Béton, bois, ciment, pierre, brique, terre, métaux, gypse, plastique… Les débris provenant du secteur de la construction, rénovation et démolition (CRD) représentent plus du tiers des rebuts générés au Québec; le bois étant l’un des principaux résidus générés par ce secteur.

Chaque année, près de 1,5 millions de tonnes de débris sont enfouies, ce qui libère de nombreux gaz à effet de serre  (1 tonne de débris enfouis = 1 tonne et demie de GES), en plus d’anéantir toute possibilité de réemploi des matériaux. 

En percevant les matières résiduelles comme des ressources à haute valeur, les ICI (industries, commerces et institutions) pourraient détourner plusieurs matériaux de l’enfouissement et surtout... faire beaucoup d’argent ! Cependant, malgré les nombreuses possibilités de récupération, réutilisation et revalorisation de ces matières, l’enfouissement demeure le mode de gestion de prédilection. Pourquoi?

Enfouissement plutôt que récupération 

Le bois est une matière recherchée, particulièrement en habitation. Ceci est dû principalement à sa durabilité et au fait qu’il soit généralement exempt de contaminants. Malgré tout, ce dernier n’est que rarement dirigé vers un endroit où son potentiel sera mis en valeur. Jonathan St-Germain*, dans son essai sur le bannissement du bois de l’élimination, relate quatre principales contraintes.

  1. La nature et la quantité des résidus de bois : naturel, teint, verni, contaminé, traité, pourri... À chaque type une disposition ou un traitement particulier. Du côté de la quantité, la cueillette exige souvent un seuil minimal (élevé) ou à prix fixe.
  2. La ressource humaine disponible, ou l’obligation d’embaucher du personnel supplémentaire aux fins de la gestion des matières résiduelles.
  3. Les ressources techniques inadéquates : espace nécessaire aux équipements additionnels, accessibilité inexistante sur place pour un service de récupération du bois ou connaissance insuffisante des systèmes disponibles et du marché régional existant.
  4. Les ressources financières insuffisantes pour l’investissement, l’embauche ou la mise en place d’un système et d’un réseau. 

Outils existants de gestion des matières résiduelles, pour les ICI :

Alternatives - 5 success stories d'ICI québécoises du secteur CRD

Résidus de bois de construction, rénovation, démolition
© Sonia Martin, Écohabitation

Outre les outils mis en place pour favoriser une bonne gestion des matières résiduelles, nombreuses sont les alternatives possibles : instauration d’une politique d’achat, transport des résidus vers les centres de tri et les écocentres, utilisation des résidus comme combustible, biométhanisation, compostage, etc. Cerraines entreprises québécoises ont choisi de pousser plus loin la gestion et la réduction à la source et en ont fait une activité très lucrative. En effet, toutes savent tirer profit de chaque dollar investi et parviennent à réduire leurs achats et dépenses.

1. La compagnie Uniboard utilise uniquement des résidus de bois dans le procédé de fabrication de ses panneaux de fibres haute densité, sans urée-formaldéhyde ajoutée. Tous les débris de sciage accumulés durant la fabrication sont recyclés et servent de combustible (biomasse) pour produire de l’énergie sur place. Un procédé lucratif qui permet également de sauver des arbres et de détourner une belle matière des dépotoirs. Leurs usines ont surpassé les critères d’évaluation concernant l’empreinte carbone, l’approvisionnement responsable, l’utilisation durable des fibres de bois et des ressources.

2. Linéaire Design, une entreprise spécialisée en écoconstruction, charpente massive et éco-design située à St-Jean-Port-Joli, fait une gestion écologique de ses résidus de production. Elle utilise également des matériaux de bois récupéré en tout genre dans ses constructions : charpentes anciennes, kits de maisons ancestrales pièces-sur-pièces, portes et fenêtres, etc. Des constructions saines, durables, très écologiques et à moindre coût sont donc érigées. Ces constructions permettent finalement de détourner une ressource estimable des sites d’enfouissement et de minimiser le transport des matériaux.

3. En partenariat avec Bellemare recyclage, le centre de formation professionnelle Qualitech fait de la récupération et du recyclage des résidus de bois post-industriel de sa région (Mauricie). Le bois est vendu en sacs pour le chauffage résidentiel ou privé (camping). Plus de 1 000 sacs de bois sont ainsi vendus par année et ce, sans aucun frais à débourser pour la pratique.

4. La compagnie Mirage (St-George) réutilise 100 % des rebuts de bois générés dans la fabrication de ses planchers de bois francs, à d’autres fins. Elle réalise également l’optimisation de l’utilisation des blocs de bois, des palettes et du carton. En récupérant ces matériaux dans un rayon de 500 km, ce programme de rendement de la matière permet de valoriser une matière généralement enfouie; énergie pour séchoirs à bois, litière pour animaux de la ferme, fertilisation des érablières et particules de bois dans les planchers résidentiels.  Elle parvient donc à limiter le taux de bois acheminé à l’enfouissement, à réduire ses coûts de chauffage et à faire une vente lucrative de ses résidus à des partenaires.

5. L’entreprise Planchers Mercier, dans son système de fabrication de planchers de bois, ne génère aucune perte de matière. 100 % des résidus (planure, poussière de bois, résidus d’ébouttage, copeaux, sciure, écorce, billes et planches) sont réinsérés dans l’industrie : réseau de chauffage de l’usine, matériaux pour le chauffage résidentiel, usines de pâtes et papiers ou fabrication de palettes de bois. Aucun déchet n’est donc émis à l’issue des processus de transformation et de production.

D’autres initiatives intéressantes d'ICI québécois ont également été recensées par notre équipe.

NOM DE L'ICI MATIÈRE CONCERNÉE INITIATIVE

Maison Laprise

Bois Une fabrication de maisons préusinées en environnement contrôlé, qui permet d’utiliser et de recycler 98 % des matériaux.
Béton St-Georges  Bardeaux d’asphalte et grains bitumineux Les grains bitumineux et les résidus de bardeaux d’asphalte post-consommation sont recyclés à 100 % et introduits dans les enrobés bitumineux neufs (obtention du niveau 2 du programme ICI ON RECYCLE!).
Isolofoam Polystyrène Recyclage des rebuts de polystyrène générés par leurs activité de production et service de cueillette du polystyrène chez leurs clients. La matière est réincorporée dans leurs produits et donc, détournée des sites d’enfouissement.
Mab-profil Bois Une possibilité de récupération du mobilier usagé dans le but de lui offrir une deuxième vie et réutilisation ou récupération des palettes (obtention du niveau 1 du programme ICI ON RECYCLE!).
Groupe Caillouette & Associées Fil de cuivre et aluminium Cette entreprise d’installation et d’entretien d’éclairage fait le recyclage de tous ses fils de cuivre et d’aluminium, ainsi que de leurs gaines, grâce à une machine qui permet de séparer les métaux de l’isolant (obtention du niveau 3 du programme ICI ON RECYCLE!).
SAQ Verre post-consommation La poudre et les agrégats de verre issu de la collecte sélective sont micronisés et réintroduits dans le béton (en remplacement d’une partie du ciment). Voir notre article complet sur le sujet. 
Benolec Papier post-consommation L’entreprise fabrique un isolant de cellulose très écologique et très performant à partir de papier journaux recyclés.

 

 

Le programme ICI ON RECYCLE!, de RECYC-QUEBEC, vise à faire la promotion des ICI qui gèrent de manière responsable leurs matières résiduelles. Il peut également les aider à améliorer leur gestion des matières résiduelle.

Bannir l'enfouissement du bois et des matières organiques 

Il est entendu que la gestion optimale des matières résiduelles selon l'approche 3RV

La dégradation des déchets à base de biomasse (dont le bois) génère du méthane, un gaz à effet de serre 25x plus puissant que le CO2.

ne se fera de manière optimale que lorsque le marché le justifiera. En effet, pour que l’industrie adopte cette vision à grande échelle, il faudra tout d’abord que la structure mise en place parvienne à offrir un service adéquat de gestion des matières résiduelles des CRD aux professionnels et aux particuliers.
 

Ceci pourra être facilité grâce au bannissement à venir de l’enfouissement du bois, qui se présente comme une opportunité de réduction des GES permettant aussi aux différents marchés connexes du secteur CRD de développer un marché concurrentiel. Les mesures mises en place grâce à cette politique pourraient favoriser le développement durable, tout en activant la recherche d'alternatives à l’enfouissement.

Le gouvernement du Québec, dans sa Politique québécoise de gestion des matières résiduelles,  prévoyait sa mise en place pour janvier 2014, mais il faudra vraisemblablement attendre encore un peu avant que ce secteur soit croissant. Le papier et le carton sont quant à eux interdits d’enfouissement depuis 2013, et les matières organiques devraient l’être d’ici 2020.

Un accompagnement pour les ICI signé Écohabitation

Écohabitation se positionne comme un accompagnateur hors-paire pour les ICI du secteur CRD bâtiment résidentiel. Les ICI peuvent suivre notre formation Écoconstruction : Opportunités d'affaires et ensuite se prévaloir de nos services de coaching, qui permetteront de cerner leurs contraintes particulières et de sélectionner des alternatives appropriées à leur réalité. Devenez un chef de file dans la gestion lucrative des matières résiduelles :

  • Différenciation du marché

  • Publicité et reconnaissance
  • Satisfaction de la clientèle
  • Valeur accrue
  • Diminution des rappels
  • Profits plus élevés

Pour aller encore plus loin 

*Source

ST-GERMAIN, Jonathan. Bannissement du bois de l’élimination : alternatives accessibles aux industries, commerces et institutions estriens. Université de Sherbrooke, Juillet 2013.

Nous avons aussi constaté que la production de gaz naturel renouvelable (GNR) ne servira qu'à perpétuer le mythe du gaz « naturel ». Et nous avons été amenés à nous poser la question suivante : Est-il préférable de produire du gaz naturel renouvelable (GNR) à partir de nos déchets de cuisine, de les composter ou simplement de réduire le gaspillage alimentaire ?

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