Les impacts de la transition énergétique sur le marché du travail et les entreprises n’ont été que légèrement pris en compte dans la Politique énergétique 2030. Pour pallier ce manque, s'est formé un groupe de travail multisectoriel concertant plus de 10 acteurs québécois des milieux économiques, syndicaux, environnementaux, de la recherche et de l’économie sociale.

On compte parmi eux la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Chaire de gestion du secteur de l’énergie (HEC Montréal), le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement (RNCREQ), des centres de recherche universitaires, plusieurs autres conseils et comités (voir tous les membres de ce groupe de travail en bas de l'article). Écohabitation est fier d'avoir été consulté.

La transition énergétique et la main-d’œuvre québécoise

Le fruit de leur travail est publié dans l'étude La transition énergétique et la main-d’œuvre québécoise: Promouvoir des transformations durables sur le plan écologique et social dans les secteurs du transport, du bâtiment et de l’énergieparue en janvier 2018.

Dans cette étude, il est annoncé que « les gains en efficacité énergétique qui découleront de la transition énergétique pourraient accroître la productivité globale de l’économie québécoise et, par conséquent, contribuer à la richesse du Québec ». Pour ce faire, les auteurs estiment que le Québec doit s'y préparer dès maintenant.

En effet, en raison de leur importante contribution aux émissions de gaz à effet de serre et du nombre d’emploi leur étant associé, c'est-à-dire plus de 700 000, des effets positifs de la transition dans les secteurs du transport, du bâtiment et de l’énergie pourraient enrichir toutes les régions du Québec.

La clé de la réussite? La formation de la main-d’œuvre et le développement d’entreprises.

Des besoins ciblés pour chaque secteur

Transport. On vise ici principalement la formation, l'accompagnement et la création d’emploi dans des domaines en croissance, tel que le développement du réseau électrique (batteries, pièces, véhicules, infrastructures), la réparation et l’entretien de véhicules électriques, la fabrication et l’assemblage de matériel de transport collectif, les services de transports urbains et d’autopartage, etc.

Bâtiment. L’émergence de nouvelles normes en construction et rénovation qui favoriseront les bâtiments durables pourrait entrainer de nombreux emplois dans divers domaines liés à la mécanique du bâtiment, tel que la fabrication et l’installation de matériaux écologiques et de systèmes de chauffage et climatisation, la manipulation de systèmes domotique, l’utilisation de produits issus de la chimie verte, etc. Un bel exemple de création d'emploi dans le secteur de la domotique au Québec: en 2020 Hydro-Québec a créé Hilo, une filiale spécialisée en solutions d'énergie intelligente. Son premier service est dédié aux économies d'énergie contrôlées grâce à une application. Une création d’emplois est également attendue dans les écocentres et les centres de tri, compte tenu du fait que l’habitat durable encourage la revalorisation et la récupération des matériaux. Des formations et programmes devront être mis en place pour encadrer les entrepreneurs, les ingénieurs, les techniciens, les inspecteurs, les électriciens et la main-d’oeuvre.

Énergie. Considérant les objectifs de réduction de consommation de pétrole des différents paliers gouvernementaux, l’évolution ici se fera au cours des prochaines décennies. Le développement d’énergies alternatives (géothermie, panneaux solaires, éoliennes, biomasse) et la chimie verte et le bio-raffinage, par exemple, mèneront à la création d’emplois à faible impact carbone.

Trois pistes d'action

Le groupe à l’étude a identifié trois pistes d’actions pour créer et maintenir les emplois dans ces secteurs de transition et faciliter l'adaptation, soit de: 

  1. assurer le développement de programmes de formation de la main-d’œuvre​;
  2. favoriser l’émergence d’entreprises et de technologies de calibre mondial et une meilleure collaboration entre les secteurs public, privé et celui de l’économie sociale​;
  3. adapter le cadre réglementaire afin d’accroître sa cohérence et son efficacité et d’anticiper les impacts potentiels de la transition énergétique sur la main-d’œuvre et les entreprises.
Transition énergétique: quels impacts sur l'économie et l'emploi?
Transition énergétique: quels impacts sur l'économie et l'emploi?

Impacts de la transition énergétique: conclusions

Voici les conclusions présentées dans le rapport (p.5):

  • Les impacts les plus directs et les plus immédiats se situent en matière de formation de la main-d’œuvre. Les gens actuellement en emploi devront s’adapter à de nouvelles technologies et nouveaux procédés via des formations.
  • Peu de pertes d’emplois à court et moyen terme sont à prévoir en raison des efforts visant à encourager la transition énergétique. Le développement rapide d’énergies alternatives constitue une opportunité sans précédent pour les entreprises, la main-d’œuvre et les communautés de toutes les régions du Québec.
  • La transition énergétique est porteuse de création d’emplois supplémentaires dans certains secteurs et sous-secteurs précis, notamment, la filière de l’électrification des transports et celles de la construction et de la rénovation des bâtiments.
  • Les gains en efficacité énergétique qui découleront de la transition pourraient accroître la productivité globale de l’économie québécoise et, par conséquent, contribuer à la richesse du Québec. Les sommes économisées par les ménages et les entreprises, notamment par le biais d’habitations écologiques et par la réduction de la congestion routière, pourront être réinvesties dans l’économie.

Pour plus d'informations

Consultez le document complet.


Le Groupe de travail sur la main-d’oeuvre

La Confédération des syndicats nationaux (CSN), Équiterre, Fondaction, la Chaire de gestion du secteur de l’énergie (HEC Montréal), le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le Chantier de l’économie sociale, le Comité sectoriel de main-d’œuvre de la chimie, de la pétrochimie, du raffinage et du gaz (Coeffiscience), le Comité sectoriel de main-d'œuvre de l'économie sociale et de l'action communautaire (CSMO-ÉSAC), le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement (RNCREQ), le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD), le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) et la firme COPTICOM.