Les voyants environnementaux et climatiques sont au rouge, mais le sentiment d'urgence a attisé l'implication générale. Depuis plus de 50 ans, le rang des écologistes convaincus grandit peu à peu, mais ces derniers mois, de plus en plus de citoyens se sentent concernés, et ils réclament aux responsables politiques de s'engager.
Les déclencheurs: la CAQ et le GIEC
Comme l'a souligné en septembre dernier António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, les changements climatiques vont plus vite que nous ; une plus grande ambition et un leadership plus vigoureux sont nécessaires pour faire face à ce qu’il a appelé « la menace majeure de notre époque ».
Chez nous au Québec, la période électorale a marqué, plus tôt dans l'année, le coup d'envoi d'une mobilisation sans précédent. Onze groupes environnementaux se sont unis pour réclamer un leadership politique plus vigoureux et appelé à la mobilisation citoyenne, en faisant écho à l'appel d'António Guterres. Équiterre, la Fondation David Suzuki, Greenpeace, Nature Québec et sept autres organismes environnementaux actifs depuis des décennies ont incité les partis politiques d’intégrer 23 propositions jugées essentielles en matière d’environnement. L'initiative Vire au vert était née.
C'est dans le cadre de cette campagne que la Coalition Avenir Québec (CAQ) était ressortie comme le parti le plus frileux (et de loin) en matière de préservation de l'environnement et de mesures en faveur du climat (consulter le document de réponses des principales formations politiques aux 23 priorités environnementales d’une coalition de groupes environnementaux et citoyens). Ainsi, depuis le résultat des élections, les attentes sont nombreuses, mais aussi fébriles.
Vers un nouveau projet de société
En écho aux résultats de l'élection et de l'urgence annoncée en octobre dernier dans le Rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, plus de 500 artistes, scientifiques et leaders de différents secteurs appellent tous les Québécoises et Québécois à signer le Pacte pour la transition afin de « passer de la parole aux actes ».
Ce Pacte met l'engagement sur la table, comme un défi. De l'engagement citoyen, pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre en posant des gestes concrets. Plus de 200 000 signataires ont dit oui pour passer à l'action. À peine cinq jours après son lancement, le Pacte bénéficie d'un franc retentissement. Il provoque aussi le débat, remis en cause par certains pour sa légitimité: « Tout le monde est pour la vertu, mais quelle portée ce pacte a-t-il? » questionne-t-on. Il n'empêche que le débat est sur la table, et que le constat qu'il faut changer les choses est conscientisé par un grand nombre.
Un engagement citoyen, donc, mais aussi une demande d'engagement de la part de la sphère politique, « sachant pertinemment que la somme des gestes individuels ne fera pas le poids face à l’ampleur des cibles à atteindre et que l’action politique est incontournable face à l’urgence », comme l'énonce le Pacte.
Parmi les principes et les actions réclamés auz responsables politiques: le déclenchement d'un grand chantier d’efficacité énergétique et d’électrification du Québec, la planification de l'arrêt de exploration et exploitation des énergies fossiles, une campagne d’éducation nationale sur les changements climatiques, la mise en place d'une politique de l’architecture et de l’aménagement. Les acteurs de terrain concernés s'activent déjà depuis plusieurs années sur certains de ces chantiers, une nouvelle perspective et un énoncé clair est toujours bénéfique. On croit assister à la naissance d'un nouveau projet de société.
Le samedi 10 novembre dernier, c'est un groupe indépendant de citoyennes et de citoyens bénévoles qui a fait appel à l'implication citoyenne. L'invitation du collectif La planète s’invite au parlement à participer à une marche pour inviter l'environnement au coeur de la politique a fait écho auprès des citoyens. Ils ont répondu à l'appel en nombre: à Grand Montréal, où 50 000 personnes se sont réunies, a Québec, Ottawa, mais aussi Sherbrooke, Trois-Rivières, Rimouski, Chicoutimi, Gaspé, Maria, Cacouna et Val-David. Un formidable mouvement à l'échelle de tout le Québec, donc. Impressionnant et vecteur d'espoir.
Ils étaient toutes générations confondues, mobilisées pour cette cause qui nous concerne aussi bien individuellement, que collectivement, en tant que société. Une marche comme signe de conscientisation personnelle, mais aussi un rappel aux pouvoirs politiques et économiques que la responsabilité demeure, en définitive, dans leur camp.
D'autres regroupements s'organisent
Déclarations climatiques des professionnels
On a beau s'investir professionnellement, plusieurs secteurs dépendent de décisions politiques pour réellement faire changer les choses, du point de vue environnemental. Ainsi, les regroupements professionnels appellent à leur tour nos gouvernements à passer à l'action, dans le cadre de Déclarations climatiques.
Avec pour objectif de transformer le défi climatique en une occasion de créer une société meilleure, des architectes, ingénieurs, juristes, artisans du Cinéma et de la Télévision et candidates de tous partis politiques ont publié leur propre déclaration climatique et appellent à leurs pairs à l'appuyer eux aussi. Consultez ces déclarations sur le site web Déclarations climatiques. À venir, celle des professionnels de l'habitation!
La semaine précédent la rentrée parlementaire du 27 novembre, les déclarations provenant de tous les milieux seront présentées au gouvernement pour exiger une prise en charge de la situation.
Le Manifeste pour un mouvement vers l'habitation durable d'Écohabitation
Si les bâtiments ne représentent (que) 20 % des émissions de gaz à effet de serre, ils représentent pourtant des enjeux environnementaux de taille dans de nombreux domaines: aménagement du territoire, manufactures, gestion des déchets et recyclage... Consciente du potentiel de changement de son domaine de prédilection l’équipe d’Écohabitation s'est manifesté en juin dernier pour se faire entendre auprès des citoyens, des intervenants du secteur de l'habitation ainsi que des partis politiques.
Le Manifeste propose une série de mesures pragmatiques et abordables pour favoriser la construction et la rénovation de bâtiments résidentiels durables, et ainsi donner au gouvernement les balises pour que l’intervention dans ce domaine soit pertinente et efficace. La vision? Que la durabilité, la qualité, la performance, la santé et le souci de l’environnement fassent partie intégrante de l’habitation que nous planifions, concevons, bâtissons et rénovons au Québec. Joignez-vous au 300 citoyens et professionnels du milieu et signez le Manifeste sur notre site web.
Manifester son opposition est et sera toujours un mode d'expression citoyenne. Mais l'urgence imposée par les changements climatiques nous pousse à l'implication positive et l'exhortation à l'action. Nous attendons aujourd'hui beaucoup des responsables politiques.
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