Mon toit plat a deux platelages et de nombreux petits empattements. Comment empêcher l'humidité et le froid de traverser par les empattements?
Ma maison est plus que centenaire, et a été rénovée à la fin des années 70, avec murs et plafonds en panneaux de gypse. Un couvreur m’a offert d’arracher le toit en place et de refaire la couverture en posant une couche d’uréthane giclé qui servirait d'isolant et de pare-vapeur. Il aménagerait également une ventilation d’entretoit adéquate. Ma question: même avec un giclage d’uréthane, l’humidité et le froid ne se faufileront-t-ils pas dans l’entretoit, via les nombreux empattements? Si on gicle de la cellulose à la place, ne passe-t-il pas assez d’humidité pour l’endommager? Pouvez-vous modéliser ce cas de figure sur ordinateur? Merci de votre attention! Carole
L’isolation d’un toit plat comportant deux plénums «entretoit» ne devrait pas être considérée à la légère, car n’est pas nécessairement évidente, ni sans risque.
De façon conventionnelle, l’isolation devrait se situer directement au-dessus de l’aire habitable, c’est-à-dire sur le plafond (ou sur le pare-vapeur recouvrant ce dernier le cas échéant). Dans le cas de l’uréthane, on doit avoir un visuel sur toute la surface à isoler, ce qui implique effectivement de retirer les deux platelages pour voir le plafond et appliquer ainsi le produit uniformément. Cette méthode est plutôt dispendieuse, en raison du produit lui-même qui n’est pas donné, mais aussi parce qu’il faut remplacer le platelage au complet. Oublier la récupération des vieilles planches, trop long donc trop cher.
Une autre méthode d’isolation beaucoup plus économique et tout aussi efficace énergétiquement (en plus d’être très écologique), consiste à ne faire que quelques ouvertures, voir des tranchées et ce dans les deux platelages, pour ensuite y insérer un tuyau transportant de la cellulose. Cette dernière pourra y être soufflée idéalement jusqu’à 30cm (12po) pour obtenir un facteur isolant de R41 (nouvelle norme). Si l’espace du plénum au-dessus du plafond n’est pas suffisant, il est très facile d’en ajouter par-dessus le platelage central pour compléter. Le spécialiste en isolation prendra soin d’en mettre un peu plus pour compenser le tassement du produit, tout en laissant un espace suffisant pour la circulation de l’air sous les solives du toit. Il portera aussi une attention spéciale aux détails tels que les puits de lumière et trappes d’accès.
Certains entrepreneurs peu consciencieux ne se donneront pas toujours la peine d’ouvrir tous les platelages pour y installer l’isolant directement sur le plafond, ou encore proposeront de poser l’isolant directement et seulement sur le toit et de condamner la ventilation. Le résultat est une perte de chaleur par les murs extérieurs à la hauteur de la section du toit non-isolé, provoquant une forte condensation à cet endroit, une détérioration accélérée des joints de briques le cas échéant, bref la catastrophe à moyen terme.
Une variante est aussi parfois proposée qui consiste à ouvrir les périmètres du toit, gicler de l’uréthane sur les murs intérieurs du toit, ajouter de l’isolant rigide sur le toit et condamner la ventilation, créant une bulle d’air stagnante (isolante) dans le toit. Le principe de cette méthode peu commune ne fait pas l’unanimité et comporte quelques désavantages majeurs qui la rendent habituellement peu attrayante.
Au niveau du pare-vapeur, il est vrai que les vieux bâtiments sont souvent déficients à ce niveau et que l’application d’uréthane vient parfaire ce dernier, mais n’oublions-pas que le premier pare-vapeur d’un bâtiment est la peinture. Si cette dernière est impeccable et qu’il n’y a pas de plafonnier (ou qu’il est très bien installé), alors le pare-vapeur derrière le plâtre perd beaucoup de son importance. L’important demeure surtout de s’assurer que les sources importantes d’humidité telles que les sorties de sécheuse, hottes et salle de bains sont bien évacuées à l’extérieur et que la ventilation du toit est adéquate.
Au sujet des empattements dans le toit, il faut considérer un facteur R de 1 à 1,5 pour chaque pouce de bois. On arrive ainsi plutôt loin du facteur d’isolation prescrit, mais ce dernier ne l’est pas pour une valeur ponctuelle, mais pour une valeur moyenne du toit. Considérant la faible surface horizontale occupée par ces empattements, on peut probablement les considérer près du négligeable. Le bois ne se conduit habituellement pas non plus dans un toit comme un vecteur de circulation d’air ou d’humidité, à moins d’avoir une source importante amenée par pression ou par capillarité.
Pour en savoir plus sur la ventilation des toits plats, cathédrales, à faible pente, en tôle, sur les Maximum, les évents et bien plus, lire cet article.
Bonne journée!
Louis-Martin Paquet
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