Chargé de cours depuis plus de 25 ans à l'UQAM en ressources énergétiques renouvelables et bâtiment sain, Jean-Pierre Desjardins y a développé le Certificat en ressources énergétiques durables. Administrateur d'Écohabitation, il y est aussi le formateur spécialisé en maison autonome et autoproduction d'énergie. July Paquin (JP), responsable des formations chez Écohabitation, a rencontré Jean-Pierre Desjardins (J-PD) pour mieux connaître son point de vue d'expert en solaire photovoltaïque, éolienne et micro-hydroélectrique.
JP − Parlez-nous de votre parcours.
J-PD − Mon cheminement académique a évolué en fonction de coups de cœur. J'ai commencé à m'intéresser aux questions d'énergie assez tôt, pour arriver à une maîtrise en sciences de l’environnement à l’UQAM, en choisissant la physique pour orienter mes études dans le domaine de l’énergie. J'y ai approfondi le sujet en utilisant les logiciels de rendement thermique des bâtiments, notamment dans le cadre d'une collaboration avec un fonctionnaire de l’ex-Bureau de l’efficacité énergétique du gouvernement du Québec. Avec mon tuteur, nous avons développé un nouveau cours du certificat en sciences de l’environnement, centré sur l’utilisation des logiciels de simulation de rendement thermique des bâtiments.
"Un professeur de la maîtrise en sciences de l’environnement à l’UQAM m’a particulièrement marqué: M. Pierre Dansereau, reconnu comme l’un des 2000 plus grands scientifiques du dernier siècle. Ce fut un cours marquant qui m'a apporté une vision globale des grandes problématiques environnementales sur Terre." − Jean-Pierre Desjardins.
À la fin de la maîtrise, j’ai eu l’opportunité de devenir chargé de cours à l’UQAM pour enseigner les cours de la concentration énergie du certificat en sciences de l’environnement. Ces cours portent sur la maison saine et les énergies renouvelables. Au début des années 2000, un employé d’un distributeur d’énergie renouvelable a créé l’École des énergies alternatives du Québec où j’ai développé et donné des formations sur l’énergie solaire photovoltaïque et éolienne domestique. L’École ayant fermé en 2010, nous donnons ces formations pour Écohabitation depuis.
JP − Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux énergies renouvelables?
J-PD − Mes études universitaires ont porté sur les énergies renouvelables liées au secteur résidentiel. Il me semble que tous devraient être conscients de leur consommation d’énergie et penser à la possibilité de devenir producteur d’énergie et non simple consommateur d’énergie. Tous connaissent le coût de leur facture d’Hydro-Québec, mais malheureusement plusieurs ne connaissent pas, et souvent ne s’intéressent pas à la valeur de leur consommation d’énergie en kWh.
En devenant producteur d’énergie, on devient normalement plus conscient de sa consommation.
JP − Quelle est la situation des énergies renouvelables en 2017 au Québec?
J-PD − C’est une situation très particulière. Le monde carbure aux ressources fossiles à environ 80%. L’Europe a un objectif de produire 20% de son énergie à partir des énergies renouvelables en 2020. Au Québec, nous sommes à environ 40% de notre consommation qui est en énergie renouvelable à cause de notre hydroélectricité. Au cours des dernières décennies, des parcs éoliens se sont développés sur le territoire québécois. Cela constitue toutefois de la production centralisée. Les autres ressources énergétiques renouvelables, dont le solaire, sont marginales et on discute très peu de la production individuelle.
JP − Comment produire de l’électricité solaire photovoltaïque?
J-PD − Il existe deux types de systèmes solaires photovoltaïques (PV) pour les particuliers :
- Les systèmes autonomes
- Les systèmes en production distribuée
Dans un système autonome, la production d’électricité est destinée à notre propre consommation et donc pas besoin d’être branché sur le réseau (Hydro-Québec). (...)
La production distribuée implique un système moins complexe qu’un système autonome (...); il s’agit donc de produire de l’électricité qui est ensuite envoyée sur le réseau. Nous consommons donc de l’électricité du réseau. L’avantage est son coût moindre, comparativement à un système autonome, parce que moins complexe. Mais en contrepartie, si le réseau est en panne, le particulier est aussi en panne. À moins d’avoir un système «UPS», qui comprend des accumulateurs et un régulateur de charge pour alimenter les charges critiques (par exemple un réfrigérateur, quelques ampoules, un ordinateur) en cas de panne. Dans ce cas précis, on parle alors d’un système mixte pour la production distribuée et l’autonomie.
JP − Quels sont les avantages de munir sa maison de systèmes solaires photovoltaïques?
J-PD − Les systèmes solaires photovoltaïques dans le monde sont principalement en production distribuée. Tandis qu’au Québec, ce sont plutôt des systèmes autonomes. Seul cas de rentabilité économique au Québec, sont les systèmes autonomes loin des lignes de distribution d’Hydro-Québec. Dans les deux cas (autonomie ou production distribuée), cela permet de se responsabiliser en matière de consommation d’énergie. De plus, cela permet de diminuer notre empreinte écologique, c’est-à-dire de se conscientiser aussi à la protection de l’environnement.
JP − Est-il difficile d’opérer ces systèmes?
J-PD − Un système autonome implique un mode de vie différent par rapport à une personne branchée sur le réseau. Il faut en être conscient, sinon de mauvaises surprises peuvent vous attendre! Dans un système autonome, on doit faire son entretien, particulièrement les accumulateurs, responsables d’environ 90% des problèmes d’un système autonome.
Dans le cas d’un système en production distribuée, sans système «UPS», l’opération est beaucoup plus simple.
JP − Croyez-vous qu’il est présentement financièrement intéressant de produire sa propre électricité solaire photovoltaïque?
J-PD − Tel que mentionné plus haut, seuls les systèmes autonomes loin des lignes de distribution d’Hydro-Québec peuvent être rentables au Québec. Depuis que nous pouvons faire de la production distribuée au Québec, soit depuis 2006, environ seulement une centaine de systèmes sont installés à ce jour. La raison principale est le faible coût de notre électricité, parmi les plus bas coûts au monde. Les évaluations actuelles indiquent que les systèmes en production distribuée pourraient être rentables au Québec entre 2020 et 2024.
JP − Quelle est selon vous l’énergie de demain?
J-PD − L’ère des ressources fossiles sera un bref moment sur l’échelle temporelle de l’humanité. Cela peut sembler difficile à envisager puisque nous sommes en plein dans cette période des ressources fossiles qui a débutée vers 1850. Avant, il y avait l’énergie solaire de façon directe ou indirecte. Après l’ère des ressources fossiles, nous reviendrons au solaire toujours de façon directe ou indirecte. Voilà une réponse simple. Cela dit, il y aura dans le futur une diversification des ressources utilisées, mais en provenance du solaire de façon directe (solaire passif, solaire thermique, solaire photovoltaïque) ou indirecte (éolien, énergie de la mer, biomasse). L'avenir c'est aussi la gestion intelligente de l’énergie qui implique les économies d’énergie, l'adoption de bonnes habitudes de consommation (qui peut impliquer la domotique et les services de contrôle de la consommation depuis son cellulaire).
JP − Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important à transmettre aux participants de vos formations au sujet de l’énergie solaire photovoltaïque?
J-PD − L’énergie solaire est la ressource du futur (qui était celle du passé aussi). L’autoproduction d’électricité permet de se conscientiser par rapport à notre consommation d’énergie et à la protection de l’environnement. Cela dit, elle implique un mode de vie pour les systèmes autonomes puisque nous fonctionnons avec l’environnement; moins de production l’hiver lorsque nous avons besoin de plus d’énergie! Quant aux systèmes en production distribuée, cela représente un nouveau paradigme au Québec par la production décentralisée d’énergie et qui permet de remettre en cause les futurs projets de construction de production centralisée.
JP − En terminant, qu’est-ce qui attend les participants à la formation Autoproduction d’électricité solaire dans le cadre de Ma maison neuve écologique: le parcours?
J-PD − Nous verrons ce qu’un système autonome et un système en production distribuée implique en termes techniques, économiques et de mode de vie. À l’aide de soumissions, nous pourrons comprendre les équipements impliqués, ainsi que l’aspect économique évidemment. Ce sera alors à eux de voir si les participants sont prêts pour un système solaire photovoltaïque maintenant ou dans un avenir rapproché. Le but n’est donc pas de vendre des équipements solaires PV, mais plutôt de voir ce que cela implique sur tous les plans.
Vous avez un projet de maison neuve, dans lequel vous voulez intégrer des panneaux solaires? Vous voulez peut-être même viser la production d’énergie solaire et le concept net zéro?La formation d'Écohabitation, sous forme de parcours, est faite pour vous guider dans cette aventure!
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