Isolation de la maison - quelle quantité est trop importante ?
Une maison peut certainement être trop peu isolée; des milliers de maisons au Québec souffrent actuellement de cette lacune! Mais une maison peut-elle être trop isolée ? Oui, absolument. Il existe un équilibre optimal entre le coût d’isolation et les économies d'énergie réalisées à long terme. Les recommandations pour obtenir un niveau d'isolation idéal, pour une consommation nette zéro par exemple, sont souvent remises en question, pouvant être trop élevées. Et, bien qu’il faille garder à l'esprit que le code du bâtiment représente la norme minimale avec laquelle une maison puisse être construite, il ne s'agit jamais de la quantité « idéale ».
Quelle est la quantité idéale donc ?
Pour une bonne isolation thermique de sa maison, il faut essentiellement doubler les valeurs R actuelles du Code.
De nombreux constructeurs de maisons à haute performance au Québec ont proposé la règle empirique suivante : la valeur R de l'isolation installée dans un bâtiment performant doit être environ deux fois supérieure au minimum requis par le code. Explications…
Quel est le retour sur investissement de l'isolation d'une maison ?
La période de retour sur investissement (PRI) fait référence au temps qu'il faut pour récupérer l’argent investi qui permet des économies à long terme. Dans le cas de l'isolation, si vous vivez dans un climat froid, que vous avez actuellement un mur de 2x4 pouces avec une isolation en fibre de verre et que vous prévoyez ajouter deux pouces d'isolation en panneau rigide, le retour sur investissement pourrait être de 5 ans. Par exemple, si l'achat et l'installation de l'isolant coûtent 2 000 $ et permet d’économiser 400 $ par an sur les coûts de chauffage (et de climatisation), après 5 ans, l'investissement est remboursé et vous économisez désormais 400 $ de plus par année par la suite.
En outre, une maison bien isolée est, pour de nombreuses raisons, généralement plus durable et plus précieuse en termes de revente. Cela signifie notamment que si vous prévoyez occuper cette maison pendant les 50 prochaines années, il est possible d'économiser autour de 20 000 $ pour un investissement de 2 000 $. Mais avant d’entreprendre des travaux de rénovation pour mieux isoler son chez-soi, il y a plus que ce simple calcul du retour sur investissement : il faut considérer le rendement décroissant.
Que signifie « rendement décroissant » pour l'isolation ?
Ajouter un pouce d'isolation (R4) à un mur qui n'en a qu'un vaut certainement l'investissement, quel que soit le climat. En effet, en doublant le niveau d’isolation, on diminue les pertes de chaleur à travers les murs —et les frais de chauffage associés— de moitié. L'ajout d'un pouce d'isolant à un mur dont l'isolation est de 5 pouces est judicieux dans la plupart des climats : dans ce cas, on réduit les pertes de 20 %, ce qui n’est pas négligeable. Cependant, l'ajout d'un pouce d’isolant à un mur qui en possèderait déjà 30 pouces n’a de sens nulle part, puisqu’on réduit les pertes de seulement 3 %, alors que le coût de l’ajout demeure le même, peu importe le niveau d’isolation de départ. Personne ne vivrait assez longtemps pour bénéficier d’un retour sur investissement pour une telle quantité d'isolation.
Il y a donc un niveau où il vaut mieux arrêter d'isoler les maisons et commencer à se tourner vers la production efficace de chaleur, ou risquer de dépenser de l'argent et de l'énergie intrinsèque dans des matériaux qui ne seront tout simplement pas rentabilisés dans un délai raisonnable, voire même pendant la durée de vie de la maison.
En d'autres termes, il existe un point d'équilibre où la production de chaleur est en fait meilleure pour l'environnement—ET le portefeuille— que l'achat et l'installation d'une isolation supplémentaire.
Construisez en fonction de votre zone climatique
Les codes de construction s'appliquent à des provinces entières et, comme c'est le cas pour les provinces canadiennes, les conditions climatiques sont très différentes du nord au sud et même de l'est à l'ouest.
Il est donc important de considérer le Code national du bâtiment pour ce qu'il est réellement : l'échelon inférieur des performances à atteindre lors de la construction ou de la rénovation d'une maison. En d'autres termes, il s'agit de la pire maison qu'un constructeur est légalement autorisé à construire. Voilà qui donne une idée de ce que signifie réellement la construction conforme au code.
Isoler un bâtiment selon les normes est-il suffisant ?
Prenons le Québec comme exemple : les exigences du code du bâtiment en matière d'isolation des maisons restent constantes, des vignobles de l’Estrie aux rives arctiques de la baie d'Hudson. Cela n'a aucun sens. Et pour respecter les normes du code du bâtiment, les maisons doivent être construites de la même façon, même si elles doivent fonctionner dans des climats radicalement différents.
Les codes du bâtiment fournissent un faux sentiment d'accomplissement lorsque nous répondons aux exigences de performance.
De temps en temps, des améliorations mineures sont apportées aux exigences du code, mais elles restent souvent minimes pour ne pas risquer de bouleverser l'industrie du bâtiment et le modèle familier de rentabilité qu'elle a établi.
Certaines régions, comme la ville de Vancouver, en Colombie-Britannique, par exemple, reconnaissent les avantages des bâtiments améliorés et ont des exigences de performance beaucoup plus strictes que le Code national du bâtiment. Vancouver a encouragé la certification de maisons passives, et la province de la Colombie-Britannique a récemment publié le BC Energy Step Code, qui exige les performances les plus élevées de tous les codes provinciaux au Canada, dans le but d'atteindre les objectifs de la province, à savoir que tous les bâtiments soient prêts pour l'énergie nette zéro d'ici 2050.
Alors, quelle est la bonne quantité d'isolation dans une maison ?
La bonne quantité d'isolant dans une maison varie donc selon la région. Pour tirer les conclusions les plus judicieuses, les concepteurs doivent effectuer une modélisation énergétique spécifique et prendre des décisions clés en fonction de l'équilibre des performances. Lors de la construction ou de la rénovation d'une maison, les propriétaires doivent décider de ce qui est le plus important pour eux : la taille de la maison, la décoration et le respect du budget, ou l'efficacité énergétique, l'investissement à long terme et l'empreinte carbone intrinsèque.
Parfois, les gens peuvent être un peu trop ambitieux et installer beaucoup plus d’isolant que nécessaire pour répondre à une certaine norme de performance. Par exemple, malgré tout ce que nous aimons à propos des maisons passives, ce système n'est pas sans défauts. Une certaine maison passive certifiée avait tellement de fenêtres que, pour être certifiée, elle avait besoin d'une quantité absurde (24 pouces) d'isolation sous la dalle pour atteindre les objectifs énergétiques globaux. Ce qui a résulté en une empreinte carbone plus élevée, cette tonne d'isolation dépassant de loin tout retour sur investissement raisonnable. Il aurait été préférable, d'un point de vue financier et écologique, de n'installer que 8 pouces d'isolation sous la dalle, indépendamment des fenêtres.
Il existe de nombreuses autres certifications et normes de construction écologique - les meilleures d'entre elles, à notre avis, prennent soigneusement en compte tous les facteurs avant de dicter les quantités d'isolation requises pour les murs, les toits ou les sols.
Le retour sur investissement : une importante considération dans la construction et l'isolation des maisons
Toutes les maisons à climat froid ont besoin d'une source de chaleur pour maintenir une température adéquate en hiver. La quantité de chaleur nécessaire dépend de la vitesse à laquelle la maison perd sa chaleur, laquelle dépend à son tour de la qualité de l'isolation et de l'étanchéité de la maison aux fuites d'air (ce qui, en termes d'efficacité et de durabilité d'une maison haute performance, est un autre facteur extrêmement important à prendre en compte et à mesurer, à l'aide d'un test d'infiltrométrie).
Les maisons qui perdent peu de chaleur peuvent se passer d'acheter une grosse chaudière pour se chauffer, sont plus confortables et conservent un milieu adéquat plus longtemps lors des pannes ! De plus, vous pouvez obtenir une aide financière pour améliorer l'isolation de votre bâtiment avec le programme Rénoclimat.
Vous en savez maintenant plus sur le bon niveau d’isolation à mettre dans l’enveloppe de votre maison. Trouvez plus d'information sur l’isolation dans les articles ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable. |
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