Quelle est la meilleure finition extérieure pour une construction avec isolation en ballots de paille selon la technique du GREB?
Nous hésitons entre deux façons: 1) Finir avec un crépis directement sur le mortier ou 2) Clouer des lattes, installer un contreplaqué de 1/2", installer un grillage d'accroche dessus puis mettre le crépis. Pourquoi ajouter toutes ces étapes? Parce que nous avons lu et entendu que le crépis directement sur le mortier peut faire en sorte que ce dernier devienne humide si les murs sont exposés, ce qui est notre cas. C'est pourquoi nous avons pensé ajouter une lame d'air entre le mortier et la finition en crépis qui donne une apparence qui nous plait beaucoup. Quelle est l'opinion des experts sur ce sujet?
« À mon avis, mettre un contreplaqué plus un enduit par-dessus risque de bloquer la migration de la vapeur d’eau (ce n’est pas comme mettre tout simplement un parement de bois avec un espace d’air où il y a circulation). Je crains qu’une condensation se fasse entre le contre-plaqué et le monomur. Si le mur actuel reste humide, il faudrait vérifier pourquoi : est-ce qu’il y a un problème de remontée capillaire, des débords de toit insuffisants? Peut-être y a-t-il trop de ciment (garde davantage l’humidité) dans le mortier etc. Est-ce qu’un corps d’enduit et un enduit de finition avec badigeon (pare-pluie) ont été faits? »
Concepteur et consultant en habitat écologique, Michel Bergeron a publié en 2000 avec Paul Lacinski un ouvrage de référence sur la construction en ballot de paille adaptée au climat québécois, Serious Straw Bale.
« Je suis d'accord avec la réponse de Sylvie. J'ajouterais simplement qu'en principe, un mur de paille n'est viable seulement lorsqu'aucun matériau qui le compose n'est susceptible de bloquer du côté froid du mur la vapeur d'eau qui pourrait le traverser. Dans le cas présent, il faudrait installer sur la face interne du mur de paille un matériau ayant une résistance à la diffusion de vapeur au moins équivalente ou supérieure à ce panneau qu'on ajoute à l'extérieur. Sinon, une certaine quantité de vapeur sera assurément bloquée sur la face interne du panneau et, celui-ci étant froid, se condensera et finira par migrer dans le crépi et endommager la paille à l'intérieur, ce que l'on cherche à éviter en adoptant cette solution.
En toutes circonstances, la meilleure approche consiste à créer une surface externe qui diffuse au moins autant, sinon plus que la surface interne du mur de paille. Il faut être très prudent lorsqu'on introduit des composantes de murs standards dans un mur de paille, à moins d'y aller avec toutes les autres composantes qui viennent avec, c'est-à-dire utiliser la paille comme simple isolant, ajouter un pare-vapeur de type 1 sur la face interne du mur, etc. Et, dans ce cas, pourquoi utiliser de la paille ??? »
Finalement, Pierre Gilbert connait très bien la technique du GREB puisqu'il en est l'auteur ! Voici sa réponse.
« Je suis bien d'accord avec les réponses précédentes.
Le mortier GREB est très poreux, expérience faite. Un bloc absorbe l'eau comme une éponge et la diffuse tout autant. Il est un très bon régulateur hydrique qui se charge d'éliminer toute poche ou accumulation d'eau dans le mur.
Cela nécessite aussi, comme le dit Michel, que la diffusion soit uniforme et ne soit pas ralentie par le revêtement extérieur. Comme on le sait, la perméabilité d'un mur, si elle n'est pas uniforme dans le mur, doit augmenter de l'intérieur du mur vers l'extérieur. Autrement dit, la paroi extérieure doit être plus perméable que la paroi intérieure.
Quant au matériau à utiliser à l'extérieur, le crépi à la chaux est très perméable (diffuseur). Pour faciliter l'accroche, réaliser des marques sur le mortier comme sur la photo jointe. Si le mortier a été coulé depuis un certain temps, il peut être nécessaire d'utiliser une scie circulaire avec une vieille lame montée à l'envers pour faire les rainures.
Je sais aussi d'expérience que les parements de bois font bien l'affaire s'ils sont posés avec une fourrure (lattes) en dessous pour créer une lame d'air.
Quant à savoir si un crépi à la chaux puisse rendre un mur de mortier humide sur des murs exposés, je ne le crois pas. Le crépi à la chaux a une porosité (diffusion) maximale, au moins aussi grande que le mortier GREB. Le séchage à l'extérieur d'un mur, l'été, est supérieur au mouillage par la pluie. Je ne me prononcerais toutefois pas sur les habitations construites sur les bords de mer, comme dans les provinces maritimes, où les vents horizontaux poussent les pluies abondantes sur les murs. Des maisons dans ces lieux particuliers doivent impérativement comporter de larges débordements de toit et des larmiers au haut des fenêtres.
Pour ce qui est de l'automne et de l'hiver, l'abaissement des températures élimine les risques de dommages par une éventuelle humidité dû à la pluie. »
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