C’est une triste nouvelle qui nous a été transmise récemment par la direction de Solénove Énergie Québec inc. (Solénove), qui a eu le regret d’informer ses clients, partenaires et collaborateurs qu’elle a pris la décision de mettre fin à ses activités en tant que distributeur exclusif des systèmes de récupération de chaleur des eaux grises Power-PipeMD au Québec, depuis le 11 avril 2014.

Depuis 2010, Solénove a été distributeur exclusif du système de récupération de chaleur des eaux grises Power-PipeMD et leader en matière de récupération de la chaleur des eaux grises. En plus d’être les précurseurs de cette technologie au Québec, les fondateurs de Solénove sont également à l’origine du premier projet-pilote, réalisé dans le cadre de l’activité PISTE (Projets d’initiatives structurantes en technologies efficaces), qui a permis à Hydro-Québec de valider les gains énergétiques, la capacité du marché à déployer à grande échelle cette mesure d'économie d'énergie, l'intérêt des consommateurs, ainsi que les principales barrières à l'achat d’un récupérateur de chaleur des eaux grises.

La province enregistrerait un retard important en ce qui concerne la récupération de chaleur des eaux grises, notamment par rapport à l’Ontario, qui reconnaît déjà cette technologie d’économie d’énergie dans son Code du bâtiment.  C’est pourtant au Québec que cette mesure a d’abord été introduite. Pour monsieur François Michel, président de Solénove, « le laxisme des institutions gouvernementales a été une importante barrière au déploiement de la technologie au Québec au cours des dernières années, principalement en ce qui concerne la Régie du bâtiment et Hydro-Québec (malgré une décision favorable de la Régie de l’énergie).  Les mesures novatrices d’économie d’énergie et de puissance comportent déjà plusieurs barrières commerciales naturelles.  Si l’on ajoute à cela l’inertie des institutions, nous perdons la viabilité commerciale de l’opération, à court et moyen terme. »

Cette décision fait suite à une directive de la Régie du Bâtiment du Québec (RBQ) qui interdit de raccorder l’alimentation en eau froide de la douche sur la conduite d’eau préchauffée par les systèmes de récupération de chaleur des eaux grises. Selon la RBQ, les conditions de température de l’eau qui alimente directement la douche peuvent se retrouver dans la plage de prolifération des bactéries, telles que les légionelles.  Écohabitation fait le point sur les dangers de baisser la température d'un chauffe-eau ici.

Directive de la RBQ sur les PowerPipe MD
© RBQ

Pour monsieur François Michel, « Cette décision est questionnable de la part de la RBQ.  Cette dernière a solutionné un problème, possiblement inexistant, à un coût énorme pour les Québécois, l’environnement et l’industrie verte québécoise.  Tout ce que nous demandons est la réalisation de tests, afin de vérifier si, oui ou non, la technologie représente réellement un risque pour la santé des occupants.  Ironiquement, pendant ce temps, la technologie connaît une croissance importante en France, une juridiction pourtant reconnue pour sa réglementation sévère en matière de légionellose ».

Écohabitation rappelle que les systèmes de récupération de chaleur des eaux grises sont une des mesures d’efficacité énergétiques les plus viables à ce jour. Sa période de retour sur investissement est rapide (parfois moins d’un an), son surcoût est modéré et voire même inexistant (si cette solution permet de se passer d’un réservoir d’eau chaude plus volumineux), et sa durée de vie est très importante. Pour se rendre compte des économies visées, vous pouvez vous fier au calculateur développé par le CEATI. Par exemple, une famille montréalaise qui prend quatre douches de 10 minutes par jour bénéficierait d’économies de 1 722 kWh d’électricité par année, soit environ 130 $. À bon entendeur : cette mesure devient quasiment inévitable si l’on veut limiter les dépenses énergétiques des douches interminables de ses adolescents! 

Calculateur du CEATI
Calculateur développé par le CEATI. © CEATI 

Le principe de précaution concernant le développement des légionnelles est une bonne chose pour la santé de tous les Québécois, mais il est extrêmement dommage que cela se fasse au détriment de l’industrie verte québécoise. Selon Emmanuel Cosgrove, directeur d’Écohabitation, « il est vraiment utile de se questionner sur le risque autour du développement des légionnelles pour les volumes d’eau considérés. Y a-t-il vraiment une susceptibilité plus grande pour les conditions de développement de la légionnelle? Si on poussait un peu la logique, il serait possible d’interdire de nombreuses installations de plomberie où il y a des conditions équivalentes à celles des systèmes de récupération de chaleur. Il est vraiment dommage de se passer de l’option de préchauffage du réservoir et de l’eau de douche au profit de l’option moins efficace du réservoir seulement. Dans notre contexte québecois, où il est très difficile d’avoir des mesures d’efficacité énergétique rentables rapidement, cette technologie fait presque office d’exception et il est dommage de lui mettre des bâtons dans les roues sans études approfondies. »

Plus d’efforts devraient être réalisés pour aider la démocratisation de cette technologie tout en favorisant les installations qui ne comportent aucun risque pour la santé. Le programme Novoclimat valorise d’ailleurs de manière importante ces systèmes, s’ils sont bien posés.

Notez toutefois que cette mesure d’efficacité énergétique existe toujours au Québec et qu’il restera toujours possible de s’approvisionner avec ces systèmes auprès d’autres distributeurs. 

Vous pouvez consulter nos articles sur le sujet pour en savoir plus sur les récupérateurs de chaleur des eaux grises.