite (pierre à savon) requiert beaucoup de travail ; il faut la traiter une fois par mois, et elle n’est disponible qu’en une seule couleur… il faut donc aimer le noir. 
  • Quant au granit, il vient en format poly afin de prévenir les taches.
  • L’ardoise peut être taillée en grande plaque du format désiré.

La stéatite et l’ardoise, deux pierres que l’on extrait relativement près de la surface terrestre, ont une plus faible énergie grise que le quartz et le granit. Quand vous magasinez pour un comptoir en pierre, informez-vous sur la possibilité d’obtenir de la pierre récupérée! 

Prix au pied carré : $$$$$ 

Note Éco : 5/5

Entretenir la pierre

Certaines pierres, comme l’ardoise et la pierre à savon, sont des matériaux poreux qu’il faut protéger. Contrairement au bois, la pierre ne peut être sablée! Il est donc d’autant plus important de faire le bon choix quant au produit pour la finition, car il sera très difficile de la refaire une fois abîmée. Nous vous suggérons d’employer un apprêt au silicone qui pénètre dans la pierre, plutôt qu’un scellant qui reste en surface, éliminant ainsi le risque de s’écailler. Par contre, ils laissent la pierre mate. Les scellants à l’acrylique ou à l’uréthane donnent davantage de brillance à la pierre. Les scellants Aquamix, particulièrement le Sealer’s Choice Gold, sont de bons scellants pour l’ardoise et autres types de pierres. Ces produits sont en vente dans la plupart des commerces spécialisés.

La pierre nécessite un traitement une fois par année avec de l’huile minérale (huile de lin, huile minérale). Le savon noir est approprié pour la nettoyer.

Une fois que l’eau commence à s’infiltrer dans la pierre (phénomène que vous remarquerez à la suite de l’apparition de taches sur la pierre), le scellant commence à s’effriter. Comme il est impossible d’appliquer une nouvelle couche par-dessus, il faut alors employer des décapants chimiques et gratter la pierre pour la débarrasser du scellant, ce qui n’est pas une mince affaire!

Granit et radon : quels sont les risques?

Le radon est un produit de la désintégration de l’uranium dans le sol, et le granit peut contenir une certaine quantité d’uranium. Toutefois, une étude de Santé Canada menée en 2010 sur 33 différents types de granit couramment achetés au pays a conclu qu’aucun ne contenait de concentrations élevées de radon. Pour en savoir plus sur les dangers potentiels du radon dans les comptoirs.

Le quartz

Le quartz concassé est combiné à de la résine (généralement 93 % de quartz et 7 % de résine). Les colles (époxy) que contient le quartz peuvent renfermer des durcisseurs, comme du bisphenol-A (BPA), qui sont des composés persistants qui peuvent perturber le système endocrinien. Son fini lustré ne plaît pas à tous, mais les pigments ajoutés au mélange offrent tout de même un choix de couleurs très varié. La résine contenue dans le quartz est sensible à la chaleur. Note aux bricoleurs : ne pas respirer la poussière de quartz lors de la coupe, elle est extrêmement toxique! Utilisez des scies et polisseuses à eau pour la coupe, elles diminueront la poussière dégagée dans la pièce. En bref, le quartz n'est pas parfait côté santé, mais il demeure une bonne option.

Prix au pied carré : $$$/$$$$

Note Éco : 4/5

Découvrez ici de nouvelles options écologiques de matériaux pour des comptoirs en porcelaine recyclée, verre ou quartz.

Le béton

Un comptoir de béton, une cuisine écolo et moderne
Le comptoir de béton, une option écolo moderne et durable

Coulé, moulé ou de composite, le béton est polyvalent, ne dégage pas de COV, est très résistant et très durable. Vous en trouverez facilement du régional, sain et de provenance recyclée (par exemple, avec un haut pourcentage de verre recyclé, ou avec cendres volantes).

Pouvant se fissurer ou se tacher, ces comptoirs nécessitent un entretien annuel avec un scellant. Le béton produit aussi de la poussière en continu. Il faut donc le protéger avec un bouche-pores à base d’eau non toxique. Le gros désavantage du béton est son énergie grise relativement élevée. Pour réduire l’impact de ce matériau, il est important d’acheter chez un fabricant local. Faites un pas de plus et optez pour du béton écologique où des rebuts postindustriels remplacent environ 30 % du ciment.

Prix au pied carré : $$$$$

Le béton peut être verni, poli ou être fini avec un densificateur à béton… consultez notre fiche technique sur les options de finition du béton pour tout comprendre et faire les meilleurs choix de finition. 

Note Éco : 4/5

Le métal

comptoir en métal
Comptoir et armoires de cuisine en métal

On retrouve diverses surfaces métalliques : cuivre, zinc, étain, bronze, inox… Il s’agit de minces couches laminées posées sur du contreplaqué, durables et faciles d’entretien. Mais outre l’inox, les autres surfaces sont peu fréquentes. Nous nous pencherons donc uniquement de la plus commune d’entre elles.

L’acier inoxydable est en fait d’une combinaison d’acier, de chrome et de nickel. Ces composants issus de l’exploitation minière exercent une forte pression sur l’environnement. De plus, il faut beaucoup d’énergie pour le produire, et il peut être égratigné et bossé. Heureusement, l’inox contient généralement une grande quantité de contenu recyclé (entre 65 et 100 %) et peut être recyclé en totalité en fin de vie. Les comptoirs en acier inoxydable sont résistants à la chaleur et aux taches, durables, faciles à nettoyer et le seul matériau de comptoir qui peut être blanchi en toute sécurité. De plus, ils sont stériles, ce qui fait en sorte qu’on le retrouve dans les cuisines commerciales!

Prix au pied carré : $$$

Note Éco : 3/5

Le stratifié certifié Greenguard

comptoir stratifié écologique

Les options plus écologiques sont nombreuses, mais comme il se vend encore (beaucoup) de comptoirs laminés prémoulés, compte tenu de leur faible coût, aussi bien vous présenter l’option la moins néfaste, soit celle du stratifié.

Le stratifié est une mince feuille composée de papier Kraft en partie recyclé, de fibres de bois FSC et de résine bien dense sans émissions. Le produit final, compressé à très haute température, est résistant à la chaleur et à l’eau. Il y a de nombreuses marques certifiées GreenGuard (voir Formica ou Arborite, par exemple), ce qui signifie qu’ils émettent peu ou pas de COV. Les inconvénients des adhésifs et scellants du comptoir en laminé sont donc résolus! 

Le stratifié peut être un bon choix lorsque collé sur un panneau de support, tel qu’un contreplaqué (souvent un panneau en contreplaqué ¾ de pouces doublé pour la solidité), qui sera ensuite recouvert de colle contact à base d’eau. Le stratifié doit ainsi toujours être collé contre un contreplaqué sans urée-formaldéhyde. Les comptoirs laminés prémoulés, sont munis d’aggloméré, et non pas de contre-plaqué à l’endos.

On opte pour un contreplaqué de construction, qui n’émet aucun COV, on l’enveloppe d’un stratifié certifié GreenGuard, et on obtient alors un produit intéressant, malgré le fait qu’il s’agisse au final d’un plastique. Plus : les égratignures superficielles peuvent être réparées assez facilement avec une pâte prévue à cet effet (disponible partout). Moins : on ne peut le recycler en fin de vie et il est bien moins durable que les comptoirs plus « verts » présentés précédemment.  

Prix au pied carré : $$

Note Éco : 3/5

Réemployer des matériaux

Au point de vue écologique, rafraîchir et valoriser une vieille surface est un choix très intéressant. Les pièces récupérées ont un faible impact environnemental et peuvent apporter un cachet tout à fait unique à une pièce. Peu importe le matériau, vous pouvez acheter des comptoirs et plans de travail récupérés et les adapter à votre espace cuisine ou salle de bain. Ils sont disponibles dans les magasins qui vendent des matériaux de construction recyclés, chez les marchands spécialisés en récupération architecturale et vous pouvez même en trouver dans les petites annonces de particuliers.

Si vous avez accès à un matériau récupéré, un bon nettoyage suivi d’un traitement adapté pour plan de travail pourra lui donner une nouvelle vie. Pour le bois, assurez-vous qu’il n’y ait pas eu de contamination. Un décapage ou encore un « sandblastage » et un sablage en profondeur pourront être nécessaires.

Pour une ardoise récupérée tachée, si une brosse, du savon noir et du bicarbonate de soude ne suffisent pas à la nettoyer, vous devrez avoir recours à un décapant. Il existe des décapants moins toxiques et à faible odeur, généralement à base d’agrumes (par exemple celui de Finico). Évitez les produits à base de chlorure de méthylène, aussi connu sous le nom de dichlorométhane. Testez le décapant sur une surface peu visible avant de l’appliquer à plus grande échelle, afin d’observer sa réaction avec l’ardoise. Nettoyez bien la pierre après avoir retiré le décapant.

Consultez notre répertoire pour trouver des fournisseurs de matériaux récupérés.

Note Éco : 5/5

Les options à éviter

Attention à l’époxy! Certains le choisissent pour réaliser eux-mêmes un comptoir, mais, malgré sa très grande résistance, l’époxy est toxique, lors de son application et à l’ingestion. Ce produit est donc à proscrire sur les comptoirs de cuisine et salle de bains, qui peuvent être en contact avec de la nourriture, des brosses à dents, etc.

Le comptoir en sous noirs

© domienova.com

Utiliser des sous noirs pour recouvrir un comptoir de cuisine n’est pas une bonne idée. Les pièces de un cent contiennent du cuivre et du nickel, des métaux toxiques, lorsqu’ingérés, même en petites doses (particulièrement le nickel).

Puis, il y a la question du scellant qui tiendra les pièces ensemble. Pour créer une couche solide qui ne s’écaillera pas, il faudrait utiliser une grande quantité de scellant à l’époxy, un produit à forte teneur en composés organiques volatils (COV) qui ne devrait pas entrer en contact avec des aliments.

Le stratifié prémoulé en aggloméré

Connu sous le terme de « mélamine » les comptoirs prémoulés libèrent de l’urée-formaldéhyde (un gaz nocif pour la santé), d’autant plus lorsqu’ils sont exposés à des variations de températures et d’humidités, deux conditions réunions dans les cuisines et salles de bain.

Et un comptoir en mélamine, en plus de présenter une forte énergie grise, sera trois fois moins durable qu’un des comptoirs mentionnés ci-haut. Les coûts s’annulent, en plus d’encombrer inutilement les dépotoirs.

Pour le dosseret

Communément appelé backsplash, le dosseret est la partie verticale adossée au comptoir, à l’évier et à l’arrière de l’espace de cuisson. Puisque cette surface est fréquemment éclaboussée d’eau ou de nourriture, elle doit être revêtue de matériaux non organiques durables, à l’épreuve de l’eau et des taches. Certains comptoirs sont déjà munis d’un dosseret. Il faut simplement s’assurer qu’il est d’une hauteur minimale de 12 pouces, et idéalement pleine hauteur jusqu’aux armoires hautes.

Des choix gagnants :

  • Ardoise, granite, pierre à savon, quartz
  • Béton
  • Carreaux (verre, pierre naturelle – ardoise, quartz, granite, stéatite)
  • Pierre naturelle (marbre, grès, ardoise, calcaire, granit)
  • Verre recyclé (et pâte de verre)
  • Et tout autre matériau émergeant vu ci-haut

Pour trouver dans le commerce votre comptoir favori, consultez notre annuaire en ligne