Les matériaux verts ne coûtent pas forcément plus cher que les matériaux conventionnels... si vous savez chercher. Et c’est là tout le problème : trouver les matériaux réellement écologiques (attention au greenwashing !) et abordables prend du TEMPS. Voici quelques recettes pour choisir à bon escient! Nous vous apprenons dans les textes qui suivent comment apprécier écologiquement un matériau en fonction de son cycle de vie supposé. Plutôt que de se satisfaire d’un produit dit « recyclé » ou « naturel », l’idée est d’en analyser son impact sur l’environnement, mais aussi sur la société. De sa fabrication à sa fin de vie. Bien sûr, c’est une affaire de spécialistes . Nul étiquetage ne permet aujourd’hui au consommateur de connaître l’analyse du cycle de vie d’un produit. Comment faire?
Vous pouvez à votre manière, en posant sept bonnes questions, vous faire une idée de la durabilité et du moindre impact de ces matériaux. Les voici.
- Combien coûte ce matériau ?
- Quelle est sa provenance?
- Quelle est sa durée de vie ?
- Quel est son impact sur la santé ?
- Bénéficie-t-il d’une certification écologique ?
- Est-il recyclable en fin de vie ?
- A-t-il un contenu recyclé ?
Voici trois exemples de raisonnements type « ACV » donnés par Emmanuel Cosgrove, le directeur d’Ecohabitation.
1. La toiture métallique à la loupe
- Son prix ? La tôle galvanisée non peinte coûte une fois et demi à trois fois plus cher que le matériau habituellement utilisé pour les touts, le bardeau d’asphalte. Mais vous allez voir que ça vaut le coup.
- Sa provenance ? Hélas, la traçabilité du métal est pour l’instant impossible, tant les étapes sont nombreuses et complexes avant son arrivée en magasin. On sait cependant qu’il provient de l’extraction minière, répartie partout sur la planète, et que sa fabrication est polluante.
- Sa durée de vie ? Excellente. C’est son point fort. Il va vivre cinq fois (5 !) plus longtemps que son rival le bardeau d’asphalte, alors qu’il ne coûte qu’une fois et demi à trois fois plus cher !
- Son impact sur la santé ? Aucun. Le matériel est inerte, sans émanations toxiques. -La certification écologique ? Impossible, pour cause de non-traçabilité...
- Est-il recyclable en fin de vie ? Oui ! Il l’est, totalement. Le métal est cher donc recherché. Votre vieux toit de métal n’ira pas au centre d’enfouissement. Bon point.
- Comprend-il du contenu recyclé ? Oui, sans doute, mais ce ne sera pas mentionné sur l’étiquette.
Le verdict d’Ecohabitation
Il y a plus écolo que le toit métallique : les toits en cèdre ou en mélèze, les toits en ardoise du Québec... Mais le toit métallique, moins dispendieux, facile à poser, durable et recyclable, reste une option tout à fait correcte.
2. L’isolant cellulosique à la loupe
- Son prix ? C’est simple : c’est le plus bas du marché. Moins cher que la fibre de verre. Moins cher que tout isolant existant. Mais son installation peut être assez coûteuse, il faut un entrepreneur spécialisé pour isoler un mur.
- Sa provenance ? L’isolant cellulosique est constitué de papier journal déchiqueté issu de lots de journaux non vendus, auquel on ajoute des sels de bore pour le rendre ignifuge. Si ce sel est naturel, sa provenance cependant n’est pas locale. Il est extrait en Californie et en Turquie...
- Sa durée de vie ? S’il a été gardé au sec et bien posé... sa vie est très, très longue !
- Son impact sur la santé ? On peut imaginer quelques émanations résiduelles issues de l’encre des journaux. Quant aux sels de bore, leur toxicité est très faible. Donc, pas ou très peu d’impact.
- La certification écologique ? Il est souvent certifié.
- Est-il recylable en fin de vie ? Pas vraiment. Il est surtout compostable puisque biodégradable.
- Comprend-il du contenu recyclé ? Oui, vous l’aurez compris !
Le verdict d’Ecohabitation
Foncez, c’est vraiment un bon produit. Cette maison Écohabitation a été rénovée en grande partie avec cet isolant.
3. Le bois traité pour la terrasse à la loupe.
- Son prix ? Il est plus cher que du bois non traité, et moins cher que le cèdre ou que les matériaux composites pour terrasse.
- Sa provenance ? Le pin gris ou l’épinette, souvent utilisés pour les terrasses, viennent du Québec (attention, la mention « bois du Québec » ne suffit pas, c’est la mention « bois fabriqué au Québec » qui est fiable). Mais ces bois sont traités, notamment au cuivre quaternaire, ce qui n’est pas (du tout) écologique.
- Sa durée de vie ? On ne sait pas, en fait, si le bois traité est vraiment plus résistant que le bois non-traité... On connaît en revanche des matériaux plus durables : le cèdre de l’Est, le cèdre rouge de l’Ouest, et les planches de plastique composite recyclé.
- Son impact sur la santé ? Le traitement chimique (cuivre quaternaire et autres) ne joue pas en sa faveur. Il peut contenir du toluène, un composé organique volatil qui pollue l’air, l’eau, et affecte la santé humaine et animale.
- La certification écologique ? C’est rare, mais il arrive que l’épinette traitée soit certifiée FSC... Ce qui ne signifie pas, puisque le traitement est là, que c’est un produit écologique !
- Est-il recyclable en fin de vie ? Non. Le bois traité ira au centre d’enfouissement.
- Comprend-il du contenu recyclé ? Non.
Le verdict d’Ecohabitation
Il vaut mieux éviter le bois traité. La meilleure chose à faire est d’utiliser votre bon sens pendant la construction de votre terrasse. Ne la construisez pas au niveau du sol, il faut que l’air circule et que le bois sèche ! Ne vissez pas les planches par-dessus mais par-dessous, cela évitera les infiltrations d’eau. On peut l’entretenir avec une huile pour qu’elle ne se dessèche pas trop, ou pour renforcer son imperméabilité. Le cèdre de l’est disponible chez des scieries demeure le meilleur choix écologique, souvent sans surcoût par rapport au bois traité.
Si vous n’aviez jamais entendu parler de l’Analyse du cycle de Vie (ACV), vous avez peut être entendu parler des « énergies grises ». C’est un peu le même concept. L’énergie grise est toute l’énergie dépensée pour concevoir, extraire, fabriquer le produit, avant même l’utilisation ; c’est l’énergie cachée à laquelle on ne pense pas. Pour certains, il faut inclure dans le calcul l’énergie dépensée pendant l’utilisation du produit, puis celle utilisée lors de sa fin de vie. Cependant, quand vous entendrez parler d’énergie grise dans notre site, cela concerne uniquement celle qui a été dépensée depuis l’extraction de la matière première jusqu’à l’achat du produit par le consommateur. Un point de vue incontournable quand on veut évaluer les matériaux que l'on souhaite acheter.
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