En raison des changements climatiques, les vagues de chaleur durent plus longtemps, sont plus intenses, et surtout sont plus fréquentes que jamais. Des records de chaleur sont battus à travers tout le Québec, précipitant des décès, particulièrement au sein des populations les plus vulnérables. Il est difficile de lutter contre les vagues de chaleur en soi, car cela implique des efforts concertés au niveau international pour limiter les effets négatifs des changements climatiques. Il est par contre possible de limiter les effets des îlots de chaleur et de s’adapter localement en prévision des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses.

Qu'est-ce qu'un îlot de chaleur urbain?

En Amérique du Nord, la température de l'air dans les villes est supérieure à celle des campagnes de 1 à 3 degrés Celsius. Dans les milieux urbains pauvres en végétation, surtout en arbres matures, où l’asphalte, la brique et les toits foncés occupent une portion importante du territoire, la température peut excéder celle des zones rurales de façon plus marquée, surtout au cours de la nuit. C’est ce qu’on nomme un îlot de chaleur. Dans ces zones urbaines, la chaleur accumulée provoque des excès de températures qui peuvent  atteindre jusqu'à 12 degrés Celsius! Lors de journées où les températures sont élevées, ces degrés supplémentaires peuvent représenter des chaleurs extrêmes qui ont des impacts importants sur la santé des résidents.

Les grands stationnements sans aucune ombre, sources par excellence d’îlots de chaleur! | Big Stock, 2019
Les grands stationnements sans aucune ombre, sources par excellence d’îlots de chaleur! | Big Stock, 2019

L'accentuation de la chaleur est due à plusieurs facteurs, dont les gaz à effet de serre et la chaleur anthropique (chaleur produite par les moteurs et climatiseurs, par exemple), ainsi que la densité des bâtiments et la très grande proportion de surfaces minérales imperméables telle que les stationnements et autres surfaces asphaltées qui accumulent et diffusent la chaleur des rayons du soleil.

Ces matériaux peuvent atteindre plus de 80 degrés Celsius en été! Au final, l’îlot de chaleur contribue à accentuer les vagues de chaleur en chauffant davantage l’air de toute la ville et en empêchant le refroidissement nocturne naturel. La chaleur accumulée et le peu de végétation pour réguler l’humidité et la température jouent pour beaucoup dans la grande inertie thermique.

Les îlots de chaleur touchent évidemment les centres urbains, mais ils affectent aussi les banlieues en raison de la grande proportion de voiries et de la présence de vastes centres commerciaux possédant de grands espaces de stationnements asphaltés.

Protéger les populations vulnérables des vagues de chaleur

Accentuant les effets des vagues de chaleur, les îlots de chaleur mettent particulièrement à risque les personnes défavorisées, la population âgée, les très jeunes, les travailleurs extérieurs, les sportifs et les personnes ayant des problèmes de santé chroniques (INSPQ, 2010). Dans certains cas, une personne peut appartenir à plusieurs catégories, telle une personne âgée, défavorisée et ayant des maladies chroniques, ce qui la place d’autant plus à risque.

Depuis plusieurs années, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) tente d’anticiper et de favoriser l’adaptation aux vagues de chaleur dans le but de limiter leur impact néfaste sur la santé de la population du Québec. Toutefois, le défi est important, car il recoupe plusieurs domaines et niveaux d’intervention tels que : transport, urbanisme, stratégies de développement des villes, infrastructures naturelles, habitations, etc.

Comment lutter contre les îlots de chaleur?

Verdir la ville et créer des îlots de fraicheur 

Toutes les initiatives visant à verdir la ville contribuent à réduire significativement l'impact des vagues de chaleur. L'ajout de végétation dans les zones asphaltées telles que les stationnements ainsi que la mise en place de toits verts contribuent à augmenter la proportion d'espaces végétalisés. La présence de végétation autour des bâtiments bloque le rayonnement solaire, l'empêche d'atteindre les bâtiments, et permet de maintenir l'air et le sol plus frais. 

Les grands parcs urbains et les secteurs où la canopée urbaine est dense en raison de la présence de nombreux arbres matures créent des zones d’ombre, de véritables îlots de fraicheur, qui empêchent l’asphalte d’accumuler et de refléter la chaleur des rayons du soleil.

Une rue montréalaise avec une excellente canopée | Big Stock, 2019

Installer des toitures qui réduisent les îlots de chaleur

Les toits goudronnés contribuent beaucoup aux îlots de chaleur et à l’aggravation des vagues de chaleur, en accumulant une grande quantité de chaleur qui chauffe non seulement l’air de toute la ville, mais aussi le logement se trouvant juste en dessous. Dans plusieurs municipalités urbaines telles que Montréal, on oblige désormais l’installation de toits blancs. Pour un coût similaire, les toits blancs permettent de limiter quelque peu l’aggravation des vagues et des îlots de chaleur.

Dans plusieurs municipalités canadiennes, américaines et européennes, on offre aussi des incitatifs à l’installation de toits verts, ce qui permet de limiter davantage l’effet de surchauffe des toits en plus de contribuer à la rétention de l’eau de pluie et au verdissement de la ville qui profite aux espèces végétales et animales. Le Québec tarde cependant à suivre cette voie.

toit blanc pour réduire les ilots de chaleur
Un toit revêtement de toit blanc sur un toit plat dans une zone urbaine

Bien gérer les eaux pluviales

Diminuer le ruissellement des eaux pluviales par diverses mesures permet à l'eau de s'infiltrer dans le sol. L'évaporation de celle-ci peut alors contribuer à rafraichir l'air ambiant. À petite échelle, l'ajout de jardins pluviaux et de produits de pavage perméables permet de rendre les espaces urbains moins imperméables et de réduire le ruissellement. Lorsque l'espace le permet, l'aménagement d'un bassin et de tranchées de rétention permet de gérer les eaux pluviales à plus grande échelle.

Réduire le transport

Les transports produisent une quantité importante de chaleur. Celle-ci peut rester emprisonnée dans les espaces urbains mal ventilés. Les transports collectifs ainsi que l'utilisation de modes de transport actifs contribuent à réduire la production de chaleur dans les milieux urbains. Pour réduire le nombre de véhicules en circulation, l'aménagement des villes à un grand rôle à jour. En effet, la proximité des services et la densification urbaine permettent à un plus grand nombre de personnes de se passer d'une automobile.

Adapter les bâtiments pour le confort des habitants 

Les bâtiments peuvent être plus résilients face aux nouvelles conditions climatiques. Plutôt que de simplement mettre en place des systèmes de climatisation, des mesures peuvent réduire l'impact de la chaleur sur les habitants.

Bloquer les rayons du soleil avec des protections solaires

Pour réduire la surchauffe, il existe des solutions à l'intérieur et à l'extérieur de la maison. Les pare-soleil sont des solutions extérieures qui projettent de l'ombre sur le bâtiment et réussissent à bloquer le rayonnement solaire, avant qu’il ne rentre à l’intérieur de la maison où il se transforme en chaleur et, éventuellement, en surchauffe. 

Appliquer des stores intérieurs ou des rideaux épais aux fenêtres, voire même appliquer une pellicule low-e ou un enduit isolant thermique directement sur le vitrage, permet de réduire la quantité de chaleur qui pénètre à l'intérieur.

Isolation et étanchéité des bâtiments

Une bonne isolation ainsi qu'une bonne étanchéité contribuent à maintenir les habitations plus fraiches, en évitant la pénétration de la chaleur à l'intérieur. Dans le cas d'une maison existante, vous pouvez obtenir de l'aide du programme Rénoclimat pour identifier quels travaux prioriser pour améliorer l'enveloppe de votre bâtiment. 

Gestes et habitudes quotidiens pour réduire l'émission de chaleur

Utiliser des ampoules DEL, qui ne produisent pas de chaleur, éviter d'utiliser la sécheuse et opter pour la corde à linge autant que possible, ouvrir les fenêtres la nuit et les fermer le jour... des petits gestes qui s'accumulent et peuvent faire une différence dans la température intérieure de la maison.

Climatiser efficacement

Lorsque la climatisation est nécessaire, l'idéal est de le faire avec une thermopompe, qui consomme beaucoup moins d'énergie et permet en plus de se chauffer de façon efficace en hiver. L'installation d'un système de ventilation efficace qui permet de réduire l'humidité à l'intérieur de la maison la rend plus confortable lors des températures chaudes et réduit les besoins en climatisation.

Vous en savez maintenant plus sur les causes et les mesures possibles pour contrer les îlots de chaleur. Trouvez plus de pages sur le sujet ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.