Il y a plus de 10 ans, en avril 2005, l’équipe de l’architecte Ron Rayside déploie formellement son engagement envers la certification LEED®. En effet, les préoccupations sociales et environnementales de la firme stimulent cette dernière à aller plus loin dans la construction de son immeuble.
Le bâtiment est conçu pour un usage mixte : commercial (abritant les bureaux de la firme) et résidentiel (quatre appartements). Le projet fait déjà figure de précurseur à l’époque, puisqu’il aspire alors à devenir le plus petit projet LEED® certifié au Canada (moins de 700 m2), faisant de cet immeuble une référence pour tous les futurs projets écologiques à petite échelle. Si l’équipe inscrit son projet auprès de l’organisme certificateur LEED® en 2005, elle devra faire preuve de persévérance, puisque la certification ne sera délivrée officiellement qu’en 2012 !
Le projet, qui a finalement obtenu le niveau « Certifié » avec 27 points (selon la version 1 du système d’évaluation LEED® Canada NC), a depuis été particulièrement suivi pour ses consommations en eau et en énergie. Qu’en est-il vraiment, quelques années plus tard?
Performance énergétique
Lors de l’évaluation, le bâtiment avait obtenu cinq points dans la catégorie Énergie et atmosphère de LEED®. Les choix techniques portaient notamment sur l’installation d’un système géothermique (pour le chauffage, l’eau chaude et la climatisation), des échangeurs d’air pour la ventilation, un éclairage naturel privilégié, des isolants performants ou encore des fenêtres à triple vitrage.
Les résultats démontrent que la certification LEED® tient ses promesses, du point de vue de sa consommation énergétique : la consommation réelle du bâtiment correspond toujours à la consommation visée par la certification LEED®, près de 10 ans après sa construction.
Les consommations relevées restent inférieures à la consommation de référence du CMNEB 1997 et à la consommation proposée pour LEED®, sauf pour la partie Bureau qui dépasse légèrement la consommation proposée. Le dépassement de l'objectif LEED® est probablement lié à l'augmentation importante des effectifs dans les bureaux (40 personnes au lieu de 15), nécessitant davantage de consommation (en particulier bureautique et éclairage). Les logements A et B sont bien en dessous des valeurs visées par LEED®, tandis que les logements C et D sont très légèrement en dessous. © Nicolas Peron |
Bien que le seuil maximal de la consommation d’énergie était ambitieux lors de sa construction, il serait nécessaire d'aller encore plus loin aujourd’hui. En effet, il y a une évolution constante des normes et réglementations, ainsi que de nouvelles versions de référentiels de certification tels que LEED®. Le Code national de l’énergie pour les bâtiments (CNÉB) 2011 représente une amélioration d’environ 25% de l'efficacité énergétique par rapport au Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNÉB) de 1997 qui avait servi de référence. Aujourd’hui, cela fixerait la consommation maximale à 22 kWh/pi2/an pour les bureaux et à 25 kWh/pi2/an pour les habitations. En prenant en compte ces valeurs réglementaires, on constate que le bâtiment « Rayside Labossière » respecte les exigences prévues pour les constructions neuves actuelles, démontrant bien l'anticipation réalisée grâce à la certification LEED®.
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Le diagramme indique les consommations énergétiques du bâtiment, détaillant à la fois la partie bureaux ainsi que chacun des logements, sur la période s’étalant d’août 2011 à février 2014. Il s’agit de la période pour laquelle des données ont pu être collectées de façon fiable. L’ensemble des analyses de consommation se baseront donc sur ce même intervalle. À titre de repère, on indique également la courbe de température moyenne ainsi que la courbe de degrés-jours (qui exprime les besoins en chauffage liés à la température extérieure). © Nicolas Peron |
On peut également apprécier l'impact non négligeable du comportement. En effet, on voit que le différentiel de consommation d'un logement à un autre peut être important, y compris quand les appartements ont la même superficie, un nombre d'occupants similaire, la même exposition ainsi que les mêmes équipements électroménagers.
Il semble difficile d'aller plus loin dans l'analyse, car les résultats de consommation poste par poste seraient nécessaires (chauffage, ventilation, climatisation, éclairage); données qui ne sont pas disponibles dans le cas présent.
Consommation d’eau
Ce projet avait obtenu deux points dans la catégorie Gestion efficace de l’eau, notamment grâce aux toilettes à double débit et à un urinoir sans eau.
© Nicolas Peron
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L’étude permet de conclure que la gestion de l'eau n'est pas aussi efficace que prévu, notamment pour les bureaux et les logements C et D.
Plusieurs hypothèses sont possibles : les occupants sont davantage sensibilisés à la gestion énergétique qu'à la rareté de l'eau, ou les solutions techniques mises en place pour l'eau ne sont pas aussi performantes que prévues.
En bref, la gestion énergétique se rapproche davantage des prédictions que la gestion de l’eau, que ce soit pour les valeurs de référence que pour les propositions LEED®. De façon générale, le bâtiment « Rayside Labossière » démontre que les objectifs ambitieux visés par la construction sont toujours atteints 10 ans après sa certification et qu’un des facteurs déterminants de l’opération du bâtiment reste déterminé par le facteur d’utilisation de ses occupants.
Consultez le document PDF de l'analyse complète (version longue) ici.
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