Chez Écohabitation, nous sommes d’avis que le chauffage au bois a énormément d’avantages, notamment concernant l’écologie et l’économie d’ici. Pour nous, le bois est, et restera, une bonne option pour chauffer nos maisons québécoises, principalement dans les régions rurales, pour les familles à plus faibles revenus ou en ajout à un autre type de système.
Une récente étude menée par Santé Canada a démontré les impacts du chauffage au bois sur la santé humaine, de même que l’estimation des décès prématurés qui y sont reliés. Nous sommes conscients de cette réalité, mais nous croyons qu'il ne faut pas tirer une conclusion hâtive et nuancer ces résultats : il est possible d'utiliser le bois comme combustible pour le chauffage des habitations du Québec, et des solutions pour éviter les impacts néfastes sur la santé existent. Cet article a pour but de faire le point sur la situation afin de vous aider à faire un choix éclairé pour le chauffage de votre résidence.
Quels sont les impacts sur la santé du chauffage au bois ?
Les particules fines qui se dégagent de la combustion du bois peuvent rendre ce type de chauffage potentiellement dangereux pour la santé, dans une certaines mesure. Les particules en cause présentent un diamètre de moins de 2,5 micromètres, ou PM2,5. Selon le Gouvernement du Québec, le chauffage au bois est responsable de 19,9 % des émissions de particules fines provenant des activités humaines1 dans la province. L’étude de Santé Canada2, quant à elle, démontre que les PM2,5 représentent le type de contaminant le plus dégagé par la combustion du bois, de même que la principale cause de décès qui y est relié.
Ces particules fines s’infiltrent dans les poumons et peuvent être à l’origine de problèmes cardiaques et respiratoires, des irritations, des nausées et des maux de tête, tant chez les enfants que les adultes. L’étude estime qu’en 2015, la combustion du bois de chauffage aurait causé 1409 décès prématurés au Québec, dont 1400 dans le sud de la province. Cette concentration au sud est due au fait qu’il s’agit de la zone la plus peuplée, signifiant que la présence de foyers et poêles au bois est plus dense dans cette zone. Cette configuration contribue à la pollution de l’air extérieur par les PM2,5. En fait, selon l'étude de Santé Canada, dans certaines régions urbaines denses où le chauffage au bois est très répandu, on peut comparer l’impact de la combustion du bois de chauffage à celui des feux de forêt lors de la haute saison.
En d’autres termes, l’utilisation massive et dense du chauffage au bois affecte à la fois la qualité de l’air intérieure et extérieure : n’importe qui peut donc en subir les conséquences.
Nous croyons que le chauffage au bois est préférable dans les milieux ruraux, où les habitations sont plus espacées les unes des autres et où son utilisation est justifiée par l’accès à l’électricité parfois plus complexe et instable. En espaçant les cheminées, on contribue à la réduction du taux de PM2,5 présent dans l’air. Pour ce qui est de l’utilisation des foyers et des poêles au bois dans les zones urbaines, nous considérons qu’il n'y a pas de quoi justifier leur utilisation. Là où le réseau électrique est fiable, le chauffage électrique restera toujours la meilleure option.
La norme EPA pour le chauffage au bois
L'Environmental Protection Agency (EPA) est une agence américaine qui établit diverses règlementations afin de protéger l’environnement. Pour ce qui est des foyers et des poêles à bois, la norme EPA à respecter était autrefois fixée à 7,5 g/h, avant d’être baissée à 4,5 g/h en 2015 et finalement à 2,5 g/h en 2020. Ce chiffre signifie que les appareils de chauffage doivent émettre moins de 2,5 grammes de particules fines à l’heure. Les foyers d’ambiance et les foyers de masse ne sont pas concernés par cette norme.
Puisque les données utilisées dans l’étude de Santé Canada datent de 2015, nous avons espoir qu’aujourd’hui, le nombre de problèmes de santé reliés à la combustion du bois de chauffage est inférieur, grâce aux nouveaux appareils nettement moins polluants qu’autrefois. La majorité des appareils actuels ont des certifications de 1,8 g/h : une grande différence par rapport à ceux d’il y a 10 ans ! Cependant, il est vrai que la règlementation concernant la norme EPA ne s’applique qu’aux nouveaux appareils (excepté à Montréal), signifiant que les vieux foyers et poêles peuvent toujours être utilisés.
Les nouvelles réglementations pour le chauffage au bois au Québec
En plus du respect de la norme EPA exigé par le gouvernement, certaines villes, telles que Montréal et Québec, ont instauré différentes loi sur le chauffage au bois, afin de diminuer au maximum l’impact que peuvent avoir ces appareils sur la qualité de l’air.
Comme mentionné précédemment, à Montréal, la norme de 2,5 g/h s’applique pour l’ensemble des appareils de chauffage sur son territoire, et ce, depuis 2018. Cela signifie que, lors de l’annonce de règlement, tous les foyers et poêles au bois émettant plus de particules que la norme ont dû être condamnés ou remplacés. Une initiative mène à une bien meilleure qualité d’air dans la ville. D’ailleurs, lors de périodes de smog, l’utilisation du chauffage au bois est complètement interdite, quelle que soit la certification de l’appareil.
Dans la ville de Québec, tous les appareils à combustibles solides doivent être déclarés d’ici avril 2024 et l’imposition de la norme EPA est prévue pour 2026. Tout comme à Montréal, le chauffage au bois est défendu lors des périodes de smog. Pour ce qui est des foyers d’ambiance, l’achat est interdit depuis le 1er janvier 2024 et il ne sera plus possible de les utiliser à partir de 2030.
Pour diminuer la présence de particules fines dans l'air, il est clair que de nouvelles règlementations doivent être instaurées dans les différentes villes et municipalités. Nous croyons que le gouvernement du Québec devrait d'abord identifier les zones les plus touchées, puis aider celles-ci grâce à divers programmes leur permettant de mettre en place les lois nécessaires. Cette façon de faire permettrait d'accélerer les choses et d'apporter un réel changement à la qualité d'air de la province.
Si des municipalités souhaitent instaurer par elles-même des règlementations concernant le chauffage au bois, sachez que JeRénovÉco est une ressource qui pourrait contribuer à la réalisation de ce projet. Sous forme de mécanisme de financement, le programme a pour but de faciliter la rénovation écologique en offrant des prêts provenant d'un fonds indépendant du budget de la municipalité. Contactez-nous pour en savoir plus!
Le chauffage au bois est-il écologique?
Le chauffage au bois est pratiquement carboneutre : le carbone emprisonné dans l’arbre par la photosynthèse est relâché lors de sa combustion, tout simplement ! La seule source d’énergie fossile utilisée est celle des camions pour transporter le bois, mais c'est une quantité minime pour de grandes quantités de bois... D’autant plus qu'il s'agit d'une ressource locale ! D'ailleurs, lorsqu'un propriétaire utilise les arbres de son propre terrain comme bois de chauffage, la quantité d'énergie fossile est d'autant plus négligeable.
Par conséquent, nous sommes d’avis que les foyers et les poêles à bois sont une option écologique, à condition qu’ils :
- respectent la norme EPA de 2,5 g/h (s’ils sont plus performants, c’est encore mieux !) ;
- soient fermé et à combustion lente (si ce n'est pas le cas, condamnez cet appareil au plus vite !) ;
- soient utilisés de façon exceptionnelle comme complément à un autre système de chauffage (lors des pannes ou lors des périodes de pointes hivernales) ou utilisés de façon régulière dans un quartier où la densité est faible (dans les zones rurales) ;
- soient utilisés pour le chauffage de la maison, et non comme décoration.
Si toutes ces conditions sont respectées, on minimise les risques collectifs pour la santé ainsi que l’impact environnemental.
Pour réduire encore davantage les effets néfastes du chauffage au bois, le chauffage fonctionnant aux granules de bois, faites à partir de sciure et de copeaux de bois peuvent être une option intéressante ! Considérées comme de la biomasse, elles utilisent des matières résiduelles et permettent un système biénergie efficace et bénéfique pour la transition énergétique. En plus, elles émettent si peu de particules fines que les foyers à granules ne nécessitent généralement qu'une petite sortie murale plutôt que d'une grande cheminée isolée comme pour le bois. Bref, il s'agit d'une solution à découvrir!
Vous en savez maintenant plus sur les dangers du chauffage au bois pour la santé. Trouvez plus de pages sur la qualité de l'air ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable. |
Sources :
1 Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. (s.d.). Le chauffage au bois. https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/chauf-bois/index.htm.
2 Santé Canada. (2023). Impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle : estimations des décès prématurés et des effets non mortels à l’échelle nationale, provinciale, territoriale et des zones atmosphériques (Publication no H144-112/2022F-PDF). publications.gc.ca/pub?id=9.917508&sl=1.
Commentaires (0)
Inscrivez-vous pour commenter