Baisser la température du chauffe-eau, une bonne idée?

Il est parfois proposé de réduire la température du chauffe-eau à 49 °C plutôt que 60 °C pour réduire sa consommation d’énergie.  Les normes de santé publique et la RBQ insistent plutôt sur la température de consigne minimale de 60 °C, afin d'éviter la prolifération d'une bactérie, même si les risques sont moins élevés dans les petits réservoirs résidentiels que dans ceux de grande taille, comme on en retrouve dans les grands bâtiments. 

La légionellose, ou maladie du légionnaire

La maladie du légionnaire peut se développer chez une personne qui a inhalé de l’eau contaminée par la bactérie Legionella pneumophila - environ cinq personnes sur 100 développeront la maladie du légionnaire lorsque exposées (PHAC). La bactérie est présente en milieu naturel (lacs, rivières, étangs…), mais en concentrations trop faibles pour être néfaste. Elle devient problématique dans les réservoirs où diverses conditions sont propices à sa croissance, comme des chauffe-eau telle que la température de l’eau est trop basse (et autres conditions dont nous parlerons plus loin).

legionellose dans les chauffe-eau
Legionella pneumophila @ eeid.cornell.edu

Réaction de la légionellose selon différentes températures

70 à 80 °C: désinfection à 100 %
À 66 °C: elle meurt en moins de 2 minutes
À 60 °C: elle meurt entre 5 et 6 heures
Au-dessus de 50 °C: elle survit, mais ne peut se reproduire
35 à 46 °C: zone de croissance idéale
20 à 50 °C: zone de croissance
Moins de 20 °C: elle survit, mais en dormance

Source : Treehugger

Interrompre les chauffe-eau en période de pointe?

Les consommateurs à la recherche d'économies ne sont pas les seuls à s'intéresser à la réduction de la consommation des chauffe-eau. En 2017. Hydro-Québec prévoyait lancer un programme d’interruption des chauffe-eau en période de pointe. En quoi ce programme consistait? En échange d’un rabais, les clients volontaires accepteraient des interruptions temporaires de l’alimentation en électricité de leur chauffe-eau.

Le résultat attendu était d'une grande ampleur: cette interruption aurait réduit considérablement la demande en périodes critiques, jusqu'à limiter, voire éliminer, les achats à coûts très élevés d’électricité à nos voisins pour assurer un approvisionnement ininterrompu aux clients de la société d’État. Selon Hydro-Québec, un débranchement des chauffe-eau d'environ 150 000 utilisateurs Québécois (450 MW) pourrait suffire à réduire la demande à la pointe actuellement problématique (Plan d'approvisionnement 2017-2026 d'Hydro-Québec)

L’INSPQ (Institut national de la santé publique) n’a pas donné son appui à Hydro-Québec. La raison? Les risques de légionellose liés si la température d'un chauffe-eau est trop réduite.

Denis Boyer, ingénieur chez Écohabitation, est convaincu du potentiel de réduction de la demande induite par un programme de débranchement des chauffe-eau résidentiels: « Bien entendu, les pistes de solutions nécessiteront d’être analysées, et nécessiteront quelques investissements, mais nous sommes convaincus de leur potentiel de réduction de mégawatts en périodes de pointe. Le tout, avec une faible période de retour sur l’investissement pour Hydro-Québec! »

Qu'est ce que la période de pointe de consommation hivernale?

La pointe de consommation électrique est la période où la demande est la plus élevée: au Québec, elle coïncide avec les périodes de grands froids et représente en moyenne trois semaines par année. La production d'Hydro-Québec, couplée aux achats effectués auprès des partenaires québécois de production (éolienne, biomasse, etc.) ne suffisent généralement pas à alimenter tous leurs clients lors de ces périodes critiques. 

Comment réduire la consommation d'énergie des chauffe-eau?

Écohabitation a relevé quelques idées pertinentes, autant pour les consommateurs qui désirent réduire le coût de leur facture énergétique que pour la réduction de la pointe de consommation hivernale. Pour Écohabitation, la sensibilisation et l’investissement dans les économies d’énergie sont les solutions les plus porteuses. 

Réduire le débit d’eau

La première solution, et la plus simple, est de se munir de pommeaux de douche à faible débit (6,6 L/min ou moins) permettant de réduire automatiquement la consommation d'eau chaude. Cette mesure occasionne des économies d'énergie pour le client, et de puissance pour Hydro-Québec. Pour une demande globale à la pointe encore plus faible, Hydro-Québec pourrait même fournir ces pommeaux à tous ses clients résidentiels.

Installer un chauffe-eau à trois éléments

Les chauffe-eau à trois éléments permettent de réduire la demande collective d’électricité en période de pointe, sans avoir d’impact sur le confort des utilisateurs. Ces chauffe-eau ne permettent pas d'économies d'énergie totale pour le client, mais constitue certainement un choix plus écologique.

Par contre, en jumelant ce chauffe-eau au tarif Flex D d'Hydro -Québec, vous pouvez faire des économies en consommant de l'électricté pour le chauffage de l'eau en dehors des périodes de pointe, donc au moment où l'électricité est moins chère.

Instrumenter les réservoirs

Si la température des chauffe-eau était abaissée pour réduire la consommation d'énergie, une sonde de température à la sortie permettrait de les brancher et débrancher automatiquement avant que la température critique de prolifération ne soit atteinte.

reduire débit eau pour économiser
© nilza.net, adapté par Écohabitation

Installer des chauffe-eau thermodynamiques

Les chauffe-eau pompe à chaleur permettent d'économiser de l'énergie, mais ils ne constituent pas un élément rentable pour le client à l'heure actuelle à cause de leur coût d'achat élevé. Ils pourraient être très avantageux pour Hydro-Québec.

Sources

  • Plan d'approvisionnement 2017-2018 - réseau intégré, Hydro-Québec, novembre 2011 (page 21)
  • Feuillet Traitement de l’eau aux rayons ultraviolets (UV), série Votre maison, Société canadienne d’hypothèques et de logement, 2003 - révision 2007
  • Legionella and the prevention of legionellosis. ONE, Canberra. Jamie Bartram, Yves Chartier, John V Lee, Kathy Pond and Susanne Surman-Lee, World Health Organization 2007