Selon l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), le Québec serait en mesure d'ici 20 ans d’anéantir sa consommation de pétrole, qui s’élève à 15 G$ par année. Mais puisque le secteur des transports en accapare la moitié, l’électrification des transports est un incontournable. Et les Canadiens veulent suivre la vague: d’après un sondage effectué par Senergis et paru dans le quotidien Le Devoir en janvier 2011, 60 % des sondés pensaient conduire une voiture électrique, ou hybride dans les 10 ans.
Au Québec, en 2017, on compte sur les routes 17 923 voitures électriques, dont 55 % sont hybrides et 45 % entièrement électriques. Pour les alimenter sur la route, 1650 bornes des différents réseaux, dont 650 gratuites. (Chiffres de l'Association des Véhicules Électriques du Québec)
Voitures électriques: le point sur l'empreinte environnementale
La voiture électrique reste dans l'opinion publique une question préoccupante: source potentielle de pollution lors de sa production — matériaux, énergie lors de la fabrication, infrastructures, réseaux routiers, accumulateurs, etc., et modèle de mobilité qui ne change point — individuelle, toute puissante, coûteuse et favorisant l’étalement urbain.
La marche, le transport en commun et le vélo sont encore à privilégier. Par contre, les Québécois aiment leur voiture, beaucoup n'ont pas d'alternatives en termes de moyen de déplacement et il semble peu probable qu’elle soit délaissée dans les années à venir. L’option électrique, sans être la réponse unique aux changements climatiques, se présente donc comme un choix intéressant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L’empreinte environnementale des voitures électriques est-elle vraiment favorable?
La réponse est oui, après 2 ans d’utilisation. C’est ce qu’a révélé à la Presse Pierre-Olivier Roy, associé de recherche au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) de Polytechnique Montréal et auteur d’une étude sur les impacts environnementaux des véhicules électriques en 2016 pour le compte d’Hydro-Québec (article de Vincent Brousseau-Pouliot, Voiture électrique, le dilemme environnemental, paru le 26 août 2017).
L’étude en question conclut qu’au Québec: « en matière d’émissions de gaz à effet de serre, une voiture électrique devient avantageuse sur le plan environnemental après environ deux ans d’utilisation (29 000 km). » Car dès les 29 001e kilomètre, l’empreinte écologique occasionnée lors de la fabrication de l’automobile électrique (et de ses fameuses batteries) passe théoriquement sous la barre de celle de la version carburant au pétrole, ceci bien sûr grâce à la source renouvelable de l’électricité de chez nous. De surcroît, le Québec est fort d’une énergie propre disponible en surplus pratiquement à l’année longue. De fait, sauf en périodes de pointe, la quantité d'hydro électricité produite au Québec suffit amplement à fournir le réseau actuel et même la flotte de 500 000 véhicules électriques attendue par le Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation d’ici 2030.
De plus, la technologie est en marche, est les voitures électriques mises sur le marché sont de plus en plus performantes, surtout depuis 2019, et les bornes de recharge électriques, de plus en plus innovantes, permettent désormais de faciliter la recharge à l’énergie solaire photovoltaïque résidentielle et même le contrôle et la gestion de la consommation énergétique dans la maison intelligente et résiliente.
Quand voitures électriques riment avec développement économique
Le Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation (CCEI) présentait au gouvernement le 25 septembre dernier un rapport contenant 12 recommandations pour le développement économique et durable du Québec. Misant sur l’innovation, les recommandations visent à renforcer la compétitivité du Québec et à anticiper les transformations du marché du travail.
Écohabitation s’est penché sur la 7e recommandation du rapport. Cette recommandation vise à « affirmer [le] leadership [du Québec] en énergie propre en accélérant l'adoption des véhicules électriques et des transports à faibles émissions afin de stimuler le développement d'entreprises dans cette nouvelle chaîne de valeur ».
Dans cette section du rapport, le Conseil propose, entre autre, « d'accélérer l'adoption de véhicules électriques en ajoutant rapidement 2 000 bornes de recharge rapide aux 2 000 bornes standard déjà prévues et (...) de hausser l'aide à l'achat, mais de la réduire dans le temps afin de déclencher l'adoption massive ».
Les coûts et retombées n’ont à ce jour été évalués, mais une seconde communication du gouvernement et du Conseil à cet effet devrait paraître dans les prochains mois.
Faciliter l’adoption des modèles électriques est donc essentiel et Écohabitation salue l’initiative du CCEI, mais aimerait voir des recommandations plus ambitieuses.
Des actions ambitieuses.... à peu de frais
Écohabitation voit dans l'habitation une solution pour accélerer l'adoption de véhicules électriques. Nous avons réalisé récemment une étude qui démontre que de libérer des kWh dans les habitations pour la recharge de véhicules électriques, en exploitant le faible taux du bloc patrimonial d’Hydro-Québec (sous la barre des 30 premiers kWh) permettrait au propriétaire de se chauffer et de se déplacer au coût d’environ 6$/jour. Consultez cet article pour plus de détails: Maison efficace + Auto électrique: un combo payant!
Les économies réalisées avec une maison ayant par exemple une cote Énerguide de 87 et une automobile électrique (comparée à une maison typique et une automobile à essence) pourraient ici s’élever à 1 596 $ annuellement. En termes de GES, cette combinaison représenterait 12 fois moins d'émissions, soit seulement 306 kg d'équivalents de CO2 par année.
Concrètement, le CCEI pourrait proposer la mise en place de mesures incitatives pour l'achat d'une borne lors de la construction d'une maison neuve certifiée Novoclimat ou LEED V4, mener une campagne d'information avec chiffres à l'appui et utiliser notre étude qui démontre qu'il ne coûte pas plus cher, ni pour le propriétaire ni pour l'environnement, de coupler une maison performante à une voiture électrique.
Borne de recharge résidentielle pour véhicule électrique © Service FLO
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Concrètement, à quand le virage?
Il est clair que l’État doit jouer un rôle pour accélérer les changements sur le marché. Car structurellement, la transition du parc automobile se fera uniquement sur le long terme: au moins le temps du cycle de vie d’un véhicule personnel… Soit au moins 10, 12, voire 15 ans.
Et ce chiffre dépend bien sûr d'autres paramètres, comme l'adaptation de l'offre de bornes de recharge à la demande ou encore la diversification de l'offre de modèles électriques des constructeurs automobiles. Sidney Ribaud, Directeur général d’Équiterre, annonçait le 11 octobre dernier dans son billet de blogue Véhicules électriques : la main invisible du marché ne sera pas suffisante que « selon les prévisions les plus optimistes, un tiers des véhicules seront électriques d’ici 2040.
le vrai problème de pollution des véhicules électriques, ce sont les batteries. Leur fabrication et leur utilisation massive et croissante ainsi que leur recyclage en fin de vie présentent des risques importants, du fait principalement des substances chimiques toxiques et corrosives que contiennent les accumulateurs électriques : Cette large production et utilisation des batteries électriques nécessite, par des mesures de prévention appropriées, de réduire toutes les expositions pour diminuer fortement les risques associés : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-piles-et-accumulateurs-electriques