Ce qui représentait autrefois un marché de niche est maintenant une tendance bien installée: les énergies renouvelables prennent une part croissante sur le marché, la concurrence et l’innovation permettent de faire baisser le prix de technologies qui s’améliorent par ailleurs rapidement. Les panneaux solaires photovoltaïques, par exemple, ne sont aujourd’hui plus une utopie.
Les batteries constituent le chaînon manquant à une autoproduction domestique vraiment verte. En effet, devoir stocker une énergie renouvelable et propre dans des batteries sulfure-plomb ou au lithium, toxiques, inflammables et polluantes peut en rebuter plusieurs... avec raison!
Pourquoi éviter le lithium
La demande en lithium est forte: ce métal est utilisé principalement pour réaliser des verres et des céramiques (35 % de la production) et pour les piles et batteries au lithium (31 %). Cependant, en termes de stocks, l'industrie devrait pouvoir en disposer pendant encore plusieurs siècles. Pourquoi s’inquiéter alors? Pour des raisons environnementales.
La ressource est située pour la plupart dans des lacs salés en Amérique du Sud (au Chili, en Bolivie et en Argentine), mais aussi au Tibet et en Afghanistan. La production, le plus souvent opérée par évaporation de l'eau de ces lacs, recquiert de grandes quantités d'eau: des pénuries s'en suivent, en plus d’une pollution des sols et des réserves d’eau. Car les effluents miniers ne sont malheureusement pas traités de manière adaptée.
Pas difficile de comprendre les graves conséquences sociales de cette exploitation: l'agriculture et l'approvisionnement domestique sont problématiques. S'ajoutant à cette grande précarité, des enjeux d'inégalités se dressent: les pays producteurs ne disposent souvent pas de technologies, d’infrastructures et de main d’œuvre compétente pour transformer le lithium et produire des batteries. Le carbonate de lithium, sans grande valeur à l'état brut, est ainsi vendu sur le marché international à bas prix. C'est ainsi dans les pays industrialisés que sont produits les biens, et réalisés les bénéfices... Enfin, si le recyclage des batteries au lithium est réalisable et organisé, il n'en reste que son efficacité n'est pas optimale.
La batterie à l’eau de mer
Nous entrons dans une nouvelle ère: depuis peu, il est possible d’accumuler cette énergie verte dans des batteries tout aussi vertes. Il s'agit des piles au sodium-ion!
L’idée d’utiliser du sodium pour stocker l’énergie remonte aux années 1990. Mais en raison de leur meilleure performance et de la légèreté de leurs ions, les accumulateurs au sodium ont été écartés au profit du lithium. Aujourd’hui, avec une demande grandissante pour le stockage de l'électricité, l’utilisation du sodium a refait surface. Avec un grand bénéfice environnemental: la ressource est 1 000 fois plus abondante que le lithium et renouvelable! De plus, le sel est une ressource bien moins dispendieuse que le lithium.
Tout comme dans les batteries au lithium, les ions des batteries au sodium circulent dans un fluide, d’une électrode à l’autre (cathode/électrode) selon les cycles de charge/décharge. Via des liaisons chimiques, le sel de sodium est ainsi utilisé pour stocker de l’énergie, tout comme le fait le lithium.
Malheureusement, la seule compagnie (à notre connaissance) ayant commercialisé une batterie à l'eau salée, Aquion Energy, a fait faillite en 2017. Avec les avantages importants de cette technologie, nous espérons que de nouveaux produits disponibles au Canada verront le jour sous peu.
Les désavantages
La taille. Les batteries au sodium, du fait des ions plus volumineux (trois fois plus gros que les ions lithium), sont pour le moment plus grosses que les batteries standard.
La puissance. La quantité d’électricité qui peut être stockée dans ces batteries au sodium s’apparent à celle des batteries lithium à leur début, soit environ 90 Wh/kg. Mais les chercheurs s’attendent à ce que la batterie fasse des progrès rapide à ce niveau, tout comme l’a fait la batterie au lithium, qui a vite dépassé les 200 Wh/kg.
Prix
Au moment de sa commercialisation le modèle 48V, la batterie AHI se détaillait à environ 1 900$ .
Le sodium pour du stockage portatif
Les batteries au sodium peuvent aussi remplacer celles au lithium dans les appareils électroniques portatifs et les véhicules électriques. En France, des chercheurs du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et du CNRS ont mis au point une batterie électrique sodium-ion au format standard 18650, soit un cylindre de 1,8 cm de diamètre par 6,5 cm de hauteur. Elles fonctionnent exactement sur le même principe que les piles au lithium, mais des ions sodium circulent au lieu des ions lithium. La technologie au sodium pourra ainsi être transposée sur les lignes de production initialement conçue pour les piles au lithium.
Le format 18650 est très répandu. Il équipe, entre autres, les ordinateurs portables et les voitures Tesla (association de plusieurs milliers de batteries).
Compte tenu de l’abondance du sodium et de la similitude des procédés de fabrication (plus simple encore pour la pile au sodium), les batteries devraient se vendre entre 10 et 15% de moins que celles au lithium et se développer rapidement, le savoir-faire acquis pour la batterie lithium pouvant être transposée très rapidement. Comme elle peut se charger et de se décharger très rapidement, elle pourrait permettre de recharger la voiture électrique plus rapidement par exemple.
Le gros problème avec ces batteries est la vitesse de *recharge*. C'est littéralement impossible de les charger à pleine capacité avec l'énergie solaire, donc il faut se rabattre à une génératrice dans une utilisation "off grid". L'hiver, c'est encore pire, assumant une durée d'ensoleillement de 2 heures par jour.
Vous dites dans votre article que les batteries au Lithium (LiFePO4) ne peuvent pas être déchargées à plus de 50%. C'est faux, elles peuvent être déchargée à près de 100% - mais généralement, elles le sont à 80% DOD, soit 3.2 volts par cellules. Une batterie Lithium de qualité comme CALB possède 2000 cycles à 80% DOD et peut être rechargée rapidement (1C) - ce qui est *critique* avec les panneaux solaires.
Finalement, les batteries acide-plomb de *qualité* demeurent un excellent choix. La série 5000 de Rolls ou la série industrielle de Trojan possède 2800 à 3000 cycles à 50% DOD et coûtent 50% du prix des Aquion en plus d'offrir une vitesse recharge plus rapide, et d'être une technologie éprouvée depuis des décennies.
Malheureusement, Aquion est voué à l'échec lorsque leur financement viendra à terme.
Bonjour,
Nous avons demandé à Mike Reynolds, l'auteur principal de l'article de répondre à votre commentaire suite à un échange avec un installateur de panneaux solaire. Après une traduction maison (nous l'espérons le plus fidèle possible), voici sa réponse:
Aquion est un système modulaire et la taille des batteries est determinée par la capacité de l’assemblage. Bien sûr, vous pouvez le recharger complètement. Si vous ne pouvez pas complètement le recharger, ceci veut dire que vous avez surestimé le besoin pour les batteries ou sous-estimé la charge pour les panneaux. De plus, la majorité des endroits densément peuplés au Canada ont environ 4 heures d’ensoleillement utilisable par jour en hiver, et non deux.
C’est un marché très compétitif, surtout pour une technologie innovante comme celle-ci. C’est une triste nouvelle (du moins pour nous qui ne travaillons pas pour un compétiteur :-) de savoir qu’ils sont en difficultés
financières. Merci de nous communiquer cette information.
Les batteries plomb/acide fonctionnent, cependant elles ont beaucoup d’inconvénients : maintenance régulière requise pour éviter les surcharges de sulfides, risques sur la santé, problème de combustion, et un impact environnemental important dû à l’extraction minière (tout comme les batteries au lithium). L'eau et le coton sont des substances abondantes.
C’est un fait que plusieurs batteries au lithium peuvent seulement être déchargées à 50 % sinon leur durée de vie est compromise comme le premier Powerwall de Tesla, qui faisait défaut avant même d’être mis en marché. Si Elon Musk, le roi du solaire, a connu un échec avec le Powerwall, cela prouve comment ce marché est difficile. En espérant que ce type de technologie refera surface dans un futur rapproché, que ce soit par Aquion ou une autre compagnie.
Est-ce que ce système de stockage a déjà été vendu en Europe ? Quels retours d'expérience pouvons nous lire sur les premières maisons/bâtiments équipés, au Canada ou ailleurs ? Merci !
vous êtes tous à coté de la plaque, vous ne vous rendez pas compte qu'avec une technologie aussi basique, le nombre de cycle n'a aucun sens, puisque la maintenance de ce type de batterie est ultra simple et ne coute presque rien.
La batterie au plomb a feinté toute l'humanité, au début on remplaçait les anodes ou cathode en plomb, puis on ne remplaçait que l'électrolyte et maintenant elles sont scellées et complètement irréparables.
Et c'est bien dommage pour le mouton consommateur esclave, et pas étonnant que la boite ait fait faillite puisque quand les gens s'en seraient rendus compte, et seraient devenus autonomes, bye bye le marché.
Je m'intéresse à la batterie à l'eau salée car j'essaie de contribuer à mon échelle aussi petite soit-elle à des solutions plus écologiques. J'ai des capteurs photovoltaiques. Quand je lis les commentaires, d'il y a 5 ans... puis je trouve la solution de cette marque Aquion , entreprise apparemment en bonne santé dont les produits sont vendu en Suisse, je pense qu'en 5 ans beaucoup de choses ont changé et notamment les besoins énergétiques et pénuries annoncées. Hier 26 nov., proche du solstice d'hiver, j'ai produis au 48kWh environ (soleil et quelques voiles nuageux) soit. Donc avec 25kWh pour 12'000chf (env. 12'000USD) je peux stocker la moitié de ma production journalière hivernale, intéressant...
Bonjour,
je cherche un vendeur de batterie aquion en France.
Il y en avait un à Annecy, mais son fournisseur Américain à arrêté...
pouvez vous me donner les coordonnées du revendeur Suisse, que je lui pose la question ? merci beaucoup. Cordialement, Véronique.