Trois maisons, bientôt cinq… Déjà pas mal fière d’être une des métropoles les plus économiquement dynamiques au Canada, la nouvelle ville de Saguenay voit maintenant pousser des maisons écologiques. Leur point commun? Elles sont LEED Argent (famille Girard, à Chambord et famille Allard-Bouvette à Saguenay-Est), ou platine (famille Roireau-Labbé, Saguenay). Elles sont très grandes (entre 2928 et 3646 pieds carrés) mais éco-énergétiques, avec des planchers radiants au rez-de-chaussée, et elles ont été construites toutes les trois par Alain Hamel, formateur et administrateur d’Écohabitation. Deux autres projet seront certifiés à Saguenay cet automne : la maison d’Alain Hamel, précisément, qui vise également la certification allemande Passivhaus, et la maison « Arlequins » du couple Lelièvre-Riche.
Les liants des trois projets
Premier liant : Alain Hamel, maintenant formateur, a construit ces trois projets. Il est professionnel agréé (PA)-LEED habitations et c’est la référence en construction écologique au Saguenay-Lac-St-Jean. Deuxième liant : deux des trois couples propriétaires de ces maisons LEED, la trentaine, travaillent dans le domaine de la santé, comme médecins ou gestionnaires. Conscients de l’importance des enjeux environnementaux et de leurs impacts sur la santé humaine, ils ont choisi la certification LEED® afin de diminuer leur empreinte écologique et de s’assurer de la qualité de leur environnement intérieur. Troisième liant : deux des trois couples ont fait construire à distance, l’un habitant à Québec et l’autre à Sherbrooke. Ils ont depuis emménagé dans leur maison.
Inspirés par l’émission « La Vie en vert »
Pour le projet de Mélanie Roireau et Patrick Labbé, première inscription LEED® au Saguenay, l’expérience débute en 2010 quand Mélanie regarde la « Vie en Vert » à Télé-Québec. On y mentionnait qu’avec une certification LEED®, il était possible de réaliser d’importantes économies d’énergie. Son père, travaillant dans la construction, lui avait également parlé des nouvelles orientations plus écologiques dans l’habitation. Il n’en fallait pas plus pour s’engager et viser la certification. Mais comment trouver un entrepreneur compétent qui puisse bâtir selon les principes LEED® au Saguenay ? Dessins Drummond leur suggère Alain Hamel, de A et A Construction. « Les entrepreneurs qui construisent en série ne prennent pas le temps d’être à l’écoute de leurs clients. Alain Hamel a pu personnaliser notre projet et il nous a donné un service impeccable » commente Mélanie. Au fur et à mesure que le projet avançait, Alain envoyait des photos au couple qui vivait encore à Québec. « Nous avons vraiment été impliqués avec LEED® lorsqu’on a du sélectionner les matériaux de finition en fonction des crédits à obtenir ». Caractéristique remarquable de leur projet : un plancher de béton radiant leur assure un confort absolu, fraîcheur en été et chaleur en hiver. Ils ne commencent d’ailleurs à chauffer réellement qu’à partir du mois de décembre.
D’un couple LEED à l’autre
Le projet de Karine Bouvette et de Jean-Pascal Allard, qui vivent alors à Sherbrooke avec leur enfant, est créé dans le sillon du projet des Roireau-Labbé. À bien des égards, (contexte et professions), leur projet s’y apparente. Le couple s’est inspiré des avantages écologiques, de la faible consommation énergétique des maisons LEED® et de l’impact positif sur la santé des occupants. Se cherchant aussi un entrepreneur compétent qui ne s’improvise pas « constructeur écologique », Jean-Pascal communique avec un journaliste de La Presse et le Guide Perrier afin d’avoir une référence fiable au Saguenay. On lui recommande évidemment Alain Hamel, seul constructeur écolo reconnu de la région ! La maison LEED® en construction du couple Roireau-Labbé leur sert d’exemple : pour qu’ils puissent avoir une idée d’une construction éco-énergétique, Alain invite le couple à visiter leur chantier. Convaincus alors de leur choix d’entrepreneur, ils jonglent avec la géothermie, les planchers radiants et analysent les différences de coûts. Ils optent finalement… pour des planchers radiants. Très satisfaits de leur expérience, ils recommenceraient sans hésiter.
Seul hic : leur maison, même certifiée LEED®, n’a pas une valeur marchande supérieure reconnue.
Frustrations vis-à-vis des institutions financières
Les deux couples, pourtant on ne peut plus solvables, ont eu des difficultés à obtenir le financement de leur projet, le coût de construction étant plus élevé que les maisons conventionnelles d’environ 7%. Le couple Roireau-Labbé a carrément essuyé le refus de la Banque Royale pour un prêt hypothécaire. La banque s’est appuyée sur la règle selon laquelle le prêt ne doit pas dépasser pas 80% de la valeur de l’évaluation. Or l’évaluateur, engagé par la banque, a calculé un surcoût de 7% mais sans accorder une valeur supplémentaire à la construction. Leur maison, avec des coûts et une qualité et une durabilité supérieures à la moyenne, n’a donc pas été évaluée à sa juste valeur. Finalement le couple s’est tourné vers Desjardins qui a laissé tomber la valeur de l’évaluation courante pour leur accorder le prêt hypothécaire. Le couple Allard-Bouvette a rencontré les mêmes difficultés, pour les mêmes raisons…
La valeur réelle des maisons LEED®
La frustration vécue par les deux couples dénote une méconnaissance de la valeur réelle liée à la qualité et à la durabilité des maisons LEED®. Les évaluateurs et les agents d’immeubles n’ont pas d’outils pour mesurer et documenter leurs inspections et la valeur des bâtiments selon ces critères. Aux États-Unis, les maisons écolos ont une plus-value documentée par les agents et les évaluateurs. Conséquemment, basées sur ces données, elles ont aussi une valeur de revente, selon les marchés, de 8 à 22% plus élevée que les maisons conventionnelles. Comme l’affirme Mélanie : « Nous n’aurons jamais à remplacer notre plancher ou à faire quoi que ce soit pour son entretien ». Les éléments documentés et mesurés qui donnent une plus-value en termes écologiques et de durabilité devront tôt ou tard être pris en compte par les évaluateurs des institutions financières et les agents immobiliers.
LEED®, c’est abordable !
Troisième couple concerné : le couple Girard, retraité, qui possède la première habitation LEED sur les bords du Lac-Saint-Jean, à Chambord. « Le fait d'élaborer un projet de construction résidentielle certifié LEED® nous a fait approfondir notre réflexion sur la conception générale d’une maison, en plus de nous faire découvrir plusieurs possibilités sur le choix des matériaux de notre région », note Chantal.
Ils sont non seulement très satisfaits des résultats, mais ils considèrent qu’ils ont été au-delà de leurs attentes, pour un investissement jugé minime. Une maison certifiée n’est pas nécessairement plus dispendieuse. Ce sont les bâtiments publics et commerciaux LEED®-Nouvelle Construction (NC) dont les coûts sont beaucoup plus élevés. Chantal conclut : « LEED® pour les habitations est méconnu, et que des efforts de marketing devraient être faits pour mieux faire connaître les avantages par rapport aux coûts assez minimes engendrés. Pour nous, si c'était à refaire, nous opterions encore pour la certification LEED® habitations. » Un mythe déboulonné!
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