Comment fonctionne le ventilateur récupérateur de chaleur mural
Afin de répondre aux problématiques courantes pour les systèmes de ventilation centralisée, certains manufacturiers ont développé des produits de ventilation et de récupération de la chaleur à installer directement dans le mur. Une bonne solution pour garantir le renouvellement de l’air de votre habitation tout en maintenant une excellente efficacité énergétique. Plus aucun besoin d’équilibrage, de réseau de conduits, ou encore de place ou d’espace suffisant!
La marque la plus connue est la marque allemande LUNOS, qui s’est fait connaitre en commercialisant ses systèmes Lunos e² et Lunos e-Go. La marque Blauberg via Productair vend aussi des ventilateurs récupérateurs de chaleur muraux.
Ces systèmes sont une interface directe entre l’air intérieur et l’air extérieur, installés dans un tube directement percé dans le mur. Ils fonctionnent par paire : alors qu’un des ventilateurs fonctionne vers l’intérieur en amenant de l’air frais à l’habitation, l’autre évacue l’air vicié à l’extérieur à la même vitesse. Ceci contribue à maintenir une répartition de l’air dans la maison et à maintenir un équilibrage de la pression de l’air.
Le système Lunos e-Go fonctionne exactement selon le même principe, sauf qu’il comporte deux ventilateurs dans un même tube, lui permettant de fonctionner tout seul pour alimenter des salles de bain ou des pièces isolées, par exemple. Ne fonctionnant pas en paire, l’e-Go a une efficacité légèrement inférieure : 85 % selon les mêmes normes.
La récupération de la chaleur est assurée par un cœur en céramique. Lorsque l’air intérieur est envoyé à l’extérieur, le cœur en céramique se charge en chaleur et la récupère avant d’être expulsée. Toutes les 90 secondes, le flux d’air est inversé, ce qui permet à l’air extérieur qui est aspiré de se charger en chaleur en passant à travers ce même cœur en céramique. L’efficacité du système est excellente : 90.6 % selon les normes de test européennes. À noter : l’appareil est aussi capable de récupérer l’humidité à un taux de 20 à 30 %.
Le coup de cœur ? On adore la facilité d’installation du système, sa discrétion et sa simplicité qui permettent une multiplicité d’utilisations pour la rénovation.
La ventilation au Québec : situation actuelle
Actuellement, le renouvellement de l’air frais, du moins pour les nouvelles constructions, est assuré par un réseau de ventilation qui assure l’extraction de l’air vicié et le renouvellement d’air neuf dans l’habitation par l’intermédiaire d’un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC - ou VRE lorsque l’appareil récupère également l’énergie contenue dans l’humidité de l’air, en plus de la chaleur).
En principe, ce réseau de ventilation est équilibré afin d’extraire autant d’air de l’habitation que l’on en apporte. De même, il doit être dimensionné pour pouvoir distribuer également l’air frais dans toutes les pièces dans les proportions prévues pour le confort et la santé des occupants.
Malheureusement, ceci n’est pas toujours fait dans les règles de l’art, ce qui peut causer des problèmes de surpression ou dépression de l’air à l’intérieur de l’habitation, ou bien le disfonctionnement du système. C’est pourquoi Écohabitation recommande de faire appel à des installateurs qualifiés et à une mise en service de la ventilation (le balancement des VRC est valorisé dans les systèmes LEED® et Novoclimat®, entre autres). De plus, il est extrêmement rare de trouver ces systèmes de ventilation dans les habitations existantes qui voient plutôt leur renouvellement de l’air intérieur assuré par les courants d’air directement dans les éléments d’enveloppe de l’habitation.
Avantages et inconvénients de ces systèmes de ventilation muraux
On aime
- L’universalité du système. Il suffit d’un mur pour l’installer! Pas besoin de place dans la salle mécanique ni d’installer un système complet de conduits de distribution et de retours d’air.
- Son apport pour la santé. En ayant assez d’unités et bien disposées selon l’habitation, il est possible d’assurer les taux de renouvellement de l’air intérieur nécessaires à la bonne santé des occupants. Il est possible d’installer des filtres de qualité supérieure (MERV 9-10) pour empêcher certains polluants de pénétrer dans l’habitation (tels que le pollen ou les poussières).
- Son efficacité sobre. Le système a une haute efficacité de récupération de la chaleur qui n’est pas aussi dépendante de la qualité d’installation comme pour les systèmes centraux avec conduits. Il n’y a pas besoin de balancement ni d’outils pour la maintenance et la consommation électrique pour le ventilateur est très faible (0.11 – 0.14 W/cfm) correspondant à 5-10$ par année pour une maison standard.
- Sa gestion de l'humidité. Le système est capable d'échanger la chaleur, et l'humidité! Ainsi, à la façon d'un VRE (ventilateur récupérateur d'énergie), il aide au maintien de l'humidité relative de l'air intérieur de l'habitation. De plus, les problèmes de givre sont évités dans l'appareil grâce à l'inversion régulière du flux d'air des ventilateurs, un mode de fonctionnement que l'on peut après tout considérer comme un "mode dégivrage en permanent" (le coeur de céramique a été testé à -35 °C avec une humidité relative de 80%, sans aucun problème relié).
- Sa discrétion. Le diamètre du tube est de 15 cm (5 po) et le niveau sonore en fonctionnement normal est de 19.5 dB (moins que le tic-tac d’une montre ou qu’un murmure).
On hésite
- Le coût relativement élevé du système. Étant donné qu’un système décentralisé permet de se passer de l’installation de conduits, il faudra bien comparer tous les aspects cachés des différentes options de ventilation si on veut l’option la moins chère : coût des appareils, de la main d’œuvre, du réseau de distribution. Cela peut être très dépendant selon votre type de projet, et favoriser une option ou une autre. Cependant si le système décentralisé se démocratise les prix devraient diminuer rapidement et la concurrence arriver, ce qui pourrait avantager les systèmes décentralisés qui nécessitent beaucoup moins de matériel et de main d’œuvre.
On aime moins
- Le manque de témoignages sur le produit. C’est généralement une bonne nouvelle lorsqu’on n’entend rien de mal sur un produit, mais dans notre cas, le système est simplement encore très rare et méconnu en Amérique du Nord. Nous avons hâte de voir les premières études de cas complètes en climat froid. Surveillez nos publications, nous allons en faire prochainement sur le sujet.
Le risque pour l’enveloppe si la pose est mal réalisée. Qu’on se le dise, chaque percement de l’enveloppe est à surveiller de près pour éviter les problèmes d’humidité. En multipliant les percements, on multiplie également les risques. Attention donc à bien calfeutrer et étanchéiser toutes les pénétrations dans l’enveloppe. De même, choisissez un isolant résistant à l’eau autour du conduit pour limiter les problèmes de condensation qui pourraient arriver. - Le manque de données sur l’efficacité énergétique réelle du produit. Étant donné ses caractéristiques peu communes, l’efficacité du produit n’a pas été testée selon les mêmes normes que les autres ventilateurs récupérateurs de chaleur. C’est un des gros points noirs de la quantification de l’efficacité énergétique réelle du produit. L’efficacité actuelle du produit est testée selon la norme européenne (DIN 308 / DIBt protocol) et il sera nécessaire d’établir les mêmes protocoles de test que pour les autres produits équivalents sur le marché afin de pouvoir les comparer. Le ventilateur n’est ainsi pas certifié HVI tel que l’exige le Code de construction du Québec, et il faudra donc le réserver pour la rénovation, ou bien passer par des demandes de mesures différentes auprès de la RBQ pour les nouvelles constructions. Surveillez nos publications, Écohabitation publiera dès que possible un dossier complet sur la question.
Le coût : environ 1000$ et 1500$
À titre d’exemple, une habitation moyenne de 186 m² (2 000 pi²) avec 4 chambres aurait besoin d’une ventilation d’environ 27 L/s (58 cfm) et de 3 paires de Lunos e² pour assurer l’apport d’air frais.
Commentaires (0)
Inscrivez-vous pour commenter