Depuis quelques années, on observe un véritable engouement mondial, ainsi qu’au Québec, pour l’autoproduction d’énergie solaire. En effet, les panneaux solaires photovoltaïques (pv) ont la cote et l’industrie se développe à une vitesse fulgurante! Bien que le développement soit un peu plus lent au Québec qu’ailleurs dans le monde, principalement à cause des prix relativement bas de notre hydro-électricité, la tendance gagne irrémédiablement la belle province. 

La technologie solaire maintenant plus abordable

C’est que les prix ont drastiquement chutés. Comment? À cause de la multiplication des sources d’énergies renouvelables, une gestion optimisée (informatisée) de la demande et du développement de la technologie, principalement des panneaux photovoltaïques et des batteries.

Dans plusieurs pays, les panneaux solaires sont dorénavant abordables. Par exemple, en Hollande, il est possible de se procurer 10 panneaux solaires pour 4000 euros selon Normand Mousseau, professeur de physique à l'Université de Montréal et directeur académique de l'Institut de l'énergie Trottier.
 

Les prix chutent aussi chez nos voisins du sud. Plusieurs compagnies, tel que SolarCity, offrent l’équipement gratuitement en échange de la location de votre toit et l’achat de l’énergie solaire produite pour une période donnée. Acquérir un terrain pour construire un parc solaire est beaucoup plus dispendieux pour les entreprises qu’utiliser l’espace déjà disponible sur des millions de toits partout aux États-Unis ou ailleurs dans le monde! Tout en restant connectés au réseau principal, les bâtiments deviennent ainsi semi-autonomes en énergie. En s’associant à Tesla, une compagnie novatrice de renom, pour le développement de leurs produits, l’offre de SolarCity attire de plus en plus de propriétaires américains.

Les grands du secteur manufacturier se joignent aussi à la course. IKEA Grande-Bretagne propose maintenant à ses clients un système intégré de panneaux solaires avec batteries pour stockage. On peut d’ailleurs lire sur leur site : « IKEA apporte la source d’énergie la plus durable, celle du soleil, chez-vous, à un prix très compétitif » (traduction libre). On peut aussi compter sur IKEA pour offrir un design attrayant, en dissimulant les panneaux ou encore en les intégrants dans des éléments architecturaux. Si ce n’est pas la preuve irréfutable que le solaire se démocratise!

Et pendant ce temps au Québec?

Les compagnies, telles Solarcity, sont présentement absentes au Québec pour des raisons règlementaires, mais plusieurs aimeraient bien s’implanter sur le marché québécois. En effet, lorsque qu’une compagnie produit de l’énergie, celle-ci est soumise au cadre règlementaire de la Régie de l’énergie créant ainsi une barrière. Par contre, M. Mousseau prédit que sous la pression grandissante des consommateurs, ces barrières pourraient tomber.

Et le rôle d’Hydro-Québec dans cette révolution?

Tous les experts sondés sont d’avis qu’Hydro-Québec doit donner un sérieux coup de gouvernail… pour ne pas manquer le bateau. Dans le cadre de son Plan d’action de la politique énergétique 2030, Hydro-Québec proposait la réalisation d’un projet pilote de parc solaire au Québec. Il est aussi fait mention que des tests sont présentement menés sur différentes technologies solaires à panneaux photovoltaïques.

Selon Denis Boyer, coordonnateur en efficacité énergétique chez Écohabitation, la société d’état à tout intérêt à développer un volet solaire. Cette source d’énergie, à laquelle on peut apposer une étiquette verte, peut ainsi être exportée plus chère que l’hydro-électricité, qui elle n’est pas considérée comme tel. « Un parc solaire serait plus prévisible et facile à gérer qu’un réseau décentralisé dans un contexte de mesurage net. Seule l’énergie non-utilisée par l’autoproducteur est retournée dans le réseau». Cependant, la présence de panneaux solaires chez les particuliers leur assurerait une source d’énergie, bien qu’intermittente, en cas de panne du distributeur.

Le souhait d’Écohabitation

Hydro-Québec dit encourager l’autoproduction d’électricité en offrant des crédits sous forme de kilowattheures aux autoproducteurs souscrivant à l'option de mesurage net permettant aux autoproducteurs admissibles d'injecter leurs surplus d'électricité dans le réseau d'Hydro-Québec. Présentement, la règlementation n’autorise pas un autoproducteur à vendre son surplus à Hydro-Québec. Pour en savoir plus.

Ce n’est pas ce que l’on peut appeler une offre très avantageuse… C’est aussi pour cette raison qu’il y a pour le moment peu d’autoproducteurs au Québec. Rentabiliser un investissement en panneaux solaires prend environ 10 à 15 ans, en date d’aujourd’hui. Mais la donne pourrait changer rapidement.

« Avec l’arrivée de nouveaux joueurs dans l’approvisionnement et l’installation de systèmes « clef en mains » et la chute prévisible des prix de l’autoproduction, Hydro-Québec devra se positionner et ses choix stratégiques détermineront dans une grande mesure l’avenir de l’industrie solaire au Québec. » – Denis, Boyer.

Pose de panneaux solaires
@CC, Bernd

Écohabitation se questionne sur la pertinence d’investir nos fonds publics dans le développement d’un parc solaire au lieu d’inciter les citoyens désireux d’investir en offrant un taux avantageux pour les abonnés de mesurage net. « Au lieu d'investir nos fonds dans un grand parc, pourquoi pas nous inciter, les citoyens, à investir nous même en offrant un taux avantageux pour les abonnés de mesurage net (au moins 0,10$/kWh) au lieu du rachat au coût de vente tarif D? », propose Emmanuel Cosgrove. 

 

Source : http://beta.radio-canada.ca/nouvelle/1026415/lenergie-solaire-pourrait-elle-ebranler-le-monopole-dhydro-quebec?campaign_id=A100