Selon une récente étude menée par la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal sur l’état de l’énergie au Québec1, la grandeur des logements est en hausse, alors que le nombre d’habitants par ménage est en baisse. Dans le contexte actuel de crise du logement, les espaces inoccupés et inutilisés représentent une problématique importante à prendre en compte. Découvrez comment optimiser l’utilisation de votre résidence.

Comprendre le problème des pièces vides

L’étude de HEC Montréal confirme qu’entre « […] 1990 et 2021, la surface moyenne des logements s’est accrue de 23 % (voir graphique 36). » 1

Voilà une statistique qui en dit long. Les habitations sont de plus en plus grandes, et pourtant, le nombre de personnes par ménage diminue. Ces données s’expliquent par le fait que le nombre de maisons unifamiliales et attenantes augmente plus rapidement que le nombre d’appartements et de condos. Ce phénomène, en plus d’augmenter le nombre d’espaces vide, entraîne également des enjeux reliés à l’énergie, puisque les maisons consomment 28% plus d’énergie que les appartements1. Au final, les Québécois consomment donc de plus en plus d’énergie pour se loger.

graphique superficie des logements
On observe une augmentation de 23% de la superficie des logements entre 1990 et 2021. ©Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal

Emmanuel Cosgrove, directeur chez Écohabitation, considère que le nombre de personnes par ménage a un très grand rôle à jouer quant à l’empreinte énergétique d’un individu. Prenons l’exemple d’un couple sans enfants se faisant construire une maison de quatre chambres certifiée Passiv Haus. Bien entendu, leur maison est conçue de sorte à consommer peu d’énergie. Toutefois, si l’on cherche à obtenir l’empreinte énergétique individuelle des deux personnes du couple (en divisant la quantité d’énergie totale utilisée annuellement par deux), on obtient un nombre plus élevé que pourrait obtenir si le même couple habitait dans un appartement, un condo, ou dans une grande maison partagée avec d’autres membres de la famille. 

« L’efficacité, ce n’est pas seulement réduire sa facture, c’est aussi le nombre de personnes sur la facture! » 

Sachant maintenant qu’une maison écoénergétique ne suffit pas à elle seule à rendre un individu faible en émissions, voici les options qui s’offrent à nous pour réduire l’empreinte environnementale de notre résidence.

Quelles sont les solutions?

Il n’y a pas de solution miracle à cette réalité des pièces vides, mais si chaque propriétaire de maison unifamiliale était conscient de l’impact que peut avoir l’espace inoccupé de sa propriété, peut-être que l’on pourrait constater une amélioration de la situation. Moins de pièces vides au Québec pourrait contribuer à la diminution de la crise de logements actuelle. Un deux pour un très important pour notre société!

famille en déménagement
Choisissez votre résidence en fonction des besoins de votre famille.

Voici nos conseils afin de bien choisir votre prochaine résidence ou de maximiser l’utilisation de celle que vous avez présentement.

1. Choisir en fonction de ses besoins

La prévoyance est une excellente qualité, mais, lorsqu’il est question de choisir un logis, on a tendance à en abuser. Plutôt que de calculer la superficie nécessaire pour le bien-être des occupants permanents, la plupart des gens prennent en considération l’espace dont ils ont besoin pour accueillir leur famille ou leurs amis lors des occasions spéciales, comme dans le temps des Fêtes. Cependant, en pensant de la sorte, les propriétaires se retrouvent à habiter dans une maison bien trop grande pour leurs besoins, ce qui engendre des coûts d’énergie supplémentaires et inutiles.

Bien entendu, nous ne vous suggérons pas de repousser vos proches, mais pensez bien à ceci : le fait d’économiser, annuellement, le montant relié aux chambres inoccupées de votre maison vous permettrait fort probablement d’offrir une nuit ou deux à l’hôtel ou en auberge! Alors, pourquoi le payer en énergie de chauffage et de climatisation gaspillée? Optez pour une résidence ayant l’espace dont vous avez réellement besoin.

Ce conseil s’applique également aux agrandissements : est-ce que vous avez vraiment besoin d’espace supplémentaire ou est-ce qu’un remaniement de la configuration actuelle pourrait régler le problème? Penchez-vous sur la question avant d’entamer ce genre de démarche coûteuse et énergivore.

2. Déménager dans plus petit

Plusieurs couples prennent la décision de déménager dans un appartement ou une résidence plus petite une fois que tous les enfants ont quitté le nid familial, ou lors du décès de l’un des deux membres du couple. Il s’agit d’un choix non seulement financièrement intéressant, mais aussi environnementalement intelligent. Pourquoi avoir plus de chambres que d’occupants?

cuisine d'appartement
Les appartements consomment 28% moins d'énergie que les maisons. 

3. Éviter de tomber dans le piège des résidences secondaires

Passer du temps en nature, on aime tous cela! Toutefois, posséder un chalet, c’est aussi posséder une superficie supplémentaire qui n’est souvent utilisée que quelques mois par année. Par conséquent, même si, par exemple, en ville, vous habitez dans un petit appartement à faible consommation, le fait d’avoir un chalet vient augmenter considérablement votre empreinte énergétique (sans compter l’essence nécessaire pour vous y rendre!).

Avant d’acquérir une résidence secondaire, considérez toutes les options qui s’offrent à vous afin de faire le bon choix. Avez-vous des proches qui pourraient vous prêter leur chalet quelques fins de semaine au cours de l’été? Est-ce que, dans votre cas, le fait de louer un chalet locatif serait moins coûteux que d’avoir le vôtre? Êtes-vous intéressé par le camping ou le glamping? Bref, prenez la peine de considérer toutes les options!

4. La cohabitation

Notre toute dernière option est la cohabitation. Si vous n’êtes pas prêt à déménager, il y a moyen de garder votre maison tout en réduisant ses pièces vide, soit en cherchant des colocataires, soit en créant un logement ou un bachelor à même votre résidence! Cette idée peut également être appliquée comme solution à la solitude de la population vieillissante… Pourquoi ne pas les accueillir chez soi et leur permettre de passer de beaux moments en famille grâce à une habitation bigénérationnelle?

En plus de ses avantages sociaux, la cohabitation permet d’augmenter le nombre d’occupants sous le même toit, diminuant ainsi considérablement l'empreinte énergétique individuelle… Et la facture du propriétaire! Pensez-y, cette option pourrait vous faire économiser grâce aux revenus récoltés.

Alors, que ferez-vous de vos pièces vides?

Whitmore, J. et P.-O. Pineau, 2024. État de l’énergie au Québec 2024, Chaire de gestion
du secteur de l’énergie, HEC Montréal, préparé pour le gouvernement du Québec. https://drive.google.com/file/d/1zffLiR5milncBRCotxmU7fkACPEaKxQA/view