Le potentiel du photovoltaïque au Québec et ses mesures d'application

Afin de contribuer à cette solution, le gouvernement du Québec ainsi que la société d’État Hydro-Québec semblent être en faveur de la démocratisation de cette énergie renouvelable. Si ailleurs au Canada les incitatifs sont intéressants pour installer des panneaux photovoltaïques à la maison, est-ce cependant réellement le cas au Québec?

La position des grandes institutions québécoises

C’est officiel, Hydro-Québec veut encourager l’autoproduction d’énergie de sa clientèle : à partir de 2026, la société d’État veut subventionner l’acquisition de panneaux solaires et estime que 125 000 bâtiments pourraient en être munis d’ici 2035. Ces mesures donnent un signal clair que la société d’État est en faveur du déploiement des panneaux solaires. La subvention envisagée serait d’environ 500$ le kilowatt.

Le choix de miser sur le photovoltaïque est donc en corrélation avec la demande accrue d’électricité estimée d’ici 2050, à laquelle Hydro-Québec devra répondre pour contribuer à la transition énergétique, puisque le Canada devra doubler sa production d'énergie pour atteindre son objectif de carboneutralité. Les projets d’électrification des transports feront d’autant plus augmenter la demande en électricité.

Le gouvernement a aussi annoncé être en faveur de la démocratisation du photovoltaïque. En début d’année 2024, l’ancien ministre du Québec Pierre Fitzgibbon a en effet déclaré que l’intervention de l’État était nécessaire et qu’il devait être davantage subventionnaire pour atteindre les objectifs de carboneutralité.

Le potentiel du photovoltaïque au Québec

Le potentiel des panneaux solaires est bien existant et prouvé : le niveau d’ensoleillement est supérieur à Montréal par rapport à bien d’autres villes qui ont décidé d’implanter le photovoltaïque en masse. De plus, la neige au Québec n’impacte pas de beaucoup la production d’énergie (de 2 à 5% seulement).

Au courant des 20 dernières années, le prix du solaire a chuté de 90%. Cela consiste en un bon argument pour que le gouvernement aille de l’avant avec cette stratégie afin d’augmenter notre production d’électricité à base d’énergie renouvelable. Au Canada, c’est à Montréal que le prix des panneaux solaires est le moins rentable, ce qui n’incite pas les gens à s’en procurer.

Si elle n’a pas toujours été au point, la technologie des panneaux solaires photovoltaïques est de plus en plus efficace. Grâce à la technologie utilisée pour les modules de silicium cristallin, leur efficacité a bondi de 50% dans les 17 dernières années. De décembre à mars, les gains solaires sont moins performants. De mars à octobre, le photovoltaïque peut être considéré comme une énergie d'appoint intéressante pour le bâtiment, tout en réduisant la dépendance à Hydro.

Pour ces raisons, le potentiel du photovoltaïque est amplement intéressant au Québec pour l’intégrer dans les solutions et les stratégies de production d’énergie renouvelable, de manière plus prononcée que ce l’est actuellement.

Sa contribution dans la lutte aux changements climatiques

Une grande quantité d’installation de panneaux solaires au Québec permettrait d’éviter des enjeux reliés à la construction de nouveaux barrages hydroélectriques, d'éoliennes ou de centrales nucléaires. Les enjeux d’acceptabilité sociale seraient diminués, voire inexistants, puisque les citoyens peuvent installer les panneaux directement chez eux, ce qui détourne aussi le recours aux lignes à haute tension.

Avec les impacts de plus en plus fréquents des changements climatiques affectant ces lignes et les régions des barrages hydroélectriques, tels que les feux de forêt et les épisodes de verglas, une production d’électricité ultra localisée avec des panneaux solaires contribuerait à notre résilience énergétique. La construction de nouveaux barrages pourrait être évitée, ce qui minimiserait la déforestation massive empêchant la captation de CO2. Finalement, lors de périodes d’ensoleillement, nous utiliserions collectivement moins d’hydroélectricité, ce qui permettrait de faire monter l’eau dans les barrages.

La position d’Écohabitation

Dans son programme de mesurage net, le prix auquel Hydro-Québec rachète les surplus d’électricité afin de les injecter dans son réseau est équivalent à celui payé par les consommateurs, ce qui ne favorise pas l’installation de panneaux solaires dans la province. Ce prix intéressant de production d’électricité pour les panneaux solaires, combiné à des prix particulièrement bas pour l’hydroélectricité au Québec, rend l’installation non rentable et n’encourage pas les consommateurs à s’en procurer.

Selon nous, Hydro-Québec devrait mettre en place de meilleurs incitatifs, soit un programme d’incitatifs financiers. Pour atteindre les objectifs fixés de mettre en place 125 000 adoptions d’ici 2050, les incitatifs actuels ne sont pas représentatifs de cette décision, puisqu’ils ne sont pas suffisants. Plutôt que de proposer une subvention au kWh, ils devraient plutôt opter pour une production au mesurage net.

Dans un premier temps, le coût de rachat devrait être plus intéressant de la part d’HQ, avec une révision du programme de mesurage net. Il est primordial de le rendre plus attrayant, avec un tarif préférentiel pour du solaire. Par exemple, Hydro-Québec pourrait offrir au minimum 12 sous le kWh, soit un peu plus que le tarif standard après le tarif du bloc patrimonial et au-dessus du coût de production de 11 sous le kWh.

Afin de mettre au point des incitatifs clairs, il serait intéressant que la société d’État crée un comité étudiant les projets solaires, émettant des recommandations claires, telles que la qualité de systèmes exigés, le type d’équipements, etc. Actuellement, le Québec est bien en retard par rapport aux autres provinces canadiennes sur la question du solaire.

Nos recommandations sur l'implantation du PV

Quel type d'installations solaires photovoltaïque favoriser : autoproduction ou production distribuée? Écohabitation est en faveur des deux types de production, à certaines conditions.

Autoproduction : Les installations québécoises sont principalement en autonomie, soit en autoproduction, tandis que le reste du monde est plutôt en production distribuée (branchement au réseau). Nous sommes en faveur des systèmes photovoltaïques autonomes au Québec étant donné notre expertise particulière. Toutefois, cette option nécessite une approche globale et bien réfléchie. Le photovoltaïque autonome peut mener à de l’étalement urbain, à une faible densité d’habitation et donc, au recours à l’automobile. Dans le cas fictif où la majorité des citoyens autoproduisent leur électricité à partir de photovoltaïque, sans qu’Hydro-Québec ne rachète l’électricité, les prix de l’hydroélectricité augmenteraient, ce qui renforcerait la volonté des citoyens d’autoproduire pour éviter ces prix en crescendo.

Production distribuée : Nous sommes aussi en faveur du solaire en production distribuée puisqu’il peut participer à la problématique actuelle de la transition énergétique. Pour que cela puisse avoir un véritable impact positif et bien s’implanter au Québec, il serait optimal :

• de sélectionner des panneaux qui permettent le stockage. Cela permettrait une certaine autonomie lors de pannes, en plus de pouvoir contribuer à la gestion des pointes de demande d’électricité.

• que les municipalités permettent l’installation de panneaux solaires photovoltaïques. Certaines réglementations le permettent, mais souvent celles-ci demandent à ce que les panneaux ne soient pas visibles de la rue, ce qui est problématique si le toit est situé en façade sud sur une rue. La réglementation pourrait plutôt exiger à ce que les panneaux soient de type BIPV (building integrated photovoltaic ; photovoltaïque intégré au bâtiment).
   
• que la possibilité du V2H – V2G (vehicule to house – vehicule to grid) soit permise et que le Québec demande aux constructeurs d’automobiles électriques que cette possibilité fasse partie de la garantie de l’automobile. Ce concept permet de puiser et de redistribuer l'énergie stockée dans la batterie d'un véhicule électrique vers le réseau électrique. Québec devrait maintenir la subvention des 8000$ par véhicule permettant le V2H et le V2G.
   
• que le concept de maison net zéro soit promulgué par le gouvernement du Québec, étant donné que le gouvernement fédéral en fait un objectif à atteindre pour toute nouvelle habitation en 2050.