Les maisons anciennes bâties avec des murs en brique offrent un charme indéniable grâce à la solidité et la durabilité de ce matériau. Cependant, à l'époque de leur construction ces structures ne bénéficiaient pas des techniques modernes d’isolation thermique. Lors de leur rénovation, la question se pose: faut-il isoler ou non les murs en brique. Plusieurs enjeux reliés à l’isolation des murs en brique existent : les avantages et inconvénients d'une telle intervention, les alternatives à privilégier pour préserver le confort thermique sans compromettre l'intégrité du bâtiment, ainsi que les bonnes pratiques à adopter si l'isolation s'avère nécessaire.
Isoler ou non un mur en brique?
Les murs des maisons centenaires qui, à l’époque, n’ont pas été isolées, séchait simplement par le fait d’être chauffée de l’intérieur. Cela permettait au mur d'avoir une longue durée de vie. C’est bien un de leurs avantages indéniables : les murs en maçonnerie peuvent durer facilement 100 ans.
Lorsque vos murs en brique sont trop abîmés, ils devront être restaurés. Dans plusieurs cas de règlementations, par exemple pour un bâtiment classé patrimonial, le propriétaire est souvent obligé de reposer de la brique comme revêtement extérieur. Vous pourriez aussi vouloir conserver la brique pour son cachet et son aspect de durabilité. De plus, la brique est un matériau assez dispendieux, alors il peut être réutilisé ou revendu.
De manière générale, 20 % des pertes thermiques d’une maison proviennent des murs. En plus de ces pertes, beaucoup de fissures et d’ouvertures permettent aux fuites d’air de s’infiltrer dans la maison ou de s’exfiltrer vers l’extérieur. Lors de la restauration de murs de briques, on pourrait penser qu’ajouter de l’isolant peut donc contribuer à un meilleur confort et la réduction de notre facture énergétique. Par contre, la réisolation des murs de brique est une intervention très complexe, qui demande temps et argent… en fait, nous sommes d’avis que ça n’en vaut pas vraiment la peine!
En réalité, isoler des murs en brique peut créer des enjeux non désirables. Si vous isolez les murs d’une maison centenaire, il faut définitivement éviter de trop l’isoler, sinon l’action du gel-dégel pourra éventuellement causer des dommages sur les faces sujets au mouillage et la brique sera à refaire. En effet, le mortier contenant de la chaux a probablement maintenu ses propriétés durant toutes ces années, le mur de double brique ayant été chauffé. C’est pourquoi une installation d’isolant ne doit pas dépasser un facteur de R3 derrière une brique qui se fait mouiller par la pluie ou des coulées d’eau. Pour les façades qui se maintiennent au sec à l’année, c’est l’humidité contenue dans les fuites d’air de provenance intérieur qui peuvent causer de la dégradation, d’où l’importance de travailler l’étanchéité du bâtiment.
Les alternatives à l’isolation pour les maisons centenaires
On recommande donc de ne pas isoler du tout, ou du moins, de prioriser d’autres gestes avant celui-ci. Souvent, le but d’isoler les murs est d’augmenter le confort ou de diminuer les coûts de chauffage. Or, pour arriver à ces résultats, l’isolation des murs devrait être faite plutôt en dernier recours. En effet, si on se fie à la pyramide des économies d'énergie d’Écohabitation, qui classe les différents gestes à poser en commençant par la base et en terminant par les interventions plus pointues au haut, l’isolation des murs et combles est dans les dernières priorités.
Quels gestes prioriser alors? Le plus important pour augmenter le confort est surtout d’étancher les murs extérieurs à l’air et de sceller les fuites. Il faut aussi s’assurer de continuer à chauffer la brique avec un système de chauffage adéquat et performant, afin que le gel ne s’installe pas. Par exemple, en installant une thermopompe, vous auriez une solution efficace et moins coûteuse que de tout réisoler. Finalement, installer des fenêtres plus performantes diminuera les pertes thermiques et contribuera à un meilleur confort.
Comment isoler un mur en brique
Malgré ces recommandations, il se peut que vous ayez tout de même recours à une isolation de vos murs de brique, par obligation réglementaire ou bien pour réutiliser votre brique. Dans ce cas, assurez-vous tout de même de bien faire votre intervention pour éviter de créer des problèmes supplémentaires.
Les murs massifs (briques, pierres, blocs de béton, bois rond ou planches de bois) n’ont pas de cavités suffisamment grandes pour être isolés. La seule option est d’ajouter de l’isolant à l’extérieur ou à l’intérieur. La première question à se poser est la suivante : préférez-vous isoler par l'intérieur ou par l’extérieur ? Dans les faits, ces deux façons de procéder comportent chacune des avantages… et des inconvénients.
Dans les deux cas, la majorité de ces murs, y compris les doubles murs, possèdent une petite cavité, généralement de moins de 25 mm (1 po), qui sert de plan de drainage pour recueillir et drainer l’eau du mur. Beaucoup d'humidité circule d'une matière à l'autre dans le mur, jusqu'à ce qu'elle s'évapore et sèche quand les conditions le permettent. Lors de votre restauration, il faut s’assurer de ne jamais isoler ces cavités ou boucher les chantepleures (trous de drainage au premier rang de brique) s’ils étaient présents, et de s’assurer que le maçon les ajoute lors d’une reconstruction complète d’une façade.
Isoler un mur en brique par l'intérieur
Peu importe l’isolant que vous utilisez, l’important est de bloquer le passage de l’air intérieur vers la brique. Lorsqu’un bâtiment en brique est isolé par l’intérieur, les briques seront plus froides et plus humides en hiver, et donc plus vulnérables aux dommages causés par le gel/dégel : cela peut endommager les briques et même faire écailler les plaques en surface.
Une fois le mur isolé, il devient encore plus important de protéger la brique de l’exposition à l'eau de pluie. À l'extérieur, inspectez les façades qui reçoivent les vents dominants et les potentiels points d'entrée d'eau : craques dans le mortier, pourtour des fenêtres, gouttières trop près du mur, etc.
Normalement, nous procédons à l’ajout d’un panneau rigide à l’intérieur en scellant les joints avec un ruban compatible, et ensuite nous recouvrons de fourrure qui sert de support au revêtement intérieur. Pour permettre plus d’isolation et le passage de fils électriques, un mur en 2x4 est souvent monté derrière l’isolant rigide et rempli d’isolant en matelas.
Isoler un mur en brique par l'extérieur
Isoler par l'extérieur n'est pas toujours possible au niveau des règlements municipaux ni même souhaité par les propriétaires, puisque cela vient modifier l'apparence du bâtiment, en cachant la brique d'origine, qui apporte indéniablement un cachet. Irréaliste, mais c'est techniquement la façon la plus sécuritaire d'isoler un bâtiment en maçonnerie.
Isoler un mur en brique par l'extérieur du mur porteur de bois, derrière la maçonnerie
La maçonnerie qui sert de revêtement extérieur d’une structure en bois est très commune depuis 100 ans. Lors de la réfection d’une façade, nous avons accès à l’extérieur de la structure, permettant d’y ajouter un isolant, en théorie. Dans la réalité, l’appui de la maçonnerie sur le mur de fondation ne laisse pas de place pour l’épaississement du mur hors sol par l’ajout d’isolant sans ajout de cornière. Par contre, l’ajout d’une cornière en acier crée un pont thermique tellement important que la résistance thermique gagnée par l’isolant est vite perdue. Dans ce cas, il est donc recommandé de limiter son intervention à l’ajout d’une membrane pare-intempérie perspirante sur le mur avant de poser la maçonnerie, offrant une couche de protection contre les infiltrations d’air et d’eau. Une mince couche d’uréthane giclé sur l’ensemble de la surface aura un effet semblable.
Quels isolants pour les murs en brique?
Polyuréthane
Dans le cas où vous optez pour l’isolation par l’intérieur, vous pouvez utiliser du polyuréthane à cellules fermées directement sur le mur de briques. Par contre, une dégradation et un effritement du mortier peuvent être observés dans le cas d’une isolation à uréthane giclé sur un mur de maçonnerie qui est fortement exposé aux intempéries pour les raisons énumérées ci-haut. Le polyuréthane n’est donc pas la meilleure solution pour réisoler vos murs de brique par l’intérieur à ces endroits.
Isolant chanvre et chaux
Le chanvre est un isolant de choix pour les murs de maçonnerie. L’isolant de chanvre-chaux est un composé mouillé, qui est coulé dans un coffrage. Cette technique possède plusieurs avantages intéressants pour l’isolation et la restauration des murs de maçonnerie. C’est une option qui offre une bonne régulation thermique et hygrométrique. Il permet de restaurer en gardant le caractère authentique d'une maison ancestrale ou bien d'enrichir un décor grâce aux finitions à la chaux, mais sa pose est une spécialité peu répandue, ce qui explique en partie son coût élevé.
L’option d’enduit isolant est composé de chènevotte de chanvre et de chaux. Son application à la truelle permet de couvrir le support dans sa totalité et de couper les ponts thermiques pour une isolation constante de R2 au pouce. C’est une alternative idéale pour la restauration du bâti ancien. Pour un mur de briques, rang double, il est conseillé d’installer 3 pouces d'enduit de chanvre, pour une valeur de R6 : cela résultera en un confort optimal, ainsi qu’en une facilité à chauffer votre maison. Il est aussi possible de mettre en œuvre un mélange plus isolant et d'en mettre plus épais. Cet enduit peut s’appliquer sur plusieurs types de surfaces : briques, pierres, coffrages, murs, lattis de bois.
Panneaux isolants rigides
Vous pourriez aussi avoir recours à des panneaux isolants rigides. C’est une bonne option, autant pour l'isolation par l’intérieur ou par l’extérieur. Par contre, ce ne sont pas tous les produits qui sont adéquats pour cette intervention.
À prioriser :
- Le polystryrène expansé est une bonne option. Plusieurs sortes existent et c’est une matériau disponible dans les grandes surfaces, abordable, hautement perméable à la vapeur d’eau.
- Une autre option intéressante est la laine de roche. C’est un matériau sans plastique, qui ne rétrécit pas avec le temps et qui est non-inflammable. Il est cependant plutôt difficile à obtenir et plus dispendieux que le polystyrène expansé.
À éviter:
- Évitez de poser un polystyrène extrudé du côté extérieur : comme il est pare-vapeur, il peut créer un piège à humidité à l’intérieur de vos murs.
- Évitez complètement le polyisocyanurate : il est très isolant malgré sa faible épaisseur, mais il perd sa valeur isolante par temps très froid. De plus, comme il est revêtu d’aluminium, il a une fonction pare-vapeur du côté froid, ce qui augmente toujours les risques de condensation. Installé de son côté chaud, cela crée de la condensation dans le bois de la structure. C’est donc un système isolant qui ne fonctionne pas, mais il est généralement le choix par excellence que nous voyons sur les chantiers de restauration de la maçonnerie!
Les réparations des murs de brique
L'isolation des murs en brique d'une maison ancienne comporte des risques importants liés à l'humidité et à la dégradation des matériaux, ce qui en fait une option à envisager avec prudence. Privilégiez des solutions plus simples, telles que l'amélioration de l'étanchéité ou l'installation de systèmes de chauffage performants, avant de se lancer dans des travaux d'isolation complexes.
Il existe aussi des méthodes de rénovation des murs de brique, qui permettent de valoriser son aspect esthétique et historique tout en assurant sa pérennité. Découvrez les bonnes pratiques et les types de réparations les plus courantes en maçonnerie.
Trouvez plus de pages sur les travaux d'isolation de la maison ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
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